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DES APPAREILS POUR LA POLARISATION, POUR LES OPÉRATIONS DE CHIMIE MICROSCOPIQUE, etc.

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On a si souvent besoin de constater l’action des différens corps sur la lumière polarisée, qu’il est indispensable d’avoir toujours sous la main des moyens faciles et prompts pour faire cette expérience.

J’ai déjà dit, en parlant de l’écran diaphragme, comment une tourmaline collée avec un peu de cire sur une des ouvertures de cet écran, me sert à polariser instantanément le faisceau de lumière incidente. Une seconde plaque de tourmaline simplement posée sur l’oculaire du microscope vertical, ou portée par un anneau qui entre à frottement sur l’oculaire du microscope horizontal, sert à analyser le faisceau de lumière transmise. En effet, des plaques de tourmaline taillées parallèlement à l’axe des cristaux, fournissent un des meilleurs moyens et surtout des plus simples, pour avoir un faisceau de lumière polarisée, parce qu’elles ne laissent passer que les rayons polarisés dans le sens même de l’axe. La seconde lame placée sur le trajet du faisceau polarisé le laissera passer, si elle est tournée dans le même sens que la première: elle l’interceptera tout entier, si elle a son axe de cristallisation tourné à angle droit, et produira des effets intermédiaires pour toutes les autres positions. Mais pour que ces effets soient bien prononcés. il est nécessaire que les tourmalines aient une teinte assez foncée brune ou verte; car c’est par absorption d’une partie du faisceau lumineux, qu’elles rendent polarisée la portion transmise; cette coloration aura donc souvent un inconvénient grave en dénaturant les couleurs des objets sou. mis à l’observation. On a divers autres moyens de polariser la lumière, qui n’auront point cet inconvénient, mais qui généralement ne seront pas d’un usage aussi facile. Ainsi, on pourra polariser la lumière incidente par réflexion à 35° sur une plaque de verre noir, ou en lui faisant traverser sous une incidence oblique, ce qu’on nomme une pile de glaces minces, c’est-à-dire sept à dix plaques de verre superposées et inclinées de 35° sur la direction du faisceau. On peut enfin profiter de ce fait important, que dans la double réfraction par le spath d’Islande, les deux rayons dans lesquels se partage le faisceau transmis à travers ce cristal, sont polarisés en sens inverse. Il faudra donc, d’une manière quelconque, intercepter l’un des deux rayons, pour avoir l’autre rayon complètement polarisé et parfaitement pur. Cet effet s’obtient par une ingénieuse combinaison, dans le prisme de Nichol, ainsi nommé du nom de son inventeur; c’est simplement un cristal de spath d’Islande étroit et très alongé dans le sens de quatre de ses faces, lequel a été divisé, suivant un plan mené très obliquement d’un sommet au sommet opposé, et recollé ensuite avec de la térébenthine cuite ou quelque autre mastic. Il en résulte à l’intérieur une face réfléchissante oblique qui laisse passer celui-là seul des deux rayons qui est le moins incliné, et réfléchit complètement l’autre. Ce prisme de Nichol peut s’adapter sous la platine du microscope, ou se fixer au diaphragme.

Quant à la tourmaline superposée à l’oculaire, elle peut également être remplacée par une pile de glaces ou par un second prisme de Nichol, qui serait placé dans l’intérieur même du tube oculaire.

Expériences de chimie microscopique.

L’emploi des larges lames de verre mince dont on recouvre le porte-objet, permet de faire sous le microscope une foule d’opérations chimiques; car on peut faire arriver successivement, par capillarité, différens réactifs sous une telle lame mince, sans craindre de compromettre les parties métalliques du microscope, ni les lentilles. On peut encore, en portant au-dessus de la flamme d’une lampe ou d’une bougie, le porte-objet pendant quelques instans, reconnaître ensuite les réactions produites par la chaleur. Mais pour faire des opérations suivies et pour étudier particulièrement la marche des réactions produites par la chaleur, il est nécessaire d’avoir un appareil comme celui que M. Ch. Chevalier ajoute à son microscope horizontal, pl. I, fig. 9.

