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DU COMPRESSEUR, ET DES DIVERS SUPPORTS.

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Dès l’instant qu’on a commencé à couvrir d’une lame de verre mince poli, la goutte de liquide qui contient les objets soumis au microscope, on s’est aperçu que la pression exercée par cette lame mince et celle qui résulte de la cohésion ou de l’action capillaire du liquide retenu entre les lames de verre, déforme de plus en plus ces objets, mais qu’en même tems elle les rend plus transparens et fait voir davantage dans leur intérieur les détails d’organisation. On a dû souvent aussi chercher à augmenter ou à varier cette pression, en appuyant obliquement une des aiguilles de dissection ou le bec de plume qui sert à pêcher les animalcules.

Cet effet de compression a été régularisé au moyen d’un instrument: le compresseur, imaginé par M. Purkinje, mais perfectionné beaucoup depuis. Ou en a tiré d’admirables résultats sur l’ovologie et sur l’helminthologie, parmi lesquels il faut mettre en première ligne ceux que M. Doyère a obtenus dans ses recherches sur les tardigrades.

L’instrument de M. Purkinje se composait de deux disques de verre reçus dans une virole en cuivre, et pressés l’un contre l’autre par un anneau qui se vissait dans la gorge de la virole.

Le compresseur perfectionné par M. Schiek de Berlin, est une sorte de fausse platine ou de porte-objet qui se pose sur la platine; il se compose (pl. II, fig. 8) d’une plaque rectangulaire de cuivre, ayant au milieu un trou rond pour laisser passer la lumière, garni d’une lame de verre, et sur laquelle s’applique une seconde lame mince, pressée par un anneau mobile m. Cet anneau, pour pouvoir s’appliquer également de partout sur la lame de verre mince, tourne sur deux pivots pp diamétralement opposés, entre les branches de la fourchette FF, qui elle-même est portée par un levier mobile à bascule en B, et traversé à son extrémité C par une vis à tète molettée, qui, pressant sur la pièce D, fait abaisser la fourchette et presse l’anneau m sur la lame de verre. La pièce D, elle-même, tourne sur une tige Q, engagée dans la plaque AA, pour qu’on puisse détourner toute la partie comprimante, quand on veut ajuster d’autres objets entre les lames de verre.

M. de Quatrefages a apporté au compresseur une modification importante, en le rendant susceptible d’être retourné à volonté sens dessus dessous, pour que le même objet, comprimé entre les lames de verre, puisse être observé du côté où sa structure se laisse mieux voir, et surtout pour que l’étude successive des deux faces complète les notions qu’on a voulu demander à ce mode d’expérimentation. Il a suffi, pour rendre le compresseur propre à cet usage, d’ajouter par dessus quatre petits pieds n, d’une hauteur telle que quand, en retournant le compresseur, ils posent sur la platine du microscope, l’objet placé entre les deux lames de verre qui doivent être alors d’égale épaisseur, se trouve encore au foyer du microscope. On conçoit qu’il faut aussi qu’alors l’anneau et la fourchette ne dépassent pas la hauteur de ces petits pieds, pour que le compresseur se pose bien horizontalement sur la platine.

Mon appareil d’éclairage laissant fort peu d’intervalle entre le concentrateur et le foyer du faisceau de lumière concentrée, ne permet pas de se servir des compresseurs ordinaires, dont l’épaisseur est trop considérable, à moins qu’on ne fasse monter les lentilles du concentrateur beaucoup au-dessus du niveau de la platine, ce qui ne serait pas sans inconvénient, puisqu’on ne pourrait plus alors faire glisser le compresseur d’un côté à l’autre. On pourrait sans doute construire des compresseurs beaucoup plus minces, mais ils manqueraient peut-être de solidité. Voilà toutefois comment j’ai pu les remplacer, pl. I, fig. 9: une simple bande de laiton BB rendu bien élastique par l’écrouissage, est fixée par une vis C sur un petit socle, au bord de la platine RR, puis de là en s’enfléchissant un peu, elle arrive jusqu’au-dessous de l’objectif du microscope A, offrant en cet endroit une ouverture ronde, de même diamètre que la monture de la lentille. En dessous, cette même lame doit être bien horizontale, et susceptible de s’appliquer exactement sur la lame de verre mince m qui recouvre le porte-objet nn. Une vis V, à tête molettée presse cette lame par un collet r r, et traverse la platine qui lui sert d’écrou. Ce petit appareil si simple reste toujours en place, et il est soulevé en vertu de son élasticité ; il ne me gène pas pour la plupart de mes obsertions, et je l’enlève facilement, en dévissant les deux vis V et C, si j’ai besoin d’avoir toute la platine libre. Quand il est en place comme à l’ordinaire, si dans le cours de mes observations je crois devoir faire, sur l’objet soumis au microscope, quelqu’expérience de compression, je n’ai qu’à tourner la vis V, et je puis, en réitérant les pressions graduelles que je donne ainsi, arriver aux mêmes résultats qu’avec le compresseur ordinaire; j’ai de plus l’avantage d’avoir toujours mon appareil sous la main, de même que pour les expériences de polarisation.

