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A PÉROUSE.

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On écrit de Rome à l’Univers;

Vous avez déjà dit que Mgr Pecci jouissait à Pérouse d’une haute considération, et qu’il était également vénéré du clergé et des fidèles. Ce qu’il convient d’ajouter, c’est que, grâce à sa rare intelligence et à sa féconde impulsion, les études ecclésiastiques furent dès lors poussées dans son diocèse avec une activité sans égale. Son frère, modeste et savant disciple de saint Thomas, qui a figuré dans les commissions préparatoires au concile du Vatican comme un des théologiens consulteurs du Saint-Père, a enseigné durant dix ans la philosophie de l’Ange de l’École aux clercs du séminaire de Pérouse, et a préparé ainsi les voies d’une Académie de Saint-Thomas, dont S. Ém. le cardinal Pecci était l’intelligent et actif président, et dont fait partie l’élite du jeune clergé. J’ai pu assister à une de ces séances, où les questions sont traitées et débattues à la lumière des principes du Docteur angélique.

Il faut avoir vu de près le cardinal Pecci vivant au milieu des clercs de son séminaire, pour se faire une idée de sa grande bienveillance et de son grand esprit de foi. Je l’ai vu un soir présider paternellement une sorte de répétition des cérémonies, que ses plus jeunes séminaristes accomplissaient avec une exactitude à laquelle l’évêque de Pérouse attachait un grand prix.

Homme de doctrine et d’action, le cardinal Pecci s’est partout montré ferme et calme, digne et bienveillant. Il a adressé à son peuple plusieurs lettres pastorales qui témoignent de sa science, de son courage et de sa piété. Vous avez déjà publié le texte de son adresse à Pie IX au moment de l’invasion piémontaise. On cite encore de lui deux lettres très-belles et très-fermes à Victor-Emmanuel: dans la première, il protestait énergiquement contre l’introduction du mariage civil imposé aux populations de l’Ombrie par un décret de Pepoli; dans la seconde, il réclamait contre l’expulsion des camaldulcs du mont Corona et des autres corporations religieuses. Ces lettres firent grande sensation.

Ce dont on se souvenait moins et ce que vient de rappeler très à propos la Voce della Verità, c’est que l’archevêque-évêque de Pérouse eut à subir en 1862 un procès «pour excitation au mépris et au mécontentement contre les lois civiles du royaume d’Italie». Voici à quelle occasion: il y avait en ce temps-là dans le diocèse de Pérouse trois malheureux prêtres qui furent accusés publiquement par les révolutionnaires de n’avoir pas voulu signer la fameuse adresse de Passaglia, dans laquelle ce misérable conseillait au Pape de se démettre volontairement du pouvoir temporel. Les trois prêtres répondirent que, s’ils n’avaient pas signé cette adresse, c’est qu’ils en avaient signé une autre, plus sacrilége encore, et ils ajoutaient qu’ils la tenaient à la disposition de quiconque se sentirait inspiré d’y adhérer.

Instruit du scandale, le cardinal Pecci écrivit aux trois malheureux prêtres, les exhortant à rentrer en eux-mêmes, afin de se mettre en règle avec l’Église. En attendant, il leur interdisait d’exercer le ministère sacerdotal tant qu’ils n’auraient pas rempli leur devoir. Les coupables, bien loin de se rendre, eurent l’infamie de transmettre au fisc la lettre du cardinal, contre qui l’on dressa immédiatement un acte d’accusation pour les raisons susdites. Toutefois, et en examinant de près la cause, le juge instructeur déclara qu’il n’y avait lieu à procès. Le fisc ayant appelé de cette décision, la cause fut portée devant la cour d’appel de Pérouse, qui ne put qu’absoudre le cardinal.

Le Pape Léon XIII : sa vie, son élection, son couronnement

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