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I

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L est aux portes de la France un coin de l’Europe qui récèle, dans un isolement où il semble se complaire, un peuple dont le passé a droit à toute notre admiration, dont le présent est digne des plus vives sympathies, dont l’avenir jouera un grand rôle dans les questions d’équilibre politique. A ce peuple, que sa langue, ses mœurs, ses idées paraissent éloigner du grand mouvement européen, ses ancêtres ont légué des annales mêlées aux plus solennelles pages de l’histoire de la civilisation; des annales qui ne le cèdent en rien à celles de Rome pour la grandeur et l’héroïsme des faits, et qui ont à peine à redouter le parallèle avec celle de la Grèce pour l’éclat des arts et des lettres.

Ce peuple, si peu connu et si digne de l’être, ce peuple, composé à peine d’une poignée d’hommes, a été puissant par sa politique, considérable par son commerce, redoutable par ses armes, renommé pour sa science; et si sa langue, parlée et comprise seulement sur un territoire de quelques lieues, a empêché sa littérature d’être admirée au loin, il a répandu dans les arts une lueur qui brille encore dans tout l’univers, et que même ses plus illustres rivaux n’ont jamais éclipsée.

Nous avons nommé la Hollande, à laquelle, malgré les remaniements politiques des temps modernes, nous devons, pour l’intelligence de ce qui va suivre, rattacher les provinces flamandes de la Belgique actuelle, provinces dont le développement intellectuel, artistique et commercial, marchait de pair avec celui des provinces septentrionales, avant que la reforme et les guerres de religion ne fussent venues les en séparer violemment.

D’ailleurs, même après cette époque, les provinces parlant la langue flamande ou hollandaise, en deçà comme au delà du Moerdyk, continuent leurs rapports d’origine, de famille, si je puis m’exprimer ainsi, malgré la séparation politique et religieuse. Les biographes contemporains de l’école néerlandaise ne font pas de distinction entre l’école flamande et l’école hollandaise; tous s’accordent à donner aux artistes des deux écoles le nom commun de peintres néerlandais (nederlandsche konstschilders) ou des Pays-Bas, land signifiant pays et neer, contraction de neder, bas. Ce n’est pas tout; le prince d’Orange, désireux de posséder un tableau du peintre Zegers, frère lai dans l’ordre des jésuites, dépêche vers Anvers son peintre Willeborts. Zegers exécute, du consentement de ses chefs, un tableau pour le prince, qui répond par des cadeaux magnifiques au refus des pères d’accepter de l’argent. Zegers peint également un tableau pour la princesse d’Orange. Nouveaux cadeaux aux pères jésuites, et, de plus, envoi d’un passe-port autorisant ces pères à circuler librement dans les provinces affranchies pour y soigner les intérêts de leur ordre.

Dans la littérature, on continue également à s’entendre. Le protestant Hooft, le Tacite de l’histoire des Pays-Bas, correspond activement avec un savant capucin de Louvain, où Juste-Lipse va occuper une chaire après avoir enseigné à Leyde .

Mais ce sont les artistes surtout qui rapprochent ce que la réforme et la politique ont séparé. Anvers, Gand, Bruges, La Haye, Rotterdam, Amsterdam sont pour eux une patrie commune, qu’ils ne quittent que pour aller visiter l’Italie; car, notons-le bien, la réforme n’interrompt pas plus pour les artistes des provinces protestantes que pour ceux des provinces catholiques, l’usage traditionnel d’aller faire le voyage d’Italie.

Les deux Both, Weenix, Van Laar (Bamboccio), Honthorst, Asselyn, Lingelbach, Molyn, traversent les Alpes tout aussi bien que Rubens l’a fait, sur l’exemple et d’après les conseils de son grand maître Otto Vaenius, tout aussi bien que Van Dyck et toute la pléiade de peintres de mérite que ces grands noms ont éclipsés.

L'École néerlandaise et ses historiens

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