Читать книгу Dictionnaire d'argot fin-de-siècle - Charles Virmaître - Страница 9
ОглавлениеLe parrain care sa frime dans son blavin.
(Argot des voleurs). V. Aniterge.
BLAVINISTE: Voleur qui a la spécialité de faire le blavin (Mouchoir) (Argot des voleurs).
BLAZE: Numéro (Argot des voleurs). N.
BLÉ: Argent monnayé (Argot des voleurs). V. Aubert.
BLÉCHARD: Laid, disgrâcié de la nature.
Dans les faubourgs on dit d’une femme dans ce cas:
—Elle est rien blèche (Argot du peuple).
BLÉCHARDE: C’est le superlatif de bléchard.
Pour bien accentuer on ajoute qu’elle a une gueule à faire tourner la soupe au lait (Argot du peuple).
BLEU (Passer au bleu): Faire disparaître un objet quelconque.
Le samedi de paye quand l’ouvrier care un peu de galtouze, la ménagère dit:
—Mon vieux tu m’as fait passer cent sous au bleu (Argot du peuple).
BLEU: Jeune soldat.
Se dit de tous les hommes qui arrivent au régiment.
Ils sont bleu jusqu’à ce qu’ils soient passés à l’école de peloton (Argot des troupiers).
BLEU (J’en suis): Être étonné, ne rien comprendre, en rester ébahi (Argot du peuple).
BLEU (N’y voir que du): Être volé sans s’en apercevoir (Argot du peuple).
BLEUET: Billet de banque.
Allusion à la couleur bleue des précieux papiers (Argot des voleurs). V. Talbin d’altèque.
BLOKAUS: Chapeau haut de forme (Argot du peuple). V. Bloum.
BLOUM: Même signification que précédemment (Argot du peuple).
BLOT (C’est mon blot):
J’ai ce que je désire, elle fait bien mon blot.
Ça fait le blot, ça fait le compte (Argot du peuple). V. Balle. N.
BOBÉCHON (Se monter le): On dit aussi se monter le bourrichon.
Croire qu’une chose fausse est vraie et prendre un désir pour une réalité (Argot du peuple). N.
BOBINE: Tête (Argot du peuple). V. Tronche.
BOBINCHE: L’ancien théâtre Bobino.
Les étudiants disaient Bobinsky (Argot des étudiants).
BOBINO: Montre (Argot des voleurs). V. Babillarde.
BOBINO EN JONC: Montre en or (Argot des voleurs).
BOBINO EN PLÂTRE: Montre en argent (Argot des voleurs).
BOCARD: Maison de tolérance (Argot du peuple). V. Magasin de blanc.
BOCHE: Allemand (Argot du peuple). V. Alboche.
BOG EN JONC: Montre en or.
Quelques-uns écrivent bogues et baube, mais ce n’est pas exact (Argot des voleurs).
BOILARD: Le temps (Argot des voleurs).
BOIRE DU LAIT: Être content. Se réjouir du mal qui arrive à un ennemi (Argot du peuple).
BOIRE À LA GRANDE TASSE: Se jeter dans la Seine.
En effet, l’homme qui se noie peut boire à son aise, la tasse est assez large et assez profonde (Argot du peuple).
BOIT SANS SOIF: Ivrogne (Argot du peuple). V. Sac à vin.
BOÎTE (La grande): La préfecture de police (Argot des voleurs). V. Tour pointue.
BOÎTE À CORNES: Chapeau.
Allusion aux cocus qui y cachent leurs cornes (Argot du peuple).
BOÎTE À OUVRAGE: L’outil avec lequel les filles gagnent leur vie.
Quand l’une d’elles va au Dispensaire, elle dit qu’elle va faire voir sa boîte à ouvrage (Argot des filles). N.
BOÎTE AUX CAILLOUX: Prison où l’on couche sur la dure.
Allusion aux matelas qui sont rembourrés avec des noyaux de pêches (Argot des voleurs). N.
