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Le rôle de Paris 8

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La solidarité anticolonialiste dans les années 70s était vive à Vincennes : Sahara occidental, Guinée-Bissau et Cap Vert, c’était proche, il y avait nombre d’étudiant.es qui en provenaient et militaient avec verve et art. Quant à l’Afrique australe, l’Angola est loin, et le Mozambique très loin. Un lien tout de même : nombre de jeunes Portugais, déserteurs de la coloniale, aussi parmi nos étudiants. Depuis la révolution des œillets, des contacts ouverts sont possibles. Mais l’Angola et le Mozambique s’enfoncent durablement dans la guerre civile. Pour l’Afrique du Sud, les comités anti-apartheid sont présents et actifs, l’ANC fait quelquefois des meetings. Pour la Namibie, coin oublié de l’Afrique, il y a deux étudiants qui font aussi tourner le bureau parisien de la Swapo, mouvement de libération majoritaire, et pour la Rhodésie devenue Zimbabwe il n’y a personne. Parmi les enseignant.es s’intéressant à l’Afrique, nombreux dans tous les départements, ce large consensus anticolonialiste prévaut, et parmi les sociologues et anthropologues africanistes, j’ai rencontré des marxistes du séminaire de Balandier : Rey, Terray, Lazarus… Dans cette solidarité routinière intervient un remous venant… du département de russe ! Un afflux d’étudiant.es africain.es venant de l’URSS en décomposition demande inscription ! Les étudiant.es africain.es parti.es se former en URSS/Russie n’y sont, à partir de 1990, plus accueilli.es, puis sont viré.es, souvent même sans avoir pu finir leur diplôme. Leur seul atout, ils ont appris le russe. C’est là qu’Irène Sokologorsky, professeure de russe et présidente de l’université (1991-96), découvre l’Afrique à son université. Et elle agit. Elle a mobilisé large autour d’elle, et les initiatives pour être solidaire avec les Africain.es se dessinent. Un Groupe Afrique se charge de faire un annuaire Les Afriques à Paris 8, édité en juin 1977.

Édition Numéro 10 – juin 1995 – Passerelles – Paris 8


Quand les trois conseils centraux ont examiné les statuts de notre centre d’études de recherche et d’actions solidaires avec l’Afrique – CERASA-Paris VIII –, Jean Copans est venu présenter et expertiser notre projet devant le Conseil des études et de la vie universitaire (CEVU), le 20/10/98. Il a insisté sur la nouveauté, et ses effets bénéfiques, consistant à lier recherche, enseignement et actions solidaires. Le CERASA a été créé en juillet 1999. Le Séminaire Afrique australe s’est donc trouvé à côté du Séminaire Interdisciplinaire Afriques du CERASA. Son conseil de direction, avec Michel Samuel et moi-même, a progressivement réuni l’ancien Certificat de spécialité études africaines, créé hors cursus dans les années 1980 par l’historien Benedetto Manacorda, et les deux séminaires en un ensemble ÉTUDES AFRICAINES. Sa brochure fait pratiquement office de carte de visite africaniste de Paris 83. Mais les séminaires Afrique australe s’arrêtent à ma retraite à la fin de l’année académique 2012/13.


N.B. Un compte rendu détaillé des séances en annexe p. 18-19.

L’Université s’est aussi engagée en éditant les travaux du colloque De la Révolution des œillets au IIIe millénaire, Portugal et Afrique lusophone : 25 ans d’évolution(s), organisé à Paris 8 les 4-5 juin 1999 par elle-même et le Conseil général de la Seine-Saint-Denis. La partie Afrique australe a été assurée par quatre membres de notre GDR, dont deux enseignants de Paris 8, Samuel Michel et moi-même, puis Christine Messiant (Ehess) et Brigitte Lachartre, ancienne étudiante ayant, avec ses ami.es, transformé leur comité de solidarité en une ONG, le CRIAA. L’université a aussi rendu possible une réédition de ma thèse :

La réédition d’Apartheid ! La Cassure a été une chance, hélas gaspillée. Après la première publication, j’avais soumis au Conseil des Nations unies pour la Namibie une demande de subvention pour la traduction de l’ouvrage dans des langues dans lesquelles rien n’avait été publié sur la Namibie. Faire connaître de par le monde la Namibie en manque de décolonisation était en effet une des tâches de ce conseil onusien. On m’a fait comprendre qu’un tel projet nécessitait le feu vert