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V

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«Blidah, 184…

» Ta lettre, ma bien-aimée Pauline, m’a ravi. Tu languis après mon retour; tu souffres de ma longue absence.–Les témoignages toujours nouveaux de ton affection sont ma seule consolation, mon unique joie dans mon exil.

» Que te dirai-je donc, moi, condamné à cette vie d’abnégation dans un pays où, tous les jours, je m’expose à laisser mes os. J’ai demandé, ainsi que tu m’en as exprimé le désir, un congé. J’espère l’obtenir d’ici un mois et avoir le bonheur de te revoir dans six semaines. Six éternités! Mais aussi, quelle félicité de te retrouver, toi, ma femme adorée, ma belle Pauline. Notre petit Louis rêve-t-il toujours sabre et trompette? Je t’avouerai que, pour ma part, j’ai perdu bien des illusions depuis mon arrivée en Algérie. La vie militaire m’apparaît aujourd’hui dénuée du charme dont elle nous semblait parée, lorsqu’à l’Ecole de Saint-Cyr nous rêvions bivouac et bataille. Il est vrai qu’alors je n’avais pas une adorable petite femme à quitter, à sacrifier mon cœur d’époux pour le service de la patrie.

» Je donnerai donc, plus que probablement, ma démission pendant mon congé. J’ai attrapé une assez méchante fièvre. Elle me servira de prétexte pour ne plus te quitter. Au revoir, mon ange chéri. Je pense à toi nuit et jour, à toute heure de ma vie,

» Je n’ai qu’un désir, te voir, qu’une prière, que le ciel me conserve ton amour.

» C’est le bien suprême de ton toujours affectionné mari,

» ANDRÉ DE VERTVAL.»

Un mois après l’arrivée de cette lettre, André était de retour à Rouen, près de Pauline. C’est donc deux mois seulement après le bal de l’Opéra, qu’elle revit son mari!

Le jeune couple habitait un grand et bel appartement au rez-de-chaussée d’une maison de la rue Jeanne-d’Arc.

M. de Vertval avait retrouvé sa femme embellie, mais triste, nerveuse, ayant des inégalités d’humeur aussi inexplicables que nouvelles. Il ne pouvait douter de son amour, et pourtant, elle se joignait à son père pour le décider à ne point donner sa démission, lui promettant de l’accompagner en Algérie.

Il demanda donc et obtint une prolongation de congé; mais il dut renoncer au bonheur d’emmener sa femme, car six semaines après son retour, elle lui révéla le doux espoir d’une nouvelle maternité.

Il lui fallut retourner seul et bien attristé à Blidah, d’où son régiment ne devait être rappelé à Rouen qu’un an après.

Mademoiselle Figaro : indiscrétions d'une Parisienne

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