BOÎTE À DOMINO: Brancard couvert qui sert dans les hôpitaux à transporter les morts de leur lit à l’amphithéâtre.
Allusion de forme (Argot du peuple).
BOÎTE À DOMINOS: La bouche.
Allusion à la blancheur des dents et à leur forme qui ressemble aux dés (Argot du peuple).
BOÎTE À LAIT: Les seins.
L’allusion est jolie. Les seins d’une jolie femme sont certainement des boîtes à lait à même lesquelles on voudrait boire (Argot des voleurs). N.
BOÎTE À PANDORE: C’est une boîte ronde qui a la forme exacte d’une montre ordinaire. Elle contient une cire molle très malléable préparée pour prendre les empreintes des serrures des maisons marquées pour être dévalisées.
Ce travail est fait par les larbiniers qui préparent la besogne des cambrioleurs (Argot des voleurs).
BOÎTE À PANTES: Maison de tolérance.
Cette expression n’est pas juste; il n’est pas nécessaire d’être un pante, c’est-à-dire un imbécile, pour s’offrir une satisfaction avec G. D. G. (Argot des voleurs). V. Bocard.
BOÎTE À SIGUES: Gilet.
Allusion aux poches qui servent à mettre des pièces de vingt francs (sigues)... quand on en a (Argot des voleurs). N.
BOÎTE À VÉROLE: Fille de barrières ou rôdeuse de casernes qui s’affranchit de la visite sanitaire et en fait d’eau ne connaît que l’eau d’aff (Argot du peuple).
BOÎTE À VIANDE: Cercueil.
Ce n’est pas une boîte de conserve (Argot des voleurs). N.
BOISSEAU: Chapeau haut de forme.
Allusion de forme et aussi à la grandeur de certains chapeaux qui, assurément, pourraient servir à mesurer des pommes de terre (Argot du peuple). V. Bloum.
BOITEUX D’UN CHASSE: Borgne.
Manchot eût été plus juste (Argot des voleurs). V. Caliborgne.
BOMBE: Mesure non classée qui contient environ un demi-litre de vin.
Quand un ouvrier en a bu un certain nombre, ses camarades disent: Il est en bombe.
Quand il rentre au logis, la ménagère fait une scène épouvantable; les voisins entendant le pétard disent: la bombe éclate, gare! (Argot du peuple). N.
BON À NIB: Paresseux.
Mot à mot: bon à rien (Argot des voleurs).
BONBON À LIQUEURS: Bouton qui suinte constamment une humeur liquide.
Individu qui a des écrouelles (Argot du peuple). N.
BONBONNIÈRE: Tonneau de vidange.
Allusion, sans doute, à ce qu’en l’ouvrant on prend une prise.
Dans le peuple on dit d’un vidangeur qu’il en prend plus avec son nez qu’avec une pelle (Argot du peuple).
BONBONNIÈRE À FILOUS: Omnibus.
Les voyageurs sont serrés, le vol à la tire est facile; il y a des voleurs qui n’ont que la spécialité de voler les morlingues en bonbonnière (Argot des voleurs). N.
BONDE: Prison Centrale.
Dans les prisons, le fromage réglementaire est le bondon, sorte de fromage rond qui se fabrique à Neufchâtel.
La portion, une moitié, se nomme un système.
Par corruption, on a fait bonde (Argot des voleurs).
BONNET À POIL: Le bonnet que portaient les grenadiers et les sapeurs.
Cette coiffure a été supprimée. On l’applique à un tout autre objet (Argot du peuple). V. As de pique. N.
BONNETEAU: Jeu des trois cartes.
Ce jeu ou plutôt ce vol s’exécute à Auteuil, Saint-Ouen et dans les wagons de chemin de fer.
M. Marcel Schwob, pour arriver à expliquer l’expression de bonneteur, dit qu’il faut passer par des intermédiaires: bonnet, bonneteur, lingerie.
Bonnet, dans les ateliers, signifie se réunir plusieurs pour former une coterie, résister au patron ou aux autres camarades.
