Читать книгу Dictionnaire d'argot fin-de-siècle - Charles Virmaître - Страница 6

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Oh! je vous connais bien, dalles qui faites place

Aux quatre pieds de l’échafaud.

Dalles de pierres blanches ou ne reste plus trace

Du sang versé par le bourreau.

ABBAYE RUFFIANTE: Four chaud, dans lequel les vêtements des prisonniers sont passés au soufre pour détruire la vermine (Argot des voleurs).

ABÉQUEUSE: Maîtresse d’hôtel ou nourrice: elles donnent la becquée.

Cette expression s’applique depuis peu aux voleuses qui dévalisent les magasins de nouveautés en se servant d’un enfant.

Ce vol nécessite trois personnages: la mère, la nourrice et le momignard.

Tous trois entrent dans un magasin. La mère se fait montrer les étoffes. Elle détourne l’attention du commis par un manège quelconque. Profitant de ce moment, elle fait tomber à terre une pièce d’étoffe. La nourrice se baisse, comme pour y déposer l’enfant un instant, et cache prestement l’objet sous la pelisse du petit. Aussitôt elle le pince fortement. L’enfant crie comme un possédé. Elle fait semblant d’essayer de le calmer, mais elle le pince encore plus fort. Ses cris redoublent. Alors la mère témoigne une impatience très vive.

—Te tairas-tu, lui dit-elle; allez-vous en, nourrice. Nous reviendrons une autre fois.

Leur manière d’opérer se nomme le vol à la nourrice (Argot des voleurs). N.

ABBESSE: Maîtresse d’une maison de tolérance.

Allusion aux filles qui sont cloîtrées connue dans un couvent (Argot du peuple).

ABÉTI: Lourd, pâteux, nonchalant.

Mot à mot: abruti par des pratiques personnelles ou de naissance (Argot du peuple). N.

ABLOQUER: Acheter en tas, en bloc.

Les brocanteurs bloquent un tas de marchandises des plus disparates (Argot des camelots). V. revidage.

ABONNÉ AU GUIGNON: Déveine persistante, qu’aucun effort ne peut conjurer.

On dit aussi: «Il a si peu de chance qu’il se noierait dans un crachat» (Argot du peuple).

ABOULER: Se dit dans le peuple d’un récalcitrant qui ne veut pas payer; abouler la monnaie.

Aboulez donc, mon vieux, faut y passer.

On dit aussi à quelqu’un qui attend: Un peu de patience, il va abouler (Argot du peuple).

ABOYEUR: Nom donné dans les prisons à l’auxiliaire chargé d’appeler les détenus à voix haute pour le greffe ou pour l’instruction.

Ce nom est également donné aux crieurs qui, dans les ventes publiques, aboient la mise à prix des objets à adjuger (Argot des voleurs).

ABREUVOIR: La boutique du marchand de vins où les ouvriers ont l’habitude chaque matin de boire la goutte.

Quand la station a été trop prolongée, que l’homme rentre au logis éméché dans les grandes largeurs, la ménagère lui dit d’un ton rogue: As-tu assez abreuvé ton cochon? (Argot du peuple).

ACCAGNARDIR (s’): Être indolent qui s’amuse à des bagatelles, qui piétine sur place et dormirait, comme dit le proverbe, le cul dans la rivière par dix degrés au-dessous de zéro (Argot du peuple).

ACCIDENTIER: Voleur qui profite des accidents, et sait au besoin les faire naître pour dévaliser ceux qui en sont les victimes.

Le voleur s’empresse autour du blessé, et pendant que lui et un de ses complices le portent chez le pharmacien, ils dévalisent le pauvre diable en route.

Ce genre de vol est nouveau (Argot des voleurs). N.

ACCORDAILLES: Synonyme de fiançailles; il y a toutefois une légère nuance: elles se font généralement sans le secours du maire; les conjoints ne sont pas liés par l’écharpe municipale (Argot du peuple). N.

ACCORDEUR DE FLUTES: Juge de paix (Argot du peuple). V. Bâton.

ACCOUCHER: Avouer, parler.

Quand un prévenu garde un mutisme obstiné, les agents chargés de le «cuisiner» lui disent: Accouche donc, puisque c’est le même prix (Argot des voleurs).

ACCOUPLÉES: Expression qui désigne dans un monde spécial les habituées du Rat Mort, de la Souris ou du Hanneton, deux femmes qui s’aiment avec une ardente passion et en conséquence détestent les hommes (Argot des filles). V. Gougnottes. N.

