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XVIII

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L'exécution eut lieu en haut de la côte, parmi les acacias nains d'une sablonnière abandonnée.

Victor Moussemond qui, pendant tout le trajet, n'avait cessé de parler, d'expliquer, d'implorer, eut un accès de colère folle quand il se vit perdu sans recours.

«Imbécile que je suis! hurlait le pauvre Toto. Dire que j'ai payé un homme pour partir à ma place! Et dire que cet homme n'attrapera peut-être pas une égratignure, tandis qu'on va me tuer comme un chien!»

Il se débattit violemment, voulut s'échapper. Il mordit les soldats, qui le frappèrent alors à coups de crosse, à coups de sabre, lui crachèrent à la figure et l'attachèrent contre un arbre en vociférant: Capout! capout!

L'un d'eux, parodiant la Marseillaise, se mit à chanter devant lui:

Qu'un sang impur abreuve vos sillons, Tas de cochons!…

«Ma pauvre mère!» murmurait Prosper Dufriche.

Et Savourny: «Ma pauvre enfant!»

Pénétrés du même sentiment, ils ajoutèrent presque ensemble: «Pauvre

France!»

Ils durent creuser eux-mêmes leur fosse.

Pendant ce temps, l'officier qui commandait le peloton lisait tout haut, en latin, dans un bréviaire qu'il avait tiré de sa poche, les prières des agonisants.

«Croyez-vous en Dieu? dit Prosper à l'instituteur.

—Espérons! fit celui-ci, les yeux levés vers le ciel. Il est impossible que la fin suprême ne soit pas justice et amour.»

Après l'exécution, les soldats tirèrent au sort les vêtements des morts.

Ils avaient amené là quelques bourgeois prisonniers, qu'ils voulaient terrifier par le spectacle de cette tuerie. Ils les forcèrent à enterrer les cadavres et à piétiner par-dessus pour niveler le sol.

A quoi tient l'amour?

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