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III : L’AMITIÉ ET L’AMOUR !

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Bien que la propriété de Marcof fût gardée par les plus fidèles marins du Jean-Bart qui, nuit et jour, exerçaient autour d’elle une surveillance extrêmement rigoureuse, Surcouf, pendant la convalescence de son ami, n’avait guère quitté le Chêne-Vert.

C’est à peine si, de temps en temps, il faisait au domicile paternel une brève apparition, au cours de laquelle il se montrait de plus en plus nerveux, préoccupé, irritable…

Pendant les rares repas qu’il prenait en famille, lui qui, le jour de son arrivée, ne respirait que la joie de vivre, était en proie à une étrange mélancolie… Lointain, pensif… comme hanté par une idée fixe, il avait d’inquiétants silences dont il ne s’évadait qu’avec peine.

Alors, son regard s’arrêtait, tantôt sur sa vieille grand-mère, tantôt sur la jolie Marie-Catherine avec un subit attendrissement… Puis il se levait, gagnait la terrasse, demeurait quelques instants en contemplation devant la mer et s’en allait brusquement, après avoir lancé aux siens, consternés, un laconique au revoir.

La bonne-maman Surcouf se désolait :

— Je crois que Robert s’ennuie avec nous.

M. Surcouf cherchait à la rassurer :

— Laissons-lui le temps de s’habituer à cette vie nouvelle !

— Crois-moi, objectait l’excellente femme. Il regrette déjà cette existence de combats, d’aventures, de dangers ! Robert n’est pas fait pour la vie paisible qui l’attend ici… Je suis sûre qu’il pense déjà à reprendre la mer… La preuve, c’est qu’il n’a pas congédié son équipage.

— Robert, répliquait M. Surcouf, est trop généreux pour ne pas garder ses compagnons tant qu’ils n’auront pas trouvé d’engagement.

— Oui, je le sais… Malgré tout, je ne suis pas tranquille ; j’ai la conviction que Robert traverse en ce moment une crise morale dans laquelle se jouent son avenir et peut-être sa destinée ; et que, par crainte de nous chagriner, il n’ose pas s’en ouvrir à nous. Ah ! je le crains bien, mon fils, je n’ai pas fini de pleurer.

— Prenez garde ! Le voici… intervenait Marie-Catherine qui, assise près d’une table, brodait de la dentelle.

Surcouf, l’air sombre, venait d’apparaître.

Visiblement distrait, loin de tous, il s’en fut effleurer d’un rapide baiser le front de son aïeule, adressa à l’orpheline un bonjour presque indifférent, et sera à peine la main que lui tendait son père. Puis, s’installant sur un siège il se plongea dans de profondes réflexions.

M. Surcouf, après avoir dirigé son regard vers sa mère, dont les bons yeux étaient pleins de larmes, et sur Marie-Catherine qui, douloureuse elle aussi, affectait de s’absorber dans sa besogne, s’en fut vers son fils et, tout en lui posant affectueusement la main sur l’épaule, il attaqua :

— Ah çà ! Mon garçon, je ne te reconnais plus… Qu’est-ce que tu as donc ?

Robert tressaillit légèrement, puis répliqua d’un ton sous lequel perçaient de l’agacement, de la mauvaise humeur :

— Je n’ai rien !

— Pourquoi fais-tu une tête pareille ? La grand-maman nous disait tout à l’heure qu’elle avait peur que tu ne t’ennuies chez nous.

Le corsaire eut un léger haussement d’épaules.

Et, se levant, il s’en fut vers une fenêtre à travers laquelle on apercevait la mer qu’il se mit à contempler avec une singulière insistance.

Son père le suivit et lui demanda :

— Songerais-tu à repartir déjà ?

— Non, répliquait catégoriquement Robert.

La grand-mère eut un cri de joie. Marie-Catherine se baissa encore un peu plus sur son ouvrage.

M. Surcouf eut un hochement de tête qui n’allait point sans un certain scepticisme.

Pourtant il connaissait la loyauté de son fils. Il savait que celui-ci était incapable d’une inexactitude et à plus forte raison d’un mensonge.