ACCROCHER SON PALETOT: Voleur qui, chez le juge d’instruction, farde la vérité.

Mot à mot: Mentir (Argot des voleurs). N.

ACCUREUSE: Commode (Argot des voleurs). N.

ACHETER QUELQU’UN: Se moquer, lui faire croire des choses insensées, se payer sa tête.

Mot à mot: prendre un individu pour un imbécile.

Acheter à la course, voler en passant un objet quelconque à un étalage (Argot du peuple).

ACRÉE, ou ACRIER ou ACRÉ: Méfie-toi, prends garde, il y a du pet (danger), voilà la rousse (Argot des voleurs).

ACTEUR: La tournure que portent les femmes pour faire bouffer leur robe.

Cette tournure est ainsi nommée parce qu’elle est au-dessus du trou du souffleur (Argot du peuple). N.

ACTIF: Ne se prend pas, dans le monde où ce mot est employé, dans le sens d’activité.

Il veut dire que l’actif est l’amant du passif (Argot des pédérastes). V. Passif.

AFFALER SON GRELOT: Se taire.

Dans le peuple, on dit d’une femme bavarde, qu’elle, est un moulin à paroles.

Quand elle bavarde trop bruyamment, on lui conseille de mettre du papier dans sa sonnette.

L’image est fort juste, la sonnette ne tinte plus (Argot du peuple). N.

AFFAMÉE (l’): La bouche.

Allusion à la faim ou à la femme hystérique affamée de baisers (Argot des voleurs). N.

AFFE (l’): L’âme.

Son affe se débine.

Mot à mot: il rend l’âme (Argot des voleurs). N.

AFFOURCHÉE SUR SES ANCRES: Fille publique qui renâcle sur le turbin pour faire tortorer son souteneur.

Cette expression ancienne est fréquemment employée, car l’image est frappante.

Affourchée, immobile comme le vaisseau amarré dans le port.

Sur ses ancres, sur ses jambes.

La fille ne trimarde pas (Argot des souteneurs).

AFFRANCHI (être): Ne rien craindre.

On dit dans le peuple d’une fille qui a perdu son capital: elle est affranchie (Argot du peuple).

AFFRANCHIR: Exciter un individu mâle ou femelle au vice ou au vol.

S’affranchir d’une tutelle gênante (Argot des voleurs).

AFFRANCHIR: Châtrer, faire ablation des parties génitales à un animal quelconque.

Le tondeur de chiens est l’affranchisseur des chats, comme le chanoine Fulbert le fut pour Abélard (Argot du peuple).

AFFRANCHISSEUR: Voleur qui pousse un honnête homme pressé par le besoin à voler (Argot des voleurs).

AFFUR ou AFFURE: Profit, bénéfice.

—J’ai mon fade d’affure (part de vol ou d’une opération quelconque) (Argot des voleurs).

AFFURER: Tromper, faire un profit illicite. A. D.

Cette expression signifie: gagner.

L’argent que les croupiers étouffent sur la cagnotte, les sous que l’enfant détourne d’une commission; le conducteur d’omnibus qui oublie de sonner un voyageur, c’est de l’affure (Argot des voleurs).

AFFÛTER: Tromper. A. D.

J’ignore où il a pu entendre que ce mot avait cette signification, il est pourtant depuis longtemps en usage dans le monde des ouvriers.

Affûter un outil, le passer sur la meule pour le rendre tranchant.

Quand, dans les ateliers, on embauche un ouvrier, il attend sa paye du samedi ou de la fin du mois pour être affûté, savoir ce qu’il gagnera (Argot du peuple). N.

AFFUTER DES PINCETTES (s’): Courir, se sauver à grande vitesse (Argot des voleurs).

AGENOUILLÉE: Fille du demi-monde et même du demi-quart qui a des aptitudes spéciales.

L’expression est suffisamment expliquée par la position d’être agenouillée... pas sur les dalles d’une église pour prier le bon Dieu (Argot des filles). N.

AGOBILLES: Outils employés par les malfaiteurs pour voler.

Ce mot est très ancien (Argot des voleurs).

AGUA ou AGOUA: Eau.

Corruption du mot latin aqua (Argot des voleurs).

AGUALURO: Jeter, bannir.

On emploie cette expression pour envoyer promener quelqu’un loin de soi (Argot des voleurs).

AIDE-MARI: L’amant.

Il aide à la besogne conjugale, sans en avoir les désagréments.