Les bonneteurs sont généralement trois pour opérer: le bonneteur qui tient le jeu, l’engageur qui ponte pour allécher les naïfs, le nonneur qui est en gaffe pour avertir si la rousse dévale.
Ce trio forme donc bien un bonnet, et bonneteur en dérive tout naturellement, et il n’est nullement question de lingerie.
Bonnet et bonneteur sont deux expressions en circulation depuis plus de cinquante ans; Vidocq en parle dans ses Voleurs (Argot du peuple).
BONNET DE NUIT: Triste comme un bonnet de nuit.
Homme taciturne, mélancolique, dont la tristesse est communicative, sa présence dans une réunion jette un froid (Argot du peuple).
BONIMENT: Discours pour attirer la foule.
Forains, orateurs de réunions publiques, hommes politiques et autres sont de rudes bonimenteurs.
Quand un boniment est par trop fort, on dit dans le peuple: c’est un boniment à la graisse de chevaux de bois (Argot du peuple).
BONNIR: Parler.
On appelle le pître qui fait le boniment le bonnisseur (Argot des camelots).
BONNIR QUE PEAU: Être muet comme une carpe (Argot des voleurs).
BONJOURIER: Vol au bonjour.
Ce vol se pratique dans les chambres d’hôtels.
Le bonjourier monte lestement les escaliers comme s’il allait faire une visite, généralement le matin à l’heure à laquelle les gens dorment encore; il voit une clé sur la porte, il entre doucement. Si le dormeur s’éveille, il lui souhaite le bonjour et s’excuse de s’être trompé de porte; au cas contraire, il vole rapidement ce qui lui tombe sous la main et s’esquive.
Il y a six mois, on arrêta une bande de bonjouriers qui avaient la spécialité de voler les souliers des locataires.
Ils avaient sous le bras une serviette d’avocat gonflée de vieux journaux; ils les jetaient dans un coin du couloir et les remplaçaient par les bottines et les souliers (Argot des voleurs).
BOQUABELLE: La bouche (Argot des voleurs). V. Affamée.
BOUCAN: Bruit, tapage, chahut, scandale.
Un boucan s’organise pour empêcher un orateur de parler ou un acteur de remplir son rôle.
Les étudiants sont passés maîtres dans l’art d’organiser un boucan (Argot du peuple).
BOUCARD: Boutique (Argot des voleurs). V. Boutanche. N.
BOUCARDIER: Le petit pégriot qui s’introduit dans la boutique pour aider son complice à voler (Argot des voleurs). V. Raton.
BOUCHER: Chirurgien.
On dit aussi charcutier.
Il charcute les chairs du patient (Argot du peuple).
BOUCHON: Mauvaise gargote où l’on vend du vin sans raisin.
Allusion à l’usage ancien de placer comme enseigne, au-dessus de la porte d’entrée, une branche de sapin ou de houx; cela se nomme un bouchon (Argot du peuple).
BOUCHON DE PAILLE: Objets à vendre.
On place un bouchon de paille au collier ou à la queue d’un chien que l’on désire vendre.
On dit de certains individus dont la moralité est plus que douteuse: Ils ont un bouchon de paille à la conscience.
Mot à mot: elle est à vendre (Argot du peuple). N.
BOUCLER: Enfermer.
Dans les prisons, on boucle les prisonniers chaque soir dans leurs cellules.
On boucle la lourde (fermer la porte) (Argot des voleurs).
BOUDER AU TURBIN: Ouvrier qui cherche tous les moyens possibles pour ne pas travailler.
Fille publique qui ne veut plus turbiner pour son souteneur. Dans la fameuse chanson: Lamentations d’un souteneur, on lit:
Quoi? C’est éteint... Tu r’buttes au flanche,
Y’a pu de trottinage à la clé,
Des dattes pour que tu fass’la planche,
L’anse de la marmite est cassé.
Pour parer c’gnon qui m’met su’l’ sable,
Comme ta peau n’veut plus qu’feignanter,
J’vas me r’coller avec ta dabe,
Qui ne r’foul’ pas pour turbiner.
