Читать книгу Nouveaux Contes pour les enfants - Eugène Bersiere - Страница 10

VII

Оглавление

Table des matières

Pierrot s’en est très bien tiré et se porte à charme. Il vit chez ses pareils, grandit et prend chaque jour des forces. Il ne manque pas de joyeuse compagnie parmi les jeunes de l’année. Les nuits d’été sont clémentes, les feuilles touffues, le sol tout ensemencé, et les petites graines volent au vent.

C’est toute une république que celle des moineaux. On ne s’y envoie pas de dépêches, mais on y a une langue tout comme chez les hommes; on sait s’y comprendre, et on y traite bien des affaires. Il va être question pour Pierrot d’un établissement avantageux, là-bas, dans la glycine qui tapisse une jolie maison. Il va y bâtir son nid et y avoir une gentille femme qu’il mènera dans le monde.

Il est resté dans le voisinage de ses anciennes connaissances. Mais il n’a plus peur de François, ni de Tigré, qui d’ailleurs ne lui a jamais fait de mal. Il ne craint pas d’aller un peu voir ce qui se passe chez les Marcelin et chez les Leroux. Ceux-ci habitent le rez-de-chaussée de la haute maison et cultivent un petit jardin devant leurs fenêtres. Ils ont de l’aisance, car M. Leroux travaille dur et ne va jamais chez le marchand de vin.

Souvent Pierrot se poste en observation sur la tonnelle du jardin et fait ses conjectures. Il revoit Élise et sa mère. Elles sont invitées à descendre tous les jours avec leur ouvrage; aussi Élise a-t-elle des joues moins pâles. C’est plaisir de voir tant de bons procédés entre voisins.

Par exemple, on n’entend plus parler de la vieille Rosalie. N’avait-elle donc personne au monde pour la regretter?

Félix est resté malade tout l’été. Si l’on n’était pas si content de lui au télégraphe, il aurait pu perdre sa place.

Pierrot a vu la chose la plus étonnante du monde:

François, assis, lui aussi, dans le jardinet, à côté du fauteuil où Félix reste tout le jour. Ils font ensemble une partie de dominos!

Pierrot ne sait pas comment cela a pu s’arranger. C’est peut-être parce que Félix n’a dit à personne le nom de son ennemi.

Pierrot trouve que François n’a plus la même figure. Il l’a vu embrasser sa mère. Peut-être qu’elle sait tout, elle? François se sera confessé. Mme Marcelin paraît toute rajeunie.

Pour un rien, le moineau irait se percher sur l’épaule de Félix, tout près de François. Mais avec l’âge est venue la réflexion.

— Tout de même, se dit-il, se grattant l’aile avec sa patte, mieux vaut rester chacun chez soi.

Nouveaux Contes pour les enfants

Подняться наверх