On dit aussi l’autre.

Pour les omnibus traînés par trois chevaux, on dit: ménage à trois.

Allusion à ce qu’ils tirent les uns après les autres (Argot du peuple). N.

AIGLE BLANC: Chef de bande du voleurs.

Sans doute parce que l’aigle vole haut (Argot des voleurs). V. Méquard. N.

AIGLON: Apprenti voleur (Argot des voleurs). N.

AIGUILLE: Fausse clé (Argot des voleurs).

AIGUILLEUR: Vol au moyen de fausses clés (Argot des voleurs).

AILERONS ou AILE: Bras.

—Mademoiselle, voulez-vous accepter mon aile.

Couvrir une femme d’une aile protectrice.

—Prends mon aile, s’y te touche, je le crève (Argot du peuple). V. Abatis.

AIMER À CRÉDIT: Être l’amant de cœur d’une femme.

Ne la payer qu’en nature.

De la famille des maquereaux (Argot des filles).

AIMER POUR PEAU DE BALLE: Aimer pour rien.

Perdre son temps et sa jeunesse, amour qui ne rapporte pas (Argot des filles). N.

AIMER AU CHASSE: Aimer à l’œil, faire une queue à son souteneur avec un passant galbeux (Argot des filles). N.

ALARMISTES: Chien de garde.

L’animal donne l’alarme à ses maîtres.

En 1848, les alarmistes étaient des bourgeois qui répandaient chaque jour des mauvaises nouvelles (Argot des voleurs).

ALBACHE: Faux nom, en donner un.

On nomme ainsi le voleur qui donne un faux nom pour dissimuler son identité (Argot des voleurs). N.

ALBOCHE: Allemand.

Autrefois les ouvriers disaient boche, pour qualifier un lourdeau, al a été ajouté pour désigner les Allemands en général (Argot du peuple). N.

ALENTOIR: Aux environs, aux alentours.

Nib de Tronche fait le pet aux alentoirs pendant que les aminches, ratiboisent la cambrousse du garnaffier (Argot des voleurs).

ALIGNER (s’): Les duellistes s’alignent pour se battre.

Quand un travail est très soigné l’ouvrier dit avec fierté: Hein! comme c’est aligné.

Quand il s’agit d’argent. aligner est synonyme d’allonger (Argot des voleurs).

ALFA: Cheveux blonds.

On sait que l’alfa plante textile qui sert à fabriquer la pâte du papier, a absolument l’aspect d’un paquet de filasse.

Allusion de fait et de couleur (Argot des voleurs). N.

ALLEZ VOUS ASSEOIR: Terme employé pour envoyer promener un individu ennuyeux.

Cette expression ancienne a servi à un chansonnier de 1848 pour composer une chanson dont le refrain: Allez vous asseoir est resté célèbre (Argot du peuple).

ALLEZ À DACHE: Mot à mot allez vous faire voir. Vous m’ennuyez (Argot du peuple).

ALLER À DAME: Être assommé à coups de poings et tomber comme une masse sur le pavé (Argot du peuple). V. Fluxion de pavé.

ALLER À NIORT: Nier.

Recommandation qu’ont soin de faire les voleurs à leurs complices quand ils vont à l’instruction.

Ils se souviennent du mot du boucher Avinain qui, la tête sous le couteau, cria: N’avouez jamais (Argot des voleurs).

ALLER AU RAPPORT SANS ARME: Moucharder ses camarades.

Expression employée dans les ateliers pour indiquer que l’un des leurs va chaque jour au rapport, chez le patron pour lui raconter ce qui se passe et même ce qui ne se passe pas (Argot du peuple).

ALLER AU REFIL: Dénoncer un complice (Argot des voleurs). V. Mouton. N.

ALLER OÙ LE ROI VA À PIED: Satisfaire un besoin dans le silence d’un cabinet qui n’a rien de ministériel. L’allusion est juste; malgré sa grandeur, le roi ne pourrait y aller en voiture (Argot du peuple).

ALLER VOIR DÉFILER LES DRAGONS: Ne pas manger.

Être de la revue signifie la même chose (Argot du peuple).

ALLEZ VOIR LÀ-BAS SI J’Y SUIS: Ce qui veut dire nettement à une personne: Foutez-moi le camp (Argot du peuple).

ALLIANCES: Poucettes.

Les gendarmes mettent les poucettes aux prisonniers pour les conduire de brigade en brigade. (Argot des voleurs) V. Cabriolet.

