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DU FOND.

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Maintenant, qu’entend-on par fond? «Dans le langage ordinaire, disent MM. Goubaux et Barrier(), le fond est cette faculté en quelque manière mystérieuse, cachée, secrète, que l’animal paraît avoir en réserve et à l’aide de laquelle il résiste mieux qu’un autre à la fatigue...»

«C’est un mot, ajoutent-ils plus loin, dans lequel on a tout résumé : Vérité, préjugés, erreurs!»

Pour nous, si l’on pénètre plus loin dans l’essence même des choses, on arrive à reconnaître que le fond est tout simplement l’expression, le résultat d’une bonne conformation des régions, d’un parfait rapport de dimensions de ces régions entre elles et avec l’ensemble, d’une heureuse harmonie entre celui-ci et le système nerveux, d’une nourriture et d’un entraînement rationnels. Cependant, nous devons avouer avec MM. Goubaux et Barrier que, si l’étude de la conformation peut le faire préjuger, l’épreuve seule est capable de le mettre en évidence.

Il existe aussi bien chez les chevaux lents que chez ceux de vitesse, et s’il offre moins d’intérêt chez les premiers que chez les seconds, il ne s’ensuit pas qu’on doive qualifier de niaiserie() la croyance au fond des chevaux qui n’ont pas de vitesse.

La niaiserie est bien plutôt le fait de ceux qui nient l’extraordinaire force de résistance de la plupart des chevaux de trait. S’ils avaient jamais vu un charretier embourbé ; s’ils s’étaient mieux rendu compte des énormes difficultés que ces animaux ont sans cesse à surmonter, surtout lorsque le terrain est gras, couvert de neige ou de verglas, ils ne porteraient pas sur les chevaux de camion, d’omnibus, d’artillerie, etc., une appréciation à la fois si légère et si injuste!

A notre avis, tout cela vient de ce que l’on a confondu résistance à la fatigue avec énergie et excitabilité nerveuse, fond avec sang; de ce que l’on n’a pas bien compris que le sang est une qualité subordonnée à la forme, tandis que le fond est le résultat heureux d’une parfaite harmonie entre la conformation de l’animal et son système nerveux.

Toutefois, nous le répétons, le fond est beaucoup plus important à considérer chez les chevaux de vitesse; car le travail est plus «considérable, la dépense plus forte et, conséquemment, la fatigue plus grande...

«It is the pace that kill, c’est le train qui tue!...» disent les Anglais, exprimant ainsi les pertes énormes que cause une course précipitée().

Au point de vue qui nous occupe, de véritables tours de force (performances) ont été accomplis par certains chevaux exceptionnels. Citons-en quelques-uns: Le Stud Book anglais rapporte (tome III, p. 151) que Sharper, cheval de pur sang, parcourut, le 4 août 1825. à Saint-Pétersbourg, 80,100 mètres, soit un peu plus de 20 lieues, en 2 heures 48 minutes.

Youatt, de son côté, raconte qu’un cheval hackney fit l’énorme trajet de Londres à York (plus de 315 kilomètres) en 40 heures 35 minutes.

Enfin, le 3 avril 1882, un officier français, M. Prieur de la Comble, partait de Lunéville sur une jument hongroise, La Mascotte, et arrivait à Paris trois jours après, ayant parcouru en 72 heures les 388 kilomètres qui séparent les deux villes.

Ces exemples, pris au hasard parmi cent autres qu’il nous serait facile de signaler, montrent suffisamment de quel fond extraordinaire certains chevaux sont doués.

Il y a lieu de noter en passant que le fond du cheval est en partie subordonné à la manière dont on le conduit.

M. le général Bonie(), qui a spécialement étudié la meilleure combinaison des allures «pour marcher avec le moins de fatigue et le plus de vitesse possibles», estime qu’une troupe en marche() doit faire 2 kilomètres au trot (le kilomètre en 4 minutes 15 secondes environ) et 1 au pas (le kilomètre en 10 minutes). Toutefois, c’est là une vitesse moyenne qu’il est souvent nécessaire d’augmenter, en campagne par exemple. Or, dit l’auteur précité, «deux moyens se présentent pour obtenir une rapidité plus grande. L’un consiste à prolonger la durée des temps de trot, l’autre, au contraire, à la diminuer, en abrégeant également la durée des temps de pas».

Discutant successivement ces deux moyens, M. le général Bonie démontre que le second seul est acceptable. «Pour le cheval qui a peu de sang, dit-il, il importe d’alterner souvent les allures. On donne ainsi de fréquentes relâches au travail des poumons et des muscles, et l’animal chemine toujours calme et presque sans transpirer.