Alors que se passait-il donc en lui, pour qu’après l’allégresse du retour et les démonstrations de tendresse que Robert leur avait prodiguées, il se montrât si rapidement changé, si étrangement morose ?

Un grand silence pesa lourdement dans cette pièce qui, quelques jours auparavant, retentissait de baisers sonores et de francs éclats de rire ?

Le père Surcouf se mit à bourrer la pipe que lui avait donnée son fils, puis il lança avec bonhomie :

— Et ton ami Marcof, est-ce qu’il se remet de sa blessure ?

— Tiens… vous avez appris ?… fit le corsaire en se retournant brusquement.

— Toute la ville de Saint-Malo ne parle que de son aventure.

— Ah ! vraiment !… Et que raconte-t-elle donc, cette bonne ville de Saint-Malo ?

— Que Marcof aurait été attaqué, la nuit, dans sa propriété des bords de la Rance, et qu’il aurait failli être assassiné par des individus qui ont disparu du pays sans qu’il fut possible de retrouver leur trace.

— C’est vrai ! reconnaissait Robert.

— On prétend même, poursuivait M. Surcouf, que ces bandits mystérieux étaient venus pour enlever la femme de Marcof.

— C’est encore vrai !

— Et que c’est toi qui les aurais mis en fuite !

— C’est toujours vrai !

— Pourquoi ne nous as-tu pas raconté tout cela ?

— Parce que Marcof voulait que l’on fît le silence sur cette affaire.

— Est-ce donc cela qui te préoccupe ainsi ?

— Peut-être !

— Sans doute, émettait M. Surcouf, Marcof redoute-t-il de nouvelles attaques de la part de ses ennemis ?

— Oh ! maintenant, affirmait le corsaire dont l’œil s’embrasa d’une grande flamme… ils peuvent venir, ils seront bien reçus… Je crois d’ailleurs qu’ils ne s’y frotteront pas.

— Marcof a-t-il des soupçons ? poursuivait M. Surcouf.

— A quel sujet ?… coupait Robert d’un ton bref.

— Mais sur ceux qui ont voulu enlever sa compagne.

— Il a mieux que des soupçons… des certitudes.

— Ce sont des étrangers ?

— Ce n’est pas mon secret.

— Et cette femme ? interrogeait à son tour la grand-maman. Tu l’as vue ?

— Je l’ai vue.

— Elle est belle ?

— Très belle ! affirmait le corsaire avec un frémissement dans la voix… et c’est aussi un noble cœur.

— Alors, observait Mme Surcouf, pourquoi Marcof ne la fait-il pas connaître à ses amis ?… Pourquoi la cache-t-il ainsi aux yeux de tous, puisqu’il n’a pas à rougir d’elle ?

Presque avec colère cette fois, Robert ripostait :

— Laisse donc Marcof tranquille… Ses actes ne regardent que lui seul… Et c’est lui qui a raison !

Sans rien ajouter, il quitta les siens, les laissant plus consternés encore.

M. Surcouf se mit à tirer de sa pipe de larges bouffées. Sa mère s’essuya les yeux… et Marie-Catherine, se levant, se dirigea vers un escalier qui conduisait au premier étage.

— Où vas-tu ? demandait Mme Surcouf.

— Ranger mon ouvrage, répondit la jeune fille… d’une voix qu’elle s’efforçait de rendre naturelle.

Elle se hâta vers les marches qu’elle franchit rapidement, puis pénétra dans une jolie chambre claire, tapissée de toile de Jouy bleue, meublée simplement, mais avec goût ; et, après avoir jeté sa dentelle sur une petite table, elle se laissa tomber sur une chaise… donnant libre cours aux sanglots qui l’étouffaient.

En effet, si l’attitude de Robert causait à ses parents de vives inquiétudes, plus cruelles encore étaient les angoisses de Marie-Catherine… Déjà, avant que Surcouf eût reparu avec l’auréole du triomphe, la jolie Bretonne, sans qu’elle s’en doutât, aimait, ou plutôt adorait son cousin, comme en un rêve de prière et d’extase.