ALLUMAGE (professeur d’): Grec qui apprend à ses élèves le moyen à employer pour allumer les joueurs naïfs.

Il y avait anciennement au boulevard du Temple, un café où se rencontraient les grecs; il était connu sous le nom de café d’allumage (Argot des grecs). V. Suiffart.

ALLUMER: Faire de l’œil à un passant.

Chauffer une salle de théâtre ou une réunion publique pour faire éclater l’enthousiasme et assurer le succès.

Frapper ses animaux à coups de fouet pour les exciter.

Compères chargés dans les salles de ventes d’allumer les acheteurs (Argot du peuple).

ALLUMER LA QUITOURNE: Fille qui fait la fenêtre, qui raccroche en chambre.

À la tombée de la nuit elle allume sa lampe. Comme elle la tourne de façons différentes pour signaler aux passants qu’elle est libre ou occupée, de là, la quitourne (Argot des filles.)

ALLUMER SON PÉTROLE: Rendre quelqu’un amoureux.

Mot à mot l’enflammer.

—Le grand t’a donc plaquée?

—Comme un pet.

—T’a pas su y enflammer le pétrole (Argot des filles).

ALLUMEUR: Agent provocateur chargé d’organiser un complot politique quand le gouvernement a besoin d’effrayer la population pour faire voter une loi réactionnaire.

On en trouve un curieux exemple dans les Mémoires de Claude, à propos de l’Internationale et des allumeurs de la rue des Gravilliers. (Argot du peuple).

ALPAGUE: Abréviation d’alpaga.

—Je vais me balader, Nini passe-moi mon alpague (Argot du peuple).

ALPHONSE: Souteneur.

On a attribué cette expression à M. Alexandre Dumas qui en a fait le titre d’une pièce; elle était connue depuis plus de vingt ans par la chanson si populaire de Lacombe: Alphonse du Gros-Caillou (Argot du peuple).

ALTÈQUE: beau, plus que beau (Argot des voleurs).

ALZINGUE: Même signification qu’Alpague.

AMANDES DE PAINS D’ÉPICE. V. Dominos.

AMARRÉ: Allusion aux amarres qui fixent les bateaux sur la jetée, dans les ports.

Amarrer quelqu’un, se l’attacher.

—J’ai amarré un chouette gonce qui casque tout le temps (Argot du peuple).

AMBULANTE: Fille qui va de cafés en cafés, tantôt à Montmartre tantôt à Grenelle. C’est généralement une fille rangée qui n’a pas de souteneur. Elle passe dans son quartier pour une laborieuse ouvrière qui va travailler au loin.

Elle ne ramène jamais chez elle (Argot du peuple). N.

AMÈRE (la trouver mauvaise). Les voleurs principalement trouvent toujours leurs condamnations amères.

Synonyme de il faut avaler la pilule (Argot du peuple).

AMÉRICAINE (Vol à l’): Ce vol fut inventé par Hurand, qui en 1844, était détenu à la prison de la Force.

On sait en quoi consiste ce vol qui est fréquemment pratiqué.

Il a donné naissance au vol au charriage qui se divise en plusieurs catégories. (Argot des voleurs). V. Charriage.

AMINCHE: Ami.

Quand deux voleurs sont, associés ils sont aminches d’aff. (Argot des voleurs).

AMINCHES D’AFF: Amis d’affaires.

Un vol pour un voleur est une affaire, comme voler c’est travailler (Argot des voleurs).

AMOCHER: Recevoir des coups.

Quant ils laissent de fortes traces on dit que l’ami a été rudement amoché (Argot du peuple). V. Trinquer.

ANDOUILLE MAL FICELÉE: Individu déguingandé, à la démarche traînante.

Se dit surtout de quelqu’un mal habillé, ayant des allures ridicules.

On dit aussi: Mal fagoté (Argot du peuple).

ANGLAIS: Créancier.

Cette expression se trouve dans Marot, elle était tombée en désuétude lorsqu’elle revit le jour vers 1804.

Napoléon 1er avait plusieurs commis attachés à un cabinet spécial. Il remarqua à différentes reprises que l’un d’eux arrivait depuis quelques matins deux heures au moins avant ses collègues.

L’empereur intrigué lui en demanda les motifs.

—Sire, répondit le commis, c’est à cause des anglais.

—Je ne vous comprends pas.

—Sire, les anglais sont vos ennemis, mes créanciers sont les miens.

—Bien, fit l’Empereur, donnez m’en la liste, je vous en débarrasserai, comme moi des autres.