«Il ne faudrait pas cependant tomber dans l’exagération, et couper à chaque instant les allures. Un passage trop fréquent du pas au trot et du trot au pas énerverait hommes et chevaux. Il y a, entre les deux excès, un juste et sage milieu que l’expérience nous a permis de déterminer:

«Aucun cheval ne forge jusqu’à 1500 mètres. C’est une preuve que, sur cette distance, les muscles ont toujours le même ressort; l’allure y est très franche, a de l’entrain, et se soutient d’elle-même sans fatigue. Passé ce point, le nombre de chevaux qui forgent va toujours en augmentant. Par contre, la vitesse diminue. Sous le rapport de la rapidité, la distance de 1500 mètres au trot est donc la plus avantageuse. Elle est aussi parfaitement ajustée à la puissance musculaire de nos chevaux, puisqu’il n’est pas besoin de stimuler leur ardeur, ni de réveiller leur énergie pour un effort aussi limité.

«Pour déterminer la durée du temps de pas qui se combinera avec les 1500 mètres de trot, nous interrogerons les poumons(): Après 1500 mètres de trot, il faut cinq minutes de pas, ou 500 mètres, pour que la respiration du cheval redevienne calme et normale. Après 500 mètres de pas, on pourra donc reprendre le trot, et l’animal s’avancera ainsi dans les meilleures conditions.»

Le nombre des haltes est encore à considérer. M. le général Bonie admet qu’en temps ordinaire (paix), si l’étape ne dépasse pas 28 kilomètres, deux haltes sont suffisantes: l’une à 5 ou 6 kilomètres du départ; l’autre à 10 kilomètres de l’arrivée. Au-dessus de 28 kilomètres et jusqu’à 40, entre la première halte, qui est de cinq minutes, et la dernière, on arrêtera à moitié distance et on mettra pied à terre pendant un quart d’heure.

En temps de guerre, le nombre des haltes doit se calculer d’après la vitesse adoptée pour la route, en raison de la longueur du trajet; or, pour un parcours de 120 kilomètres, la vitesse doit être la suivante, et les haltes ainsi réparties:


( )


En tout, une heure vingt minutes de repos, distribuée en six haltes.

On fera ensuite un repos de quatre ou cinq heures; puis, on pourra refranchir 60 autres kilomètres en dix heures, avec cinq haltes de dix minutes chacune, de 12 en 12 kilomètres.

Jusque-là, nous nous sommes exclusivement occupé du fond du cheval examiné au pas et au trot. Il nous reste à déterminer la limite de ses moyens au galop, comme fond et comme vitesse. «Cette puissance, dit M. le général Bonie, dépasse de beaucoup l’idée générale que nous avons à ce sujet. Elle peut s’étendre jusqu’à la distance énorme de 5000 mètres. Seulement, il est de toute importance de connaître les principes indiquant la manière de ménager le train selon la distance, car si les chevaux sont malmenés, ils s’épuisent vite, surtout si le départ est trop rapide...

«Le tableau suivant indique les points où on peut changer de vitesse:

(La troupe court sur un terrain uni et ferme, et est supposée ne pas avoir encore travaillé de la journée.)

«Pour 1000 mètres et au-dessous, on peut se lancer très vite dès le départ.

«Pour:


«De 2000 à 3500 mètres, galop de 500 mètres par minute. Le train ne peut pas augmenter à l’arrivée.

«Pour 5000 mètres, galop ralenti sur tout le parcours. Pas de charge possible à l’arrivée.

«Après 1000 mètres de charge, il faut arrêter ou prendre le pas, parce que les poumons sont gorgés; mais les muscles ont encore assez de vigueur pour agir. Il faudrait vingt à vingt-cinq minutes pour que la respiration revînt à l’état normal; mais, après dix minutes de repos, on peut repartir et avoir encore assez de liberté de respiration pour parcourir 4 à 500 mètres à toute vitesse ou, si le galop ordinaire est suffisant, 12 à 1500 mètres, puisque la charge exige une triple dépense de force...»

Quant à l’influence du poids porté par le cheval, elle est considérable:

Lorsque le cheval n’est pas trop poussé dans ses allures, la charge n’agit pas sensiblement sur sa vitesse; mais elle augmente considérablement la fatigue et, par conséquent, épuise le fond. En voici la preuve: Après un certain nombre de kilomètres au trot, les respirations s’élèvent, pour les chevaux non chargés, à 60 par minute en moyenne; pour les mêmes animaux chargés, elles montent à 74. Il s’ensuit que les kilomètres de trot ont autant essoufflé les chevaux chargés qu’un parcours au galop.

«En présence d’une pareille diminution de fond, conclut M. le général Bonie, l’hésitation n’est plus permise, et il faut débarrasser à tout prix nos chevaux de leur attirail en campagne..... L’augmentation de puissance qui en résulterait est vraiment prodigieuse. Avec la charge de campagne, un cheval au trot dépense autant de force qu’un cheval au galop non chargé. En le soulageant de cette différence de poids, on triple donc sa puissance()

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