Читать книгу Physionomie des paroisses de Paris : Saint Sulpice et Saint Roch - Diverse Auteurs - Страница 5

LE GRAND PORTAIL.

Оглавление

Table des matières

Ce portait mérite à plus d’un titre le nom de grand. C’est l’œuvre de Jean Servandoni, peintre et architecte florentin; ses dessins, ses majestueuses proportions, les imposants effets qu’il produit, tout décèle ici le génie de ce décorateur si distingué et si fécond, dont les compositions pittoresques pour les fêtes publiques et les scènes théâtrales firent, pendant si longtemps, les délices de l’Europe; cet artiste prouva bien, par le magnifique dessin du grand portail de Saint-Sulpice, que ce n’est pas seulement pour la scène, qui vit d’illusions, qu’il savait tracer un monument, mais que la pensée chrétienne pouvait aussi élever son génie, et lui faire enfanter des chefs-d’œuvre pour la postérité.

Servandoni, dans le portail de l’église de Saint-Sulpice, dont la majesté se développe si parfaitement, depuis surtout la démolition des bâtiments du séminaire qui le masquaient, a laissé dans cette composition un magnifique monument de son talent, de la pureté de son goût, de sa belle imagination, tout à la fois, ici preuves incontestables de sa supériorité sur les architectes qui avaient travaillé avant lui à cet édifice religieux.

En établissant son portail sur une aussi grande échelle, en adoptant pour ses lignes un si large parti, le célèbre artiste fit triompher la noble architecture de ce style maigre et sans caractère, de ces formes brisées et de ce tortillage continuel, dont le système bizarre, et qu’on peut regarder comme une espèce de mode française, était parvenu à dégrader jusqu’à la majesté des temples.

La direction des ordres dorique et ionique de ce portail , dont les entablements suivent toute l’étendue de la façade, sur une longueur de trois cent quatre-vingt-quatre pieds, sans aucun ressaut, est une de ces conceptions hardies qui caractérisent la grande manière de Servandoni, manière tellement opposée à celle de son siècle, qu’alors plus une ligne était ressautée et tourmentée de profits, plus les architectes, tant français qu’italiens, s’imaginaient avoir fait preuve de science et de génie.

Le grand portail était fort avancé, lorsque le digne pasteur, dont l’infatigable activité avait su procurer à son église une décoration intérieure digne d’un vaisseau aussi vaste et aussi magnifique, crut devoir profiter de l’occasion brillante que lui offrait l’assemblée du clergé, pour en rendre la dédicace plus solennelle. Les prélats qui composaient cette assemblée vénérable voulurent bien se rendre à la prière qui leur fut faite de présider à cette consécration; la cérémonie eut lieu le 30 juin 1745, et l’église fut dédiée sous l’invocation de la sainte Vierge, de saint Pierre et de saint Sulpice.

Servandoni, si habilement heureux dans la composition de son portail, échoua visiblement dans celle de ses tours; elles n’étaient pas assez élevées, et, de plus, elles n’avaient qu’une ordonnance. C’est aussi là l’écueil ordinaire de nos architectes modernes, qui, dans la construction d’une église, ne savent où placer les clochers pour qu’ils ne nuisent pas à l’ensemble, à la symétrie de l’édifice, et qu’ils n’aient point l’air d’un hors-d’œuvre. Cependant les zélés paroissiens de Saint-Sulpice mettaient beaucoup d’importance dans la hauteur de leurs clochers; ils tenaient à la gloire d’avoir une église dont les tours excédassent en grosseur et en élévation celles des autres églises. Ils voulaient que toutes les oreilles fussent frappées par la majesté de la sonnerie de leur paroisse; aussi monsieur le curé et messieurs les marguilliers chargèrent-ils un nouvel architecte, nommé Maclaurin, de reconstruire les tours et de les élever dans des proportions en rapport avec les vœux des paroissiens. Maclaurin fit donc exécuter, en 1749, deux tours, dont la première ordonnance était octogone; c’était une transition pour passer à la forme circulaire de la seconde ordonnance. Quand l’ouvrage fut terminé, il parut mal répondre à ce qu’on attendait, et il fut bientôt question de reconstruire ces tours sur un dessin plus noble, et en même temps plus en harmonie avec le portail. En 1777, Chalqrin fut choisi pour entreprendre ce travail réparateur; il reconstruisit la tour du nord, et la composa, comme l’autre, de deux ordonnances; mais, quoique la seconde soit circulaire, et la première quadrangulaire, elles s’accordent mieux que les précédentes avec l’ensemble de la façade. La tour du nord est d’ailleurs plus élevée et d’une composition plus riche que celle du sud, qui n’est pas achevée, et qui peut-être ne le sera jamais . Servandoni avait placé, entre les deux tours, un large fronton qui couronnait ses ordonnances; niais, en 1770, la foudre tomba; et, au lieu de réparer les dégradations, on remplaça ce fronton par une balustrade. Nous devons beaucoup le regretter, car, en jetant les yeux sur ces deux tours isolées qui s’élèvent comme deux géants dans les airs, il est difficile de ne pas désirer quelque chose qui comble le vide immense qui les sépare.

L’aplomb des tours est au rez-de-chaussée, où l’on voit deux chapelles ornées de colonnes corinthiennes supportant une frise garnie de rinceaux, au-dessus de laquelle s’élève un plafond ou coupole. L’intérieur renferme des statues. Ces chapelles furent originairement destinées, l’une à servir de Baptistère, et l’autre à devenir le sanctuaire du Saint-Viatique; plus tard, on conçut le projet de faire de la première une chapelle des morts, et de la seconde une chapelle où l’on célébrerait les mariages; mais ce projet ne fut jamais mis à exécution; enfin l’on y fit et l’on y fait encore le catéchisme aux enfants.

Maintenant que nous avons terminé la partie historique de l’église de Saint-Sulpice, en même temps que la description de l’extérieur de cette église, nous allons entrer dans l’intérieur, le parcourir, et nous arrêter partout où une pieuse curiosité nous appellera, pour tracer la description des ornements qui le décorent.

L’église de Saint-Sulpice possédait autrefois un assez grand nombre de tableaux de différents maîtres, et un nombre encore plus grand de monuments sépulcraux enrichis de sculptures; en parlant de ceux qui existent aujourd’hui, nous dirons un mot de ceux que nous avons perdus; mais pour ne pas interrompre notre narration, nous renverrons le lecteur aux notes mises au bas des pages.

Physionomie des paroisses de Paris : Saint Sulpice et Saint Roch

Подняться наверх