(Argot des souteneurs).
BOUDINOTS: Cuisses (Argot des voleurs). N.
BOUILLON DE ONZE HEURES: Dans le peuple, on est persuadé que l’on vous administre dans les hôpitaux un bouillon qui fait mourir.
Cette légende vient de ce qu’un malade à qui on donna un bouillon à onze heures mourut à midi.
Quand il arrive quelque chose de désagréable à quelqu’un, on lui dit :
—Comment, trouves-tu le bouillon? (Argot du peuple).
BOUIS-BOUIS: Endroit mal famé.
Se dit d’un café comme d’un théâtre de dernier ordre (Argot du peuple).
BOUFFARDE: Pipe.
Allusion à la bouffée de fumée que le fumeur tire par intervalles de sa pipe et lance dans le vide (Argot du peuple).
BOUFFE-TOUT: Il est des individus atteints de boulimie, qui mangent tout ce qui se présente.
Thomas l’Ours, le modèle bien connu de Montmartre, mangeait en guise de hors-d’œuvre huit livres de pain en buvant un seau de vin.
Les rapins racontent encore qu’un jour de famine Thomas l’Ours avait dévoré un poêle de faïence (Argot du peuple).
BOUFFER LA BOTTE: Amour platonique... faute de mieux (Argot du peuple).
BOUFFER SON CRAN: Ne pas être content, marronner.
On dit aussi: bouffer son bœuf (Argot d’imprimerie).
BOUFFER À L’AS: Dîner par cœur.
Même signification que passer à l’as, passer devant Chevet, regarder mais ne pas toucher (Argot du peuple).
BOUFFER DES BRIQUES À LA SAUCE AUX CAILLOUX: Se dit par ironie.
Mot à mot n’avoir rien à se mettre sous la dent (Argot du peuple). N.
BOUFFI: Noyé.
Allusion à l’eau qui gonfle la face de l’individu qui reste longtemps immergé (Argot du peuple).
BOUFFI: Être joufflu.
D’un vaniteux on dit qu’il est bouffi d’orgueil.
On dit aussi ironiquement: tu l’as dit bouffi, dans le sens de grosse bête. Bouffi est le synonyme (Argot du peuple).
BOUGE: Endroit infect.
Bouge vient certainement de bauge où les cochons se vautrent dans la boue et dans leurs excréments.
C’est dans les bouges que se réunissent les voleurs de bas étage (Argot des voleurs). V. Bagnole.
BOUGNAT: Charbonnier.
Il y a fort peu de temps que cette expression est en usage, depuis la liberté des marchands de vin (Argot du peuple). V. Auverpin.
BOUILLOTTE: La tête.
Dans le peuple pour exprimer que l’on a une forte migraine on dit: Ma cervelle bout.
Bouillotte est la conséquence (Argot du peuple). V. Tronche.
BOULE DE LOTO: Gros yeux presque à fleur de tête (Argot du peuple).
BOULE DE SON: Pain.
Ainsi nommé à cause de sa forme ronde et de sa couleur, car autrement il n’entre pas de son dans la confection du pain de munition, pas plus que dans celui qui se fabrique à la boulangerie centrale de Saint-Lazare pour les prisons de la Seine (Argot des voleurs).
BOULEAU: Travail.
Ce mot a pris naissance chez les sculpteurs sur bois, parce que tout morceau de bois à travailler est un bouleau.
Cette expression s’est étendue à tous les corps de métiers qui disent:
—Je cherche du bouleau (Argot du peuple). N.
BOULENDOS: Bossu.
On dit aussi: boscando. Dans le peuple par allusion à la gibbosité on dit également:
—Il a volé un pain.
—Il a un orgue de Barbarie dans le dos.
—Il a un durillon dans le dos.
Les troupiers disent d’un bossu:
—Il a le sac au dos (Argot du peuple).
BOULER: Envoyer promener quelqu’un.
Sabouler veut dire la même chose.