Cette tendresse, tout d’abord instinctive, faite de ces souvenirs d’enfance qui savent si bien embaumer les cœurs sensibles d’un impérissable parfum, en s’augmentant de la fierté qu’elle éprouvait d’être la parente, la sœur d’adoption du fameux corsaire dont la renommée glorieuse avait précédé le retour, s’était transformée, aussitôt qu’elle l’avait revu si beau, si chevaleresque, en un de ces amours dont l’angélique pureté peut seule égaler la sublime tyrannie.

Dans la perpétuelle communion de son âme avec celle de son héros, par cette infaillible divination qui n’appartient qu’à ceux dont un seul être est devenu l’unique raison de vivre, elle seule avait deviné pourquoi Robert était triste et semblait malheureux.

Pour elle, aucun doute n’était possible : l’étrangère avait ensorcelé Robert comme elle avait ensorcelé Marcof !

Marie-Catherine ne se trompait pas. Surcouf aimait Madiana, lui aussi, à en mourir !

Ce n’était pas une de ces passions subites, un de ces incendies spontanés dont sa loyauté sans limites n’eût point manqué d’éteindre les premières flammes, qui s’était emparée de Robert.

Non… cet amour coupable, puisqu’il était une invitation à trahir une amitié sacrée entre toutes, s’était infiltré en lui lentement, mais irrésistiblement, au cours de ses quotidiennes visites au Chêne-Vert, se confondant d’abord avec l’admiration charmée que lui inspirait la belle Hindoue et augmentant chaque jour davantage son emprise sur son âme, sur ses sens et surtout sur son cœur…

Quand il s’était enfin rendu compte que toutes ses pensées étaient souverainement dominées par la même image, qu’il ne s’appartenait plus et que tous ses efforts pour se dégager de cet esclavage délicieux, mais redoutable, s’usaient en une vaine révolte contre lui-même, en une stérile résistance à la fatalité, il avait tenté, dans l’élan de sa si haute conscience, de s’en aller en de nouveaux voyages.

Vite, il renonça à ce projet, non point qu’il fut incapable de passer outre à la douleur d’une séparation éternelle… Mais partir, n’était-ce pas s’enfuir ?… N’était-ce pas surtout s’avouer qu’il était incapable de résister à l’entraînement d’une irréparable félonie ? N’était-ce pas pire qu’une faiblesse… une lâcheté ?

D’ailleurs Madiana ne l’aimait pas… ne pouvait pas l’aimer… Donc, il avait le droit de rester… puisqu’il la savait inattaquable, et qu’il avait la conviction, la certitude que son amitié serait plus forte que son amour.

Il resta ! Fidèle au serment qu’il s’était juré à lui-même, jamais un mot, jamais un regard n’eussent trahi son secret… si un événement inattendu n’était venu le placer en face d’une réalité contre laquelle allait se briser sa volonté d’être le plus fort.

Madiana, elle aussi, s’était sentie attirée vers Surcouf par un immense et irrésistible amour… Elle en avait connu les mêmes phases : d’abord un enthousiasme subit et fervent pour cet homme si beau, si généreux… dont les traits révélaient la noblesse et l’héroïsme… Puis cela avait été une sorte d’envoûtement d’autant plus dangereux qu’il lui semblait plein de délices… Enfin, lorsqu’elle avait compris la nature du sentiment que lui inspirait le corsaire, elle avait cherché, comme lui, à barricader son cœur contre la passion qui le consumait. Et, s’indignant à l’idée d’être infidèle, même par la pensée, à l’homme admirable qu’était son sauveur, elle avait employé, elle aussi, tout le courage que lui donnait sa si haute conception du devoir et de l’honneur puisée à l’école des idées françaises, à garder jalousement enfermé au plus profond d’elle-même son sublime et douloureux mystère.

Et Surcouf n’avait pas plus deviné son secret qu’elle n’avait pénétré le sien.