Le mot est resté et est employé fréquemment. (Argot du peuple).

ANGLAIS (ils débarquent).

Il est aussi brave,

Que sensible amant,

Des anglais il brave,

Le débarquement.

(Argot du peuple). V. Bande sur l’affiche.

ANGLUCE: Oie (Argot des voleurs). V. Ornichon.

ANGOULÈME: La bouche (Argot des voleurs). V. Affamée.

ANGUILLE: Ceinture.

Allusion à sa souplesse (Argot des voleurs).

ANITERGE: Mouchoir (Argot des voleurs). V. Blavin.

ANTIF ou ANTIFFLE: Marcher.

—Que fait la môme?

—Elle bat l’antif pour dégoter un miché (Argot des souteneurs).

ANTIFFE: Église (Argot des voleurs). V. Antonne.

ANTIQUITÉ: Vieille femme.

Au temps de sa jeunesse Théophile Gautier, en compagnie d’un de ses amis, se promenait dans le jardin des Tuileries. Il avisa une vieille femme vêtue d’une robe à ramages qui datait au moins du Directoire.

Il s’approcha d’elle, le chapeau à la main.

—Madame, lui dit-il, je raffole des antiquités, voulez-vous me permettre de baiser le bas de votre robe?

Elle répondit fièrement:

—Si monsieur veut embrasser mon cul, il a vingt cinq ans de plus que ma robe (Argot du peuple). N.

ANTONNE: Église.

Du vieux mot: Antie (Argot des voleurs).

ANTONNEUR: Voleur qui a la spécialité de dévaliser les églises.

Il vole l’argent contenu dans les troncs à l’aide d’une baleine enduite de glu (Argot des voleurs).

APASCLINER (s’): S’acclimater.

L’aminche s’apascline doucettement à tunobé (Argot des voleurs). N.

APPACHONNER: Attirer à soi.

—J’ai appachonné un morlingue dans la valade d’un goncier pendant qui baillait devant les sigues de la Boutanche d’un balanceur de braise (Argot des voleurs). N.

APOTRES: Les doigts (Argot des voleurs). V. Ministre de l’Intérieur.

AQUARIUM: Lieu où se réunissent les souteneurs.

Allusion aux poissons.

Aquarium: la Chambre des députés.

Cette expression n’est pas très polie pour ces messieurs, qui assurément ne sont pas tous des poissons, mais comme elle est d’origine anarchiste, elle ne surprendra personne (Argot du peuple). N.

AQUIGER: Battre, blesser.

On dit par corruption de celui qui est battu: il est attigé (Argot du peuple).

AQUIGER: Prendre.

Aquiger n’est pas le vrai mot, c’est quiger (Argot des voleurs).

AQUIGEUR: Voleur qui cherche querelle à un passant.

Pendant qu’il le bat, un complice le dévalise proprement et lestement (Argot des voleurs).

ARAIGNÉE DANS LE PLAFOND (avoir une): Synonyme de loufoque.

Avoir la cervelle détraquée (Argot du peuple).

ARCASINEUR: Voleur au trésor caché.

Le voleur se nomme arcasien parce qu’il procède au moyen d’une lettre (arcat) écrite d’une prison quelconque à l’individu qu’il s’agit d’escroquer.

L’arcat indique généralement un trésor caché à l’étranger. Des naïfs mordent toujours dans l’espoir d’un gros gain (Argot des voleurs).

ARCO: Avare (Argot des voleurs). V. Grippe-sous.

ARÇONNIER: Celui qui donne le signal de l’alarme convenu entre les voleurs.

Au temps de Vidocq, le C figuré à l’aide du pouce sur la joue droite signifiait: prenez-garde voilà la rousse (Argot des voleurs).

ARDENTS: Les yeux (Argot des voleurs).

ARDOISE (boire à l’): Il existait autrefois un marchand de vin à la barrière Montparnasse; le patron ne sachant ni lire ni écrire, les clients marquaient eux-mêmes leurs dépenses sur une ardoise à l’aide d’un morceau de craie.

Un jour le brave homme s’aperçut que les consommateurs s’entendaient, et que le dernier qui marquait effaçait avec sa manche, comme par mégarde, les comptes précédents.

Il coupa le crédit, mais l’expression de boire à l’ardoise est restée (Argot du peuple). V. Marquer à la fourchette. N.

ARLEQUINS: Détritus de toutes sortes de mets que les cuisiniers des restaurants vendent à des marchandes des Halles.

