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L’ÉLECTION.

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Le premier vote se fit le mardi matin, mais ce premier vote n’amena pas de résultat.

Au second scrutin et après les conférences que les cardinaux ont pu avoir entre eux sur tous ceux que le premier vote a signalés à leur attention, les voix se groupent sur un plus petit nombre de sujets. Ce second vote eut lieu le mardi soir. Soixante cardinaux y prenant part, trente-cinq voix se réunirent sur le cardinal Pecci; la majorité nécessaire étant des deux tiers, il ne manquait que cinq voix pour que l’élection fût finie.

Mercredi était le jour marqué dans les desseins de Dieu pour donner à l’Église son Pontife. Dès le matin se fit pour la troisième et dernière fois ce vote si solennel et si majestueux que nous allons décrire.

Dans cette chapelle Sixtine où l’art humain a produit ses plus étonnants chefs-d’œuvre, les soixante cardinaux, vêtus du rochet et de la mosette, la barrette rouge sur la tête, sont assis sur les soixante trônes qui leur sont préparés et écrivent chacun leur bulletin. Le silence le plus profond règne dans l’assemblée. Lorsque les bulletins sont écrits et scellés, on tire au sort les trois scrutateurs, qui vont prendre place au pied de l’autel, deux à droite et un à gauche. On tire également au sort les trois infirmiers chargés d’aller recueillir le vote du cardinal Amat, malade.

Bientôt chaque cardinal quitte son trône, et tous vont se ranger au milieu de la nef; puis, un à un et processionnellement, ils se dirigent vers l’autel, sur lequel est placée, à côté d’un large calice, une formule de serment en gros caractères. Arrivé au pied de l’autel, chaque cardinal se place entre les scrutateurs et en face du calice. Là, tenant son bulletin, il prononce à haute voix ce serment solennel:

«Je jure, devant Dieu qui doit me juger, que j’ai nommé dans mon bulletin celui que, dans mon âme et conscience, je crois être le plus digne de la tiare. Je jure aussi de choisir de même au scrutin d’accession. »

Cela dit, il dépose son vote sur la patène, saisit ensuite la patène, et glisse le bulletin dans la coupe du calice. Il s’incline alors et revient à sa place. Cette cérémonie terminée, les trois scrutateurs prennent le calice et le portent sur la grande table située au milieu de la chapelle, auprès de laquelle ils prennent place. Puis commence l’appel nominal et le dépouillement du scrutin. Les scrutateurs, qui étaient les Émes NN. SS. Régnier, Franzelin et Mikalowitz, comptèrent jusqu’à quarante-quatre suffrages en faveur du cardinal Pecci: c’était plus qu’il n’en fallait pour la majorité légale. Tous les cardinaux se levèrent alors pour accéder à l’élection, c’est-à-dire pour confirmer leur suffrage à l’élu ou pour le lui donner, de sorte que l’élection se fit avec l’assentiment de tous.

C’est sans doute cette unanime accession que les agences télégraphiques ont faussement et peut-être intentionnellement appelée élection par adoration.

Les trois chefs d’ordre du Sacré Collége se présentèrent alors devant le siége de l’élu, auquel le cardinal doyen adressa l’interrogation suivante: Acceptas-ne electionem in Summum Pontificem?

L’élu répondit aussitôt qu’il ne se croyait pas digne d’une si haute charge, mais que, tous étant d’accord, il se soumettait à la volonté de Dieu.

Alors le cardinal doyen adressa au Pontife cette autre demande: Quel nom voulez-vous prendre?

Le Saint-Père répondit qu’il voulait s’appeler Léon XIII, en mémoire de Léon XII, pour lequel il avait toujours eu la plus grande vénération.

En conséquence, Mgr Martinucci, en sa qualité de protonotaire apostolique, dressa l’acte d’acceptation du pontificat suprême. Puis, les trois chefs d’ordre s’étant retirés, Mgr Martinucci appela deux cardinaux-diacres, qui conduisirent le nouvel élu à la sacristie, où il fut revêtu des habits du Pape, c’est-à-dire de la soutane et des bas blancs, des souliers rouges avec la croix, du rochet, de la mosette, de l’étole et de la calotte blanche. Le Pape paraissait profondément ému.

Rentrant dans la chapelle, le Souverain Pontife donna sur son chemin la bénédiction papale à tous les cardinaux, et, s’étant assis sur la sedia gestatoria, déjà placée sur l’estrade de l’autel, il reçut la première adoration des cardinaux, qui lui baisèrent la main et furent admis à l’accolade.

Ensuite le cardinal Schwarzenberg, nomme par Sa Sainteté procamerlingue, lui mit au doigt l’anneau du Pêcheur, et tous les autres conclavistes furent admis au baisement du pied.

Sa Sainteté, ayant donné de nouveau sa bénédiction au Sacré Collège, quitta la chapelle Sixtine pour rentrer dans sa cellule, où il devait rester jusqu’à la grande bénédiction.

La succession de Pie IX, la succession de saint Pierre, le Vicariat de Jésus-Christ était échu au plus digne. Le cardinal Pecci était dès lors Léon XIII. Investi par Dieu du souverain pontificat, devenu le chef suprême de la hiérarchie sacrée, maître infaillible de la vérité, le nouveau Pape était devenu à l’instant, par le choix de ses collègues, par l’assentiment qu’il y avait donné et par l’ordre divin, le représentant de Dieu sur la terre; et, chose admirable, c’étaient ceux-là mêmes qui l’avaient élu et dont un instant auparavant il n’était que le collègue, qui donnaient à tout le peuple chrétien l’exemple du respect et de la soumission qui désormais doivent lui être rendus par tout catholique digne de ce nom.

Le Pape Léon XIII : sa vie, son élection, son couronnement

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