Mais si capables fussent-ils tous deux de demeurer à la hauteur de leur sacrifice, ils avaient compté sans cette grande force d’amour que rien ne peut détruire ni même enchaîner et qui, malgré eux, en faisant éclater leurs cœurs si obstinément, si volontairement opprimés, allait en une minute tragique et décisive, sans qu’une parole s’échappât de leurs lèvres, rien que par leurs regards, dont ils n’étaient plus maîtres, leur révéler à tous deux la terrible vérité !

Ce fut un soir, au crépuscule, sur la terrasse du Chêne-Vert, que le voile se déchira…

Surcouf venait d’apparaître… Madiana, absorbée dans une profonde méditation, ne l’avait pas entendu venir. Surcouf s’arrêta un instant pour la contempler… Assise sur le petit mur crénelé de la terrasse, jamais elle ne lui avait paru aussi belle… Une brise légère agitait l’écharpe transparente qu’elle avait jetée sur ses épaules. De la Rance montait une brume vaporeuse qui entourait son adorable silhouette d’un nimbe de rêve.

Figé sur place, comme en extase, Surcouf comprimait sa poitrine avec ses mains comme pour étouffer le cri d’amour prêt à en jaillir.

Enfin Madiana l’aperçut… Tressaillant, elle se leva… et s’en fut vers lui… Leurs mains se joignirent… Elles tremblaient… Ce fut alors que leurs yeux se rencontrèrent… Ceux de Surcouf brillaient à la fois de passion et de désespoir… Ceux de Madiana s’embuaient de larmes… Vaincue, elle laissa retomber sa tête sur l’épaule du corsaire… et ils demeurèrent silencieux, mais éperdus… leurs âmes rapprochées dans un même amour qui était toute la douleur ; et leurs bouches frémissaient à l’approche du premier baiser.

Mais tous deux, se ressaisissant à temps, s’éloignaient de quelques pas, et Madiana se cacha la tête entre les mains.

Surcouf, bouleversé, n’osait plus se rapprocher d’elle… Il la contemplait avec une expression à la fois de la plus amoureuse passion et du déchirement le plus indicible.

C’est que ces deux êtres si également nobles et beaux, si naturellement créés pour se comprendre et pour s’aimer, voyaient tout à coup se dresser entre eux l’image de celui qui était pour Madiana le sauveur, et pour Surcouf le grand ami, le frère !

Et la possibilité d’une défaillance, l’idée d’une trahison les révoltaient, tous deux à un tel point qu’on eût dit qu’en cet instant décisif et émouvant entre tous ils ne songeaient qu’à rendre encore plus infranchissable l’obstacle d’honneur qui les séparait.

Mais ce n’était pas sans un terrible déchirement. Et l’un et l’autre, malgré eux, en arrivaient à maudire le devoir qui, elle, la liait à Marcof au nom de la reconnaissance la plus sacrée, et qui lui interdisait, à lui, de songer à cette femme, au nom de la plus haute des amitiés.

Un tel sanglot jaillit du cœur de l’étrangère que Surcouf lui répondit par un cri qui était toute la douleur…

Irrésistiblement, sans le vouloir, ils se retrouvèrent l’un près de l’autre… les mains tendues… comme pour s’en faire un bouclier contre l’élan de leurs âmes en délire, les ardeurs de leur sang enfiévré.

Ils restèrent ainsi un instant… toujours sans proférer un mot… les lèvres frémissantes, les yeux en flammes, les narines palpitantes…

Et ce fut Madiana qui parla la première… Jamais sa voix mélodieuse n’eut de plus troublants, de plus purs accents lorsqu’elle murmura ces paroles qui révélaient toute sa détresse :

— Robert… comme nous sommes malheureux et combien nous allons souffrir !

— Madiana !… Madiana !… répétait Surcouf, qui ne trouvait pas d’autres mots que le nom de la bien-aimée pour lui crier toute l’amertume de son sacrifice.

Lentement, scandant chacune de ses phrases, elle reprenait :

— Pourquoi avez-vous empêché ces bandits de m’emporter ?