Ces débris sont triés avec soin, et elles en font des assiettes assorties que les malheureux achètent un ou deux sous.

Cette expression vient de l’habit d’Arlequin, qui est composé d’étoffes de différentes couleurs (Argot du peuple).

ARMOIRE À GLACE: Sac du troupier (Argot du troupier). V. As de carreau.

ARMOIRE À RICHER: Le ventre.

Allusion aux matières fécales que contiennent les intestins (Argot du peuple).

ARNACHE: Agent de police. A. D.

Arnache: trompeur. L. L.

Les voleurs disent: Arnaque.

Cette expression vient du vieux mot français: harnacher; il est employé, sans doute, par les voleurs, parce que les agents les harnachent en les ligottant, soit avec les alliances, soit avec le cabriolet (Argot des voleurs).

ARNAQUE: Nom d’un jeu qui se joue sur la voie publique et sur les boulevards extérieurs; il est connu également sous le nom de tourne-vire.

Ce jeu consiste en une roue posée à plat sur un pivot, la table est composée de trois planches mobiles, supportées par deux tréteaux; ces planches sont recouvertes d’une toile cirée; cette toile est divisée en carrés qui forment cases, ces cases se distinguent par des emblèmes différents, les quatre rois: trèfle, cœur, pique et carreau, une ancre, un cœur, un dé et un soleil. Les joueurs misent sur une case, la roue tourne et celui qui gagne reçoit dix fois sa mise.

En évidence, sur la table, il y a des paquets de tabac, des cigares, des pipes et autres objets, mais c’est pour la frime, le tenancier du jeu paie le gagnant en monnaie. Ce jeu est un vol.

Autour de la table, il y a toujours deux ou trois engayeurs, ils sont de préférence à chaque bout (la table est un carré long); au moment où la plume va s’arrêter sur une case, par un mouvement imperceptible, un des engayeurs s’appuie sur la planche mobile du milieu, la plume dévie et le tour est joué; si c’est un engayeur qui gagne, il partage avec ses complices (Argot des camelots). N.

ARPETTE: Apprenti de n’importe quel métier.

Ce mot se prend aussi dans le sens de petit, moufflet, diminutif de moutard (Argot du peuple).

ARPIONS: Vieille expression qui veut dire: pieds.

Jean Hiroux disait au président des assises:

—Je demande qu’on fasse sortir le gendarme, il plombe des arpions.

—Gendarme, répondit le président, remuez vos pieds dans vos bottes d’ordonnance.

Prévenu, la punition commence (Argot des voleurs).

ARRACHER UN PAVÉ: V. Rouscailler.

ARRACHEUR DE CHIENDENT: Voleur qui cherche une occasion de voler (Argot des voleurs).

ARRANGEMANN: Arranger.

Arranger quelqu’un en lui faisant faire une opération ruineuse.

Les grues arrangent les pantes.

Une femme arrange un homme en lui communiquant un mal vénérien.

On arrange un homme en le battant à plate couture.

—Il est arrangemann le gonce, il ne rebiffera pas, il est foutu d’en crapser (Argot des souteneurs). N.

ARRONDIE: Montre.

Allusion à sa forme ronde (Argot des voleurs).

ARROSER: Donner un accompte sur une dette.

Un huissier cesse les poursuites commencées quand le débiteur arrose.

Donner de l’argent à un fonctionnaire pour obtenir un privilège, c’est l’arroser.

Nos députés le furent largement par Arton pour l’affaire du Panama.

Martingaler son enjeu c’est arroser le tapis (Argot du peuple). N.

ARROSEUR DE VERDOUZE: Jardinier (Argot des voleurs).

ARTIE DE MEULAN: Pain blanc.

Allusion à la blancheur des farines produites par les moulins de cette ville (Argot des voleurs).

ARTIE DU GROS GUILLAUME: Pain abominablement noir qui rappelle celui du siège de Paris, en 1870, qui contenait de tout, excepté de la farine (Argot des voleurs).

ARTIE: V. Bricheton.

ARTICHE (l’): Le derrière.

—Je vais t’enlever l’artiche.

On nomme artiches, par abréviation d’artichauts, les barres de fer pointues et hérissées qui couronnent les murs et les grilles des prisons (Argot des voleurs). N.

AS DE CARREAU: Sac du fantassin (Argot du troupier). V. Armoire à glace.

AS DE PIQUE: Se dit d’une femme qui possède abondamment ce que d’autres n’ont que très peu... (Argot du peuple). V. Fournitures.

