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DE L’ALIMENTATION COMPLÉMENTAIRE PENDANT LA PÉRIODE DU JEUNE AGE

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Table des matières

BASES PHYSIOLOGIQUES. — BILAN NUTRITIF. — PÉRIODE ou ELLE DOIT ÊTRE UTILISÉE. — INFLUENCE SUR LA CROISSANCE.

Il arrive un moment où l’alimentation lactée si physiologique fût-elle,. n’est plus suffisante pour assurer le développement hâtif et régulier du jeune sujet; il convient alors pour réaliser le bilan nutritif de la croissance, d’utiliser l’alimentation complémentaire.

La diététique à cette époque, présente quelques particularités physiologiques, à signaler. Parmi celles-ci citons, l’étendue de la surface cutanée, la déperdition calorique et la suractivité des combustions organiques. En outre, la structure délicate des organes digestifs, leur volume réduit, leur développement incomplet, l’état des sécrétions, etc., sont autant de facteurs dont il faut tenir compte à cette période.

Ces nécessités physiologiques spéciales à la période du jeune âge imposent — est-il besoin de le faire remarquer — une alimentation particulière tant sous le rapport quantitatif que qualitatif.

Bien que l’hygiène alimentaire des jeunes soit considérable, puisqu’elle tient sous sa dépendance directe la croissance et l’avenir du sujet, elle n’a fait jusqu’à ce jour l’objet d’aucune étude spéciale chez le pur sang, c’est pour combler cette lacune que nous lui consacrons ce chapitre.

Nous allons mettre en évidence l’importance de la déperdition calorique chez les jeunes sujets.

La température du corps étant notablement supérieure à celle de l’atmosphère ambiante, il en résulte une déperdition continuelle par rayonnement qui est balancée par des combustions internes.

Cette déperdition de chaleur est nécessairement variable, mais elle n’est pas proportionnelle à l’abaissement de la température. La surface cutanée se refroidit, en effet, beaucoup par vaso-constriction; la température centrale reste la même, mais la température superficielle du corps peut s’abaisser et c’est proportionnellement à la différence entre cette dernière et celle du milieu qu’ont lieu les échanges thermiques.

La surface absorbante de l’animal est fonction du carré de ses dimensions, tandis que sa masse varie avec le cube de ces mêmes dimensions. Les déperditions organiques seront d’autant plus intenses que par rapport à la masse, les surfaces seront plus grandes, ce qui est le cas pour les jeunes sujets dont les besoins sont supérieurs à ceux des animaux de grande taille. Il n’est pas exact, physiologiquement, de considérer comme égaux, les besoins d’un poulain de 100 kilogrammes et ceux de deux sujets de 50 kilogrammes; chacun de ces derniers, dépense plus que la moitié du précédent.

En résumé, à mesure que le poulain pèse davantage, sa surface spécifique, c’est-à-dire la surface correspondante à un kilogramme de son poids, diminue; en d’autres termes par rapport à l’unité de poids, la déperdition calorique est d’autant moins élevée que le jeune sujet pèse davantage.

C’est là un point capital au point de vue de l’alimentation des jeunes; chez eux, la surface de la peau étant proportionnellement à la masse de leur corps beaucoup plus grande que celle de l’adulte; devant lutter contre la déperdition considérable de chaleur qui se produit au niveau du tégument, ils doivent par suite consommer une plus grande quantité de matériaux nutritifs, pour maintenir au niveau nécessaire leur température centrale, et cette température ne peut être maintenue qu’à la condition d’avoir des échanges très actifs.

M. EDWARDS a établi par de nombreuses expériences que les animaux nouveau-nés se refroidissent très vite. Quatre petits chiens nés depuis vingt-quatre heures, ont été exposés, à une température de 13°, et leur température centrale a baissé de 16° en quatre heures et demie puis de 6° en huit heures et demie; à ce moment ils étaient devenus extrêmement faibles; néanmoins par des soins appropriés, il put les ranimer et leur faire regagner 6° en quinze minutes. Au bout de quatre heures, ils étaient revenus à la température normale.

Cette expérience montre combien les nouveau-nés sont extrêmement sensibles au froid par suite de la grande étendue de leur surface de rayonnement par rapport à leur poids.

Au point de vue de la suractivité des combustions organiques, la statique de la nutrition pendant la période du jeune âge prouve que plus le kilogramme de matière vivante est jeune, plus les combustions sont actives.

Les pertes organiques chez les poulains atteignent un taux plus fort que chez les adultes car, outre le simple entretien de leurs fonctions physiologiques, ils sont astreints à satisfaire à deux sortes d’exigences, les unes normales, qui sont la dépense habituelle, le déchet prévu et courant; les autres imposées par le travail supplémentaire dû à la suractivité fonctionnelle pendant la période de la croissance.