La pièce contenant le prisme réflecteur m à l’intérieur, et les lentilles, se retourne de manière que les lentilles n regardent en haut, alors on fait entrer à frottement l’anneau B qui porte une tige verticale A A, le long de laquelle peut glisser à crémaillère le support PP, et ayant vers le sommet un autre support mobile à fourchette D pour le miroir réflecteur N; on peut aussi avoir, dans l’intervalle, un diaphragme R à disque mobile.

Sur le support simple PP, on peut faire directement toutes les expériences à froid, soit dans des verres de montre, soit entre des lames de verre plan. Pour les expériences qui exigent l’emploi de la chaleur, on place sur le support une plaque rectangulaire alongée assez épaisse E F (fig. 10), aux deux extrémités de laquelle sont suspendues des petites lampes à alcool LL, au moyen desquelles on l’échauffe fortement en peu de tems. Au milieu de la plaque est une cavité concave, percée d’u, trou au centre, et dans laquelle se loge une petite capsule de verre G, comme un verre de montre, contenant les substances à mettre en expérience. Quand les petites lampes sont allumées, la chaleur de la plaque ne tarde pas à se communiquer à la capsule de verre et à son contenu.

Des expériences électro-chimiques ont pu également être faites sous le microscope, au moyen d’une petite pile à courant constant, comme celles que fabrique pour cet usage M. Ch. Chevalier, et des petits conducteurs isolés comme ceux de Ploessl, représentés dans la pl. I, fig. 11; on voit que les conducteurs sont deux fils métalliques mn, traversant deux petits tubes de verre vv qui glissent dans les canons cc mobiles à charnière en B B, sur les deux supports A A, fixés à une petite platine mobile DD.

Redressement ou retournement des images dans le microscope.

Enfin, pour terminer ce chapitre et cette section, nous devons indiquer le prisme redresseur appliqué par M. Ch. Chevalier à son microscope horizontal, pour rendre aux images leur position naturelle, et les diverses combinaisons d’oculaires multiples qu’on peut adapter au microscope vertical pour redresser complètement l’image. Ce redressement est presque indispensable quand on veut disséquer sous le microscope même, sans avoir acquis péniblement l’habitude de faire mouvoir les aiguilles ou les autres instrumens de dissection en sens inverse de ce qu’on voit réellement dans le champ du microscope, où les images sont renversées par l’effet du croisement des rayons. Pour le microscope horizontal, la réflexion par le prisme intérieur m a déjà redressé l’image de haut en bas, de sorte que les mouvemens faits d’arrière en avant sur le porte-objet, paraissent dirigés de bas en haut dans le champ du microscope; il ne reste donc qu’à redresser ou retourner l’image de droite à gauche, et c’est ce que fait le prisme redresseur (pl. I, fig. 12 ) dont les bases abc sont placées vis-à-vis la paroi du tube qui le renferme, et dont les arêtes sont transversales, ainsi que les faces qui dévient un peu et réfléchissent complètement le faisceau transmis par le microscope.

Ou conçoit donc qu’avec deux prismes semblables, placés à angle droit, l’un devant l’autre, dans un tube adapté à l’oculaire du microscope vertical, on redressera complètement, en deux fois, les images renversées de cet instrument, et avec une perte de lumière beaucoup moindre que dans les oculaires composés.

Expériences de daguerréotype sur les images formées dans le microscope.

Nous indiquons ici, comme pour mémoire seulement, la possibilité de reproduire sur des plaques daguerriennes, comme l’a fait M. Donné, les images formées dans le microscope. Il suffit pour cela, de supprimer l’oculaire du microscope vertical, et d’exposer une plaque préparée, à l’action des rayons qui, après avoir traversé les lentilles achromatiques ou l’objectif du microscope, viennent comme dans une chambre obscure former une image dans l’intérieur du tube, à une hauteur qu’on a soin de faire concorder exactement avec la position de la plaque. Les essais faits par M. Donné, permettent d’espérer qu’on pourrait arriver ainsi à des résultats satisfaisans. On a d’ailleurs reproduit, plus facilement encore, les images du microscope solaire sur les plaques daguerriennes.

Manuel de l'observateur au microscope

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