ASPHALTEUSE: Fille qui raccroche sur le trottoir.

Elle foule l’asphalte en tous sens (Argot des filles).

ASPERGE MONTÉE: Grande femme toute en jambes, maigre et sèche comme un copeau.

On dit aussi: longue comme un jour sans pain (Argot du peuple).

ASPIC: Avare.

Aspic signifie aussi mauvaise langue, langue de vipère.

Cette expression est empruntée au proverbe: Mieux vaut un coup d’épée qu’un coup de langue (Argot du peuple). N.

ASSOMMOIR: Boutique où l’on vend des liqueurs vitriolées qui assomment les buveurs.

Le premier assommoir, bien avant celui du fameux Paul Niquet, fut créé vers 1810, rue de la Corderie, près du Temple, par un nommé Montier.

Cet empoisonneur charitable avait fait établir dans son arrière-boutique une chambre spéciale pour les assommés; la paille servait de litière, des pavés servaient d’oreillers.

Cette chambre s’appelait la Morgue (Argot du peuple).

ASTÈQUE: Bien avant que les Aztèques ne vinssent du fond du Brésil, cette expression servait à désigner les êtres chétifs et malingres (Argot du peuple). V. Avorton.

ATTACHER LE BIDON: Dénoncer un camarade.

Synonyme de remuer la casserole (Argot des voleurs).

ASTICOT: Vermicelle (Argot des voleurs). N.

ASTICOT: Fille publique.

Asticot: personne mince comme un fil (Argot du peuple).

ASTICOT DANS LA NOISETTE: Personne qui a des absences de mémoire.

On sait que l’asticot dévore l’amande de ce fruit, par analogie il dévore la cervelle (Argot du peuple). N.

ATOUT: Avoir du courage.

Avoir des atouts dans son jeu.

Un zouave rencontre son capitaine accompagné de sa femme, il leur lance au nez un pet à tout casser en criant: Atout. Le capitaine, se retournant, lui envoie un magistral coup de pied dans le cul en disant: Je coupe. Le soldat répond: Ah! je ne savais pas que vous aviez la dame seconde!

Recevoir un atout: être sérieusement blessé.

C’est sans doute d’atout que, par corruption, on a fait attiger (Argot du peuple). N.

ATTIGNOLES: Rognures de viandes hachées et vendues sous forme de boulettes.

L’expression est normande, mais elle est devenue parisienne en s’éloignant du sens primitif.

Dans le peuple, pour exprimer qu’un individu a été fortement endommagé dans une rixe, on dit: Il a reçu de rudes attignoles (Argot du peuple). N.

ATTOUCHEMENTS: Être assez indiscret pour vouloir s’assurer si une jolie femme porte un pantalon et met ses jarretières au-dessus du genou.

Synonyme de peloter (Argot du peuple) V. Baiseuses.

ATTOUCHEUSE: Fille publique.

Le mot est suffisamment expressif.

Allusion aux ménagères qui tâtent la viande chez le boucher pour s’assurer de son degré de fraîcheur (Argot des filles).

ATTRIQUER: Acheter des effets volés, sans pour cela être un recéleur habituel: Fourgat ou Meunier (Argot des voleurs).

ATTRIQUEUSE: Vendre des objets volés (Argot des voleurs).

ATTRISTÉ: Voleur qui ne travaille que la nuit, sans se soucier des pendus glacés (Becs de gaz) (Argot des voleurs).

AUBERT: Argent (Argot des voleurs).

AUMÔNIER: Vol à l’aumône.

Autrefois, cette expression désignait les dévaliseurs de bijoutiers.

Le voleur marchandait des bijoux, un mendiant survenait et sollicitait une aumône.

L’attention du bijoutier était détournée pendant qu’on lui dévalisait ses vitrines; quand il s’apercevait du vol, les voleurs étaient loin (Argot des voleurs).

AUSEIGNOT: Auxiliaire.

Détenu qui par faveur et moyennant une modique rétribution, remplit dans la prison les fonctions les plus grossières (Argot des voleurs).

AUTEL DE BESOIN: Femme ou fille.

Allusion à l’hôtel qui s’ouvre pour ceux qui paient.

Autel sur lequel l’homme sacrifie par nécessité.

Se dit souvent dans le peuple d’une femme légitime (Argot des souteneurs).

AUTOR ET D’ACHARD (d’): Abréviation d’autorité et d’acharnement.