— ils voulaient vous tuer ?

— Eh bien ! Aujourd’hui, je serais morte et j’ignorerais le supplice que j’endure, que je vais désormais subir chaque jour… et qui me sera d’autant plus cruel que nous ne pourrons plus jamais nous revoir et que nous devons pousser le renoncement de nous-mêmes jusqu’à nous oublier !

— Nous oublier ! Nous oublier ! Martelait le corsaire, dont le tumulte intérieur se lisait sur son visage tourmenté.

— Il le faut, pourtant, Robert ! Imposait Madiana…

«Je dois la vie à Marcof… Vous lui devez la gloire !

— C’est vrai !

— C’est une double dette que nous devons payer, quand bien même nous devrions en mourir.

« Emportons, chacun de notre côté, notre secret ; enfermons-le au plus profond de notre cœur qui devra être la tombe sur laquelle on ne trace aucune inscription, on n’élève aucune croix, au pied de laquelle on n’a même pas le droit de prier.

« Votre Dieu, qui est aussi le mien, n’a pas voulu que nos destinées fussent unies…

« Inclinons-nous devant sa volonté !

On eût dit que la sublime résignation de celle qui s’immolait augmentait encore le désespoir du corsaire.

— Vous invoquez notre Dieu… fit-il d’une voix sourde… Et vous avez cru, comme moi je le croyais, dans ma foi de Breton et de marin, qu’il était toute bonté et toute justice.

« Alors pourquoi nous a-t-il à la fois permis et défendu de nous aimer ? Pourquoi, après nous avoir fait entrevoir le ciel, nous précipite-t-il ainsi dans l’enfer ?

— Robert, ne blasphémez pas !… Les missionnaires qui m’ont jadis révélé les mystères de la religion catholique m’ont toujours dit qu’il ne fallait pas chercher à comprendre les desseins de la Providence.

«Elevons-nous, au contraire, au-dessus des misères humaines… Efforçons-nous de rendre à nos cœurs comme à nos visages la sérénité qui nous est nécessaire pour épargner à celui que nous respectons au-dessus de tout les affres d’un odieux soupçon.

« Et vous, la force, la vaillance même, donnez-moi l’exemple du courage.

— Âme admirable entre toutes ! s’écriait Surcouf, tu viens de m’indiquer ma route.

Et, d’un geste large, Surcouf indiquait l’horizon au fond duquel chantait la mer.

Mais tous deux se turent…

Un bruit de pas faisait grincer les graviers d’une allée. Et Marcof, encore pâle et convalescent, apparut, s’appuyant sur une canne.

Surcouf, brusquement, se sépara de Madiana et dirigea vers son ami un regard troublé, hésitant…

Sans doute Marcof eut-il l’intuition de la vérité, car ses traits prirent une expression de dureté que, même aux heures les plus terribles, son compagnon ne lui avait jamais connue.

Redressant sa haute taille, un instant courbée sous le poids de la trahison qu’involontairement il avait failli commettre, Surcouf s’avança vers lui. Et, tandis que sa figure reprenait sa sérénité, il scanda d’une voix résolue :

— Pierre… je suis venu te dire adieu !

— Adieu ? répéta sourdement Marcof.

— Oui, je pars. Il le faut !

Madiana avait fermé les yeux… Sans doute pour empêcher de couler ses larmes… Alors, sans dire un mot, Marcof tendit la main à son ami… Et ce fut une sublime étreinte… ils s’étaient compris… Les phrases étaient inutiles… De cette épreuve qui pouvait les jeter l’un contre l’autre en un duel effroyable, leur amitié sortait encore plus pure et plus belle.

— Adieu, Madiana… reprit Surcouf, qui n’avait jamais été plus grand.

La jeune femme eut à peine la force d’esquisser un signe de tête. Puis elle ramena ses voiles sur son visage. Surcouf s’éloigna sans retourner la tête… Marcof le regarda partir et, lentement, Madiana rentra dans la maison… Le sacrifice était consommé !

Surcouf, roi des corsaires, roman d'aventures

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