M. Mandl a nommé glisseur ou rouleur un appareil dérivant à la fois du chariot et du compresseur, et au moyen duquel l’objet soumis à l’observation est roulé sur lui-même et plus ou moins comprimé en même tems par le glissement de la lame de verre qui le recouvre. On se donne ainsi le moyen d’étudier le corps sous toutes ses faces et d’éviter les illusions ou les fausses notions qui résultent du simple aspect d’une image produite par les effets de réfraction d’un objet transparent.

M. Laurent, dans ses importantes recherches sur le développement de l’œuf des limaces, a été conduit à inventer un petit support (pl. II, fig. 11), composé de deux fils de métal tordus ensemble et laissant entre eux un certain nombre d’ouvertures rondes a a a, dans chacune desquelles il engage un œuf de limace. Cette série d’œufs se trouve tenue horizontalement près de la surface d’une petite caisse AA pleine d’eau, par une tige que termine en dehors une tête molettée T, et qui peut tourner sur elle-même dans un canon C soudé à la cloison A B. La rangée d’œufs peut donc, par ce moyen, être présentée à chaque instant au microscope sous tous les aspects; et le fond de la caisse étant formé par une glace bien transparente, on peut, comme M. Laurent, étudier le développement des embryons, malgré les changemens de position qu’ils éprouvent. Une simple caisse à fond de glace, comme celle dont nous venons de parler AA, est souvent employée pour étudier les animaux vivans ou la circulation des sucs des végétaux tels que les chara, les hydrocharis, les zanickellia, etc.; cependant je préfère les placer tout simplement entre des lames de verre mince avec de l’eau.

D’autres caisses en verre, à faces planes verticales comme celles de M. C. Chevalier, auront une utilité beaucoup plus réelle, parce qu’on peut y laisser vivre divers animaux ou végétaux qui se fixent aux parois où on les observe directement, en approchant la caisse de l’objectif d’un microscope horizontalement placé, et qui reçoit dans le sens même de son axe, la lumière soit directe soit réfléchie et concentrée par un miroir concave. De telles caisses verticales et plus ou moins épaisses, pourront être laissées long-tems en observation pour suivre le développement des œufs ou germes de zoophytes, de spirorbes, des algues, etc., qui viennent se fixer aux parois si on les a remplies d’eau de mer avec quelques petites touffes d’algues.

On a construit des supports de diverses formes pour observer sous le microscope la circulation du sang des poissons ou des têtards. M. Donné a particulièrement indiqué un moyen fort ingénieux pour montrer la circulation du sang dans la langue d’une grenouille qu’on étale avec quelques épingles sur une plaque de liége percée d’un trou pour le passage de la lumière. Nous en reparlerons plus tard à l’occasion des observations sur le sang.

M. Poizeuille a imaginé, pour ses belles recherches sur la circulation, un porte-objet pneumatique; c’est une caisse en cuivre fermée en dessus et en dessous par des glaces planes épaisses de 3,5mil, et dans laquelle, par le moyen d’un ajustage particulier, on peut augmenter ou diminuer la pression de l’air, après qu’on y a introduit des animaux ou même des végétaux pour les soumettre au microscope.

Avant que d’avoir construit des caisses de verre à faces planes, on observait les animalcules vivans dans des tubes ou dans des flacons cylindriques, et pour cela le microscope était muni de certains supports particuliers, auxquels on aura souvent encore recours, quand on voudra étudier quelque objet vivant que l’on ne peut retirer du flacon où il s’est développé.

Au microscope est encore jointe ordinairement une petite pince à ressort (fig. 5 m) portée par une tige cylindrique qui glisse dans un canon n, tournant à bascule sur un support fixé à la platine du microscope, de manière à pouvoir tourner sur lui-même. Un petit insecte, tenu par la pince, peut, au moyen des divers mouvemens dont cet appareil est susceptible, être amené facilement au foyer du microscope. La tige de la pince est terminée, à l’autre extrémité, par une pointe très fine pouvant également servir à fixer un insecte ou un autre objet sous l’objectif du microscope; mais on doit avoir soin de garnir cette pointe avec un petit étui, qui se visse en r, et empêche qu’on ne se blesse en se servant de la pince.

Cette petite pince étant nécessairement très légère, ne suffirait pas pour tenir un insecte qu’on voudrait disséquer; M. G. Oberhaüser en a construit une beaucoup plus forte et très commode pour ce même objet: elle se compose d’une longue tige d’acier cylindrique (pl, II, fig. 10), glissant dans un canon mobile C C porté par une pièce P fixée à vis V, sur le bord de la platine MM. C’est l’extrémité de la tige qui se termine elle-même en pointe, pour former une des mâchoires de la pince; une seconde pièce L, formant l’autre mâchoire, se trouve portée par un talon T, dans laquelle elle se meut à bascule. La queue L de cette pièce sert de bras de levier si on presse dessus avec le doigt, pour faire ouvrir la pince, qu’un petit ressort r s placé en dessous tient habituellement fermée, puis une vis V, permet de comprimer l’objet tenu entre les mâchoires de la pince, assez fortement pour qu’il ne cède pas à la traction exercée par les aiguilles de dissection ou les scalpels, et qu’il reste invariablement fixé au foyer du microscope F.

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