Lorsque deux joueurs font une partie d’écarté et que l’un demande des cartes à son adversaires, l’autre lui répond: Non, j’y vais d’autor et d’achard (Argot du peuple).

AUVERPIN: Auvergnat.

On dit aussi: Auverplum et Bougnat (Argot du peuple).

AVALE-TOUT-CRU: Synonyme de Va de la gueule, Gueulard, Bouffe-tout et Ventre à tous grains.

Ces expressions, dans le peuple, signifient: Gros mangeur.

Une certaine catégorie de voleurs se sont emparés de l’expression: Avale-tout-cru, pour désigner un genre de vol assez original.

Le voleur se fait montrer par le bijoutier des diamants non montés, sur carte; il paraît avoir la vue basse, il les regarde de près, et d’un coup de langue habile il en avale quelques-uns (Argot des voleurs).

AVALER LE LURON: Communier.

On dit aussi: avaler l’Auvergnat, parce que sans doute, comme lui, Dieu n’est ni homme ni femme (Argot des voleurs).

AVALER SA CUILLER: Mourir.

Être moins heureux que le commis des Magasins du Printemps: il est vrai qu’il n’avait avalé qu’une fourchette (Argot du peuple).

AVALER LE PÉPIN: Être enceinte.

—Elle en a une de bedaine ta frangine. Qu’a-t-elle donc mangé?

—Elle a avalé le pépin (Argot du peuple).

AVALER SA CHIQUE: Mourir.

Allusion au chiqueur qui s’étoufferait en avalant son pruneau (Argot du peuple).

AVALOIR: La gorge.

Elle avale tout en effet. (Argot du peuple). V. Dalle.

AVANT-COURRIER: Mèche en acier dont se servent les voleurs pour percer les devantures des boutiques de bijoutiers (Argot des voleurs). V. Vrilleurs.

AVANT-SCÈNE: Les seins.

Ils avancent, en effet, quand... il y en a. (Argot du peuple). V. Capitonnée.

AVANTAGE: Les seins.

Avantage, oui, quand il fait froid, mais pendant les grandes chaleurs? (Argot du peuple). V. Capitonnée.

AVOIR PERDU SA CLÉ: Être atteint d’une foire à tout inonder et ne pouvoir se retenir.

On comprend qu’il s’agit d’une clé que le serrurier ne peut remplacer (Argot du peuple).

AVOIR UN PÉPIN: Aimer.

En tenir momentanément pour quelqu’un (Argot du peuple).

AVOIR LE VENTRE EN ACCORDÉON: Femme déformée qui a eu des masses d’enfants.

Allusion au plissage du ventre (Argot du peuple). N.

AVOIR LE VENTRE EN PERSIENNE: Voir ci-dessus.

AVOIR SA PISTACHE: Être complètement gris (Argot du peuple). N.

AVOIR DU PAIN SUR LA PLANCHE: Être riche et ne pas avoir à s’occuper du lendemain.

Être condamné à un certain nombre d’années de prison (Argot du peuple).

AVOIR LE NEZ SALE: Avoir trop bu.

Quand au lendemain du lundi un ouvrier dort sur son travail, les amis lui disent: Tu t’es sali le nez hein! (Argot du peuple).

AVOIR LA GUEULE DE BOIS: S’être pochardé la veille.

L’ivrogne boit de l’eau le lendemain pour éteindre le feu qui lui dessèche la gorge.

Mot à mot: Il a la gueule sèche (Argot du peuple).

AVOIR MANGÉ LA SOUPE À LA QUÉ-QUÊTE: V. Avaler le pépin.

AVOIR MANGÉ DES POIS PAS CUITS: V. Avaler le pépin.

AVOIR QUELQU’UN À LA BONNE: Être très camarade, ne jamais se quitter, vivre comme deux frères (Argot du peuple).

AVOIR DEUX ŒUFS SUR LE PLAT: On emploie cette expression pour une femme qui a des seins à l’état de soupçon.

Ce à quoi elle répond: J’en ai assez pour un honnête homme (Argot du peuple). N.

AVOIR UN PET DE TRAVERS: Se dit d’un personnage grincheux que l’on ne sait jamais par quel bout prendre et qui gémit sans cesse, du matin au soir et du soir au matin (Argot du peuple). N.

AVOIR UN BÉGUIN: Être coiffé de quelqu’un ou de quelqu’une.

S’aimer à l’œil, ce qui ne fait pas bouillir la marmite.

Dictionnaire d'argot fin-de-siècle

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