En dehors des exigences nutritives consécutives à la déperdition calorique, à la suractivité des combustions organiques; d’autres facteurs physiologiques, le développement incomplet du tube digestif, la faible capacité stomacale, l’aptitude digestive réduite pour certains principes immédiats, font varier les bases de la diététique des jeunes sujets.

Physiologiquement, l’état inachevé du tube digestif dans les semaines qui suivent la naissance ne permet tout d’abord qu’une alimentation lactée, mais peu à peu son perfectionnement progressif autorise l’emploi. à mesure que les jeunes grandissent, d’aliments de plus en plus variés, La fréquence et la régularité des repas constituent à cette période une nécessité impérieuse.

Il est curieux de constater, à propos de l’élevage du cheval de course, que ce sont les animaux pour lesquels on a la plus grande sollicitude, qui sont élevés par les hommes les plus compétents, qui sont les victimes de cette coutume antihygiénique qui consiste à les priver prématurément de l’alimentation lactée que la nature avait ménagée pour eux.

Certes nous admettons, avec tous les auteurs, que la précocité, — facteur indispensable au cheval de course — est intimement liée à l’emploi de l’avoine, mais encore faut-il employer cette dernière, le simple bon sens l’indique, à défaut de connaissances physiologiques, à une période où la faculté digestive le permet.

L’état des sécrétions, en particulier celles des sucs pancréatique et gastrique et de la salive parotidienne n’acquièrent véritablement que vers le 4e et le 5e mois le pouvoir de saccharifier en féculents; en outre, la structure des organes digestifs n’étant pas appropriée aux aliments relativement grossiers avec lesquels on les met en contact, il en résulte une impossibilité absolue de digestion; de là des diarrhées, des gastro-entérites fréquentes qui sont les résultats du mauvais fonctionnement de l’appareil digestif.

On peut dire que le surmenage de l’appareil digestif à cette période est la cause déterminante de la grande morbidité observée au haras; le retour au régime lacté est le vrai remède à opposer à ces accidents redoutables et si souvent mortels.

Pour toutes ces raisons le lait, par sa composition chimique et surtout par sa grande digestibilité, doit être considéré comme l’aliment physiologique exclusif pendant les deux ou trois premiers mois qui suivent la naissance.

L’adjonction d’autres aliments dans l’allaitement naturel n’est même pas rationnelle dans le cas où le rendement lacté serait insuffisant; il suffit, en effet, de combler le déficit en recourant à l’allaitement mixte qui apportera à l’organisme, sous une forme assimilable, les matériaux nutritifs déficitaires.

Envisageons maintenant, si l’on peut obtenir avec l’alimentation lactée exclusive pendant les deux premiers mois, la croissance normale.

Pour que le bilan nutritif qui correspond à la précocité soit réalisé pendant cette période, il faut que l’organisme reçoive journellement: 400 grammes de protéine, 360 grammes de matières grasses, 470 grammes de matières hydrocarbonées. Tous ces éléments — et nous en avons fourni la démonstration dans un autre ouvrage — sont renfermés dans une ration lactée de 10 litres.

Pourquoi vouloir substituer au lait, qui est l’aliment complet adapté, aux nécessités physiologiques de cette période, d’autres aliments d’une digestibilité plus faible?

Dans plusieurs haras nous avons fait des expériences sur des poulains, les uns soumis à l’alimentation lactée exclusive pendant les deux premiers mois, les autres soumis au régime mixte: lait et avoine. Les mensurations et les pesées effectuées régulièrement ont montré, au grand étonnement des éleveurs, que la croissance normale a été réalisée dans le lot soumis à l’alimentation lactée exclusive. Mais, remarque intéressante, ce dernier lot, contrairement à celui soumis à l’alimentation mixte, a présenté un état sanitaire excellent; aucun trouble digestif (diarrhée, gastro-entérite) qui provoque fatalement un arrêt de croissance, n’a été observé.

En résumé, nous basant sur l’étude physiologique que nous venons de faire, nous préconisons pendant les deux premiers mois qui suivent la naissance, l’emploi exclusif de l’alimentation lactée. Mais pour que l’équilibre nutritif, assurant la croissance normale du sujet, soit réalisé il faut de toute nécessité recourir à l’emploi de l’allaitement mixte.

Nous n’ignorons pas que notre façon de voir sera critiquée par les éleveurs mais on nous accordera que nos conclusions sont basées sur des données scientifiques vérifiées par la pratique.

Galopeurs et trotteurs : Hygiène. Elevage. Alimentation. Entraînement. Maladies

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