—Je l’ai salement saboulé ce pierrot-là (Argot du peuple).
BOULET: Femme légitime.
—Tu traînes toujours ton boulet mon vieux Boireau?
—Mon Dieu oui, elle ne veut pas crever.
—Fous-lui un lavement au verre pilé.
Boulet, allusion au forçat condamné aux travaux forcés qui en traînait un autrefois pendant la durée de sa peine (Argot du peuple). V. Paillasse.
BOULETTE: Commettre une erreur, se tromper.
—J’ai fait une rude boulette en me mariant.
—Quelle boulette j’ai faite en quittant ma place.
La dernière boulette est de mourir (Argot du peuple).
BOULETTES: Billes de billard.
Allusion à la forme ronde (Argot des voleurs). N.
BOULETTE: Mélange de chair à saucisse et de bœuf bouilli, haché menu.
Elles sont rondes, de là: boulette (Argot du peuple). V. Attignolles.
BOUL’MICHE: Abréviation de boulevard Saint-Michel (Argot des étudiants).
BOULIN: Perche de sapin qui sert au maçon pour construire ses échafaudages (Argot du peuple).
BOULINE: Cette expression désigne une vieille coutume en usage dans les petites fêtes locales.
Les camelots qui font ces fêtes sa cotisent pour produire une certaine somme elle est destinée à faire boire le garde-champêtre pour détourner sa surveillance ou à l’indemniser s’il y consent pendant qu’un des compères qui tient un jeu de hasard vole les paysans.
Bouliner, faire le tour de la bouline (Argot des camelots).
BOULOTTAGE: Nourriture (Argot du peuple).
BOULOTTE: Femme rondelette, grassouillette, bien en chair, ayant du monde devant et derrière (Argot du peuple). N.
BOULOTTER: Manger (Argot du peuple).
BOULOTTER: Faire ses petites affaires.
Quand ça va bien on dit: ça boulotte à la douce, comme le marchand de cerises.
On sait que ce dernier pour annoncer sa marchandise crie:
—À la douce, à la douce (Argot du peuple).
BOURBEUX: Paysan.
Allusion à ce que pendant la saison des pluies il est toujours couvert de boue (Argot des voleurs). V. Pétrousquin.
BOURSICOTIER: Agioteur qui boursicote des valeurs qui n’en ont pas.
Tripoteur, qui vend et achète des résidus au marché des pieds humides à tous les négociants qui, voulant faire une jolie faillite, achètent des valeurs tombées pour justifier de grosses pertes vis-à-vis du syndic (Argot des boursiers).
BOURDON: Fille qui fait le trottoir.
Cette expression vient de ce que les filles chantent sans cesse, ce qui produit aux oreilles des passants un bourdonnement semblable à celui du petit insecte que l’on nomme bourdon (Argot des souteneurs).
BOURGUIGNON: Le soleil.
Il fait mûrir les bons vins de Bourgogne (Argot des voleurs).
BOURRASQUE: Rafle faite par des agents.
—Ne vas pas ce soir au bistro, il y aura une bourrasque à cause du gonce estourbi par la Saucisse.
Bourrasque peint bien les agents arrivant sur les boulevards et les balayant comme une trombe, ou pénétrant dans une maison comme un ouragan (Argot des voleurs). N.
BOURRE-COQUIN: Haricots (Argot des voleurs).
BOURREUR DE PÈGRES: Le Code pénal.
Généralement les figures employées sont plus exactes; mieux vaudrait dire bourreur de bondes, car c’est d’après le Code que les prisons sont bourrées et non les pègres (Argot des voleurs).
BOURRIQUE: Indicateur (Argot des voleurs). N.
BOUTERNIÈRE (La): C’est une voleuse qui, dans les foires de villages, expose dans une vitrine nommée bouterne des bijoux véritables.
Les paysans, alléchés de courir la chance de gagner une montre en or pour deux sous, prennent des billets mais ils ne gagnent jamais.
Les dés sont plombés (Argot des voleurs).
