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DES PROPORTIONS

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On entend par proportions les rapports de dimensions que les régions doivent avoir entre elles et avec l’ensemble pour que de leur action résultent des mouvements faciles et sûrs.

C’est à tort qu’on attribue à un hippiâtre italien du XVIe siècle, Grisone(), la première idée des proportions du cheval; il suffit, en effet, de jeter un coup d’œil sur les écrits de cet auteur pour reconnaître qu’il s’est tout simplement occupé de déterminer les caractères propres à telle ou telle région, sans établir de rapport entre les dimensions de l’une et celles de l’autre.

Avant lui, d’ailleurs, un vétérinaire arabe du XVIe siècle, Abou-Bekr ben Bedr, donnait déjà, dans son livre le Nâcerî(), quelques indications relativement aux mesures que doit avoir, chez le cheval, telle région comparée à telle autre.

Mais, malgré leur originalité, ces indications elles-mêmes sont tellement vagues et incomplètes, que c’est bien à Bourgelat que revient tout le mérite des proportions; le premier, en effet, il les a établies d’une façon rationnelle, en prenant pour unité de mensuration la tête même de l’animal qu’il examinait. Il a ensuite subdivisé la tête en trois parties, ou primes, chaque prime en trois secondes, et chaque seconde en vingt-quatre points, de façon à pouvoir apprécier les plus petites dimensions.

Disons tout d’abord que, sans contester d’une façon absolue l’exactitude et l’utilité des proportions de Bourgelat, la plupart des auteurs ont critiqué les minuties dans lesquelles il est entré et n’ont accepté de son système que les règles principales.

M. Richard a même été plus loin: il a entièrement condamné ce système, comme étant «sans base raisonnée, sans motif fondé()

La question en était là lorsque M. le colonel Duhousset, puis MM. Goubaux et Barrier, vinrent appuyer de leur autorité la méthode de Bourgelat. Se rangeant néanmoins à l’avis de la majorité des hippologues, ces auteurs considèrent comme superflus les détails infinis dans lesquels est entré le fondateur des écoles vétérinaires; MM. Goubaux et Barrier lui reprochent même:

«1° D’avoir cru à la valeur absolue de ses règles, alors qu’elles sont essentiellement relatives à chaque genre de service en particulier;

«2° D’avoir méconnu les compensations qui règnent entre les régions;

«3° D’avoir laissé pour ainsi dire absolument de côté les rapports angulaires entretenus par les rayons osseux des membres;

«4° Enfin, d’avoir omis de parler des rapports de l’ensemble avec le système nerveux()

Mais, selon eux, ces exagérations, ces inexactitudes et ces omissions ne condamnent en aucune façon ce que le système a de vrai: «Bourgelat, disent-ils, a tenté de déterminer les rapports des parties entre elles et avec l’ensemble, c’est là son idée directrice; il a vu, il a senti ces rapports, c’est là son mérite; enfin, il en a trouvé quelques-uns qui resteront impérissables et qui témoignent des résultats auxquels peut conduire une idée juste secondée par un jugement sûr et un talent exceptionnel.»

Plus loin, d’ailleurs, ils proclament hautement que l’étude des proportions est des plus fructueuses, non seulement pour celui qui veut arriver vite à se former le coup d’œil et le jugement, mais encore pour l’artiste soucieux d’imprimer à ses œuvres l’exactitude de limitation.

A ce double point de vue, nous sommes absolument d’accord avec les auteurs précités; mais, quant à l’utilité pratique des proportions, nous avouons ne pas y croire beaucoup; nous sommes même bien près de partager la manière de voir de M. Richard relativement aux détails du système de Bourgelat; comme lui, nous pensons qu’on ne peut pas limiter, en extérieur, le développement du garrot, la hauteur de la poitrine, celle des épaules, etc.; comme lui, enfin, nous croyons qu’ «on ne trouvera jamais un boulet ou un avant-bras trop larges, ce dernier trop long, un genou trop développé, un tendon trop détaché, etc., etc.().» Si, d’un autre côté, nous pensons avec Lecoq que «l’opinion de M. Richard laisse intact le principe relatif aux proportions d’ensemble, d’après lequel la longueur et la hauteur du corps doivent être égales dans un cheval bien conformé()», nous n’en restons pas moins convaincu que, d’une manière générale, les proportions ne peuvent avoir qu’une importance secondaire au point de vue purement pratique, seraient-elles exactes dans tous leurs détails et applicables à tous les chevaux.

Et ceci est tellement vrai qu’il n’est pas un seul connaisseur réellement digne de ce titre qui se trouverait embarrassé en présence d’un cheval acéphale, dont il aurait à apprécier, sous le rappport des proportions, les autres parties du corps.

Toutefois, le système de Bourgelat a été tellement élargi depuis la mort de son auteur qu’il est vrai de dire que l’étude des proportions telles que nous les trouvons exposées dans le Traité de l’extérieur du cheval de MM. Goubaux et Barrier, offre, dans certains cas, une incontestable utilité pratique. Mais, nous le répétons, c’est surtout pour l’artiste et le débutant que cette étude sera fructueuse.

A l’exemple des auteurs ci-dessus, auxquels nous empruntons, d’ailleurs, une bonne partie des détails qui suivent, nous comprendrons dans les proportions: 1° les relations de dimensions des parties constituantes du corps; 2° les rapports de direction que peuvent affecter les rayons osseux les uns avec les autres; 3° les rapports généraux de l’ensemble; 4° enfin, les rapports de l’ensemble avec le système nerveux.

Le cheval : extérieur, régions, pied, proportions, aplombs, allures, âge, aptitudes

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