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VI

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Lucile était remontée, toute tremblante, près de Linette, qui déjà dormait dans sa couchette blanche. Elle passa dans la chambre voisine et s'accouda, soucieuse, à la fenêtre ouverte sur la rue.

Bientôt elle tressaillit. Un pas ferme et sonore ébranlait le pavé. Dans la partie du chemin éclairée par la lune, un jeune homme s'avançait rapidement, le visage levé vers Lucile. Il l'avait aperçue de loin; et elle reconnut vite cette allure franche, cette figure énergique et cordiale, cette fine moustache brune. Un nom lui vint sur les lèvres: André! En même temps, une inspiration lui traversa l'esprit.

«Chut!» fit-elle, un doigt devant les lèvres, au moment où il arrivait sous la fenêtre et se disposait à lui adresser la parole.

Elle ajouta tout bas, penchée sur la barre d'appui:

«Attendez un peu, là, dans l'ombre!»

Elle s'assura que son père et Rouillon causaient encore dans la cour, chercha sur l'étagère, y trouva un bout de papier, un crayon, et hâtivement écrivit ces mots:

«Dans une heure, sans qu'on vous voie, venez au jardin; et attendez-nous près de la rivière, sous les charmilles. Ma mère et moi, nous vous y rejoindrons. C'est très grave.»

Elle plia le papier, souffla la lumière, revint à la fenêtre, puis, personne ne les observant, laissa tomber le petit billet dans la rue et fit signe au jeune homme, dès qu'il l'eut ramassé, de s'éloigner sans retard.

Il était temps. A peine avait-il disparu, qu'elle entendit le bruit des pas et des voix au rez-de-chaussée. Rouillon se décidait à prendre congé.

Elle le regarda s'éloigner à son tour. Quand elle l'eut vu, de loin, rentrer chez lui, elle ralluma son bougeoir et redescendit l'escalier.

A quoi tient l'amour?

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