BOUSCULADE (Vol à la): Ce vol est une variété du vol à l’esbrouffe.
Il y a quelques années, un facteur fut victime, place de la Bourse, du vol d’un pli chargé contenant quarante mille francs.
Ce vol est très commun (Argot des voleurs). V. Esbrouffe.
BOUSILLER: Flâner, gouaper. Mettre quinze jours sur un ouvrage où il en faudrait deux et ensuite le terminer rapidement avec une mal façon (Argot du peuple). V. Saboter.
BOUSILLEUR: Ouvrier qui bousille (Argot du peuple).
BOUT COUPÉ: Juif (Argot du peuple). V. Baptisé au sécateur.
BOU-CI BOU-LÀ: Deux numéros tête-bêche
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Argot du peuple).
BOUTANCHE: Boutique.
Quelques-uns disent que boutanche veut dire bouteille, c’est une erreur.
Boutanche veut dire boutique (Argot des voleurs). V. Boucard.
BOUTIQUE À SURPRISES: Maisons qui, en apparence, vendent des livres, des tableaux ou de la parfumerie et chez lesquelles l’acheteur trouve tout autre chose que la marchandise annoncée.
Ces maisons ne sont pas au coin du quai, on ne rend pas l’argent si le client n’est pas content (Argot des filles). N.
BOTTOCHE: Fusil (Argot des voleurs). N.
BOUSSOLE: Tête.
La tête, comme la boussole, dirige (Argot du peuple).
BOUTORD: Tabac à chiquer.
On sait que ce qui affecte le plus le prisonnier c’est la privation du tabac.
Une chanson célèbre dans les prisons centrales: Pour du tabac, dit ceci:
Pour du tabac, disait un pègre.
Et pour trois ponces de Saint-Père,
J’ai basardé ma viande hier.
Et j’ai turbiné comme un nègre
Pour un petit bout de boutord.
Je vends ma bonde et mon pain même
Et, bourreau de mon pauvre corps,
Je suis doublement au système
Pour du tabac, pour du tabac.
(Argot du peuple). N.
BOYAU: Il a toujours un boyau de vide pour soiffer (Argot du peuple). V. Poivrot.
BOXON: Maison de tolérance.
Maison mal famée, dit le sénateur Bérenger, sans doute parce qu’il y a de fort jolies femmes.
Question d’appréciation (Argot du peuple). V. Bocard.
BRACQUEMARD: Pennis. V. Paf. (Argot du peuple).
BRAISE: Argent.
Allusion à la braise du boulanger qui enflamme très vite le charbon ou le bois.
Donner de la braise à une fille c’est l’enflammer.
La braise passe vite dans les deux cas (Argot des filles).
BRANDILLANTE: Sonnette.
Par le mouvement que lui imprime le cordon, elle brandille (Argot de voleurs). N.
BRANCARDS: Jambes.
Elles traînent le corps.
Cette expression a donné naissance à une autre.
Se mettre dans les brancards.
La situation explique le fait, surtout si on ajoute d’une femme passionnée: elle rue dans les brancards (Argot des souteneurs). N.
BRANLEUSE DE GENDARMES: Allusion au fer à repasser qui porte ce nom.
Les blanchisseuses branlent pour repasser ce fer toute la journée (Argot des blanchisseuses).
BRASSEUR DE FAFFES: Fabricant de faux papiers à l’usage des filles de maisons et des voleurs (Argot des voleurs). V. Lopheur.
BREDOUILLE: Suivre une femme et ne pas réussir à la lever.
Aller à la chasse et revenir bredouille (n’avoir rien tué).
Aller chercher de l’argent et n’en pas recevoir.
Mot à mot, bredouille est le synonyme de rater (Argot du peuple).
BRÈME DE FOND: Pièce de cinq francs en argent. (Argot du peuple).
BRÈMES: Les cartes (Argot des filles).
BRÈME DE PATELINS: Cartes de pays.
Elles servent aux rabatteurs de sorgues pour se guider (Argot des voleurs).
BRÉMER: Jouer aux cartes (Argot des voleurs).
BRENICLE: Non.
C’est une corruption de bernique (Argot des voleurs). N.
BRICULE: Officier de paix (Argot des voleurs).
BRIDE: Chaîne de montre.
Elle bride le gilet (Argot des voleurs). V. Cordelettes.
BRIDOUX: Fou (Argot des voleurs).
BRIFFE: Pain (Argot des voleurs). V. Bricheton.
BRIFFER: Manger.
Vient de briffe (Argot du peuple).
BRIGEANT: Cheveux (Argot des voleurs). V. Alfa.
BRIGEANTE: Perruque.
On dit aussi réchauffante, en effet, elle préserve les cheveux du froid (Argot des voleurs). N.
BRIGNOLET: Pain (Argot du peuple). V. Bricheton.
BRILLARD: Pièce de vingt francs.
Elle brille (Argot des voleurs). V. Sigues.
BRINGUE: Grande femme haute en jambes.
Quand elle est mal ficelée mal habillée, c’est une bringue (Argot du peuple). V. Asperge montée.
BRISEURS: Bande noire.
Cette bande est composée de plusieurs Auvergnats qui achètent des marchandises neuves et qui les brisent pour les revendre ensuite à la ferraille comme marchandises d’occasion (Argot des voleurs).
BROCHET: Marlou, souteneur (Argot du peuple). V. Barbillon.
BROQUE: Un sou (Argot des voleurs).
BROQUILLE: Minutes (Argot des voleurs).
BROQUILLEURS: Les voleurs qui portent ce nom pratiquent le vol à l’étiquette.
Ce vol consiste à faire fabriquer des bagues en toc ornées de pierres fausses et à les substituer adroitement aux vraies dans les écrins que montrent les bijoutiers aux faux acheteurs (Argot des voleurs). N.
BROUILLÉ AVEC LE DIRECTEUR DE LA MONNAIE: N’avoir pas le sou (Argot du peuple). V. Les toiles se touchent.
BROUILLOTTE: La nuit (Argot des voleurs). V. Brunette.
BRÛLÉ: Affaire manquée.
Se dit plus communément d’un agent chargé d’une surveillance, lorsqu’il est éventé par le surveillé il est brûlé.
On brûle également une carte vue par les joueurs. (Argot des voleurs).
BRÛLE-GUEULE: Pipe dont le tuyau est très court.
En fumant, la pipe vous brûle la gueule (Argot du peuple). V. Bouffarde.
BRÛLER LE PÉGRIOT: Faire disparaître les traces d’un vol (Argot des voleurs).
BRÛLOTTE: Lanterne (Argot des voleurs).
BRUNETTE: La nuit (Argot des voleurs). V. Brouillotte. N.
BÛCHE: Imbécile.
Borné, bête, grossier comme une bûche.
Bûche: une figure, dame, roi ou valet, qui ne compte pas au jeu de baccara. (Argot des voleurs).
BÛCHER: Travailler.
—Je suis dans mon dur, je bûche ferme.
(Argot du peuple).
BÛCHER: Frapper fort, allusion au bûcheron.
Bûcher(se): Se battre avec acharnement.
Bûcher le bouleau: attaquer avec énergie une pièce de bois (Argot des sculpteurs). N.
BUREAU DES PIEDS: Salle du Dépôt de la Préfecture de Police où M. Bertillon fait passer les détenus à la mensuration pour reconnaître leur identité (Argot des voleurs). N.
BURETTE: Visage (Argot des voleurs). N.
BURLINGUE: Bureau.
J’ai été au burlingue du quart (Argot des voleurs).
BUQUER: Voleurs qui dévalisent dans les boutiques sous le prétexte de demander de la monnaie (Argot des voleurs).
BUTTE (Monter à la): Quand l’échafaud avait treize marches, cette expression était juste, aujourd’hui qu’il est de plein-pied, elle n’a plus de raison d’être (Argot des voleurs).
BUTTER: Tuer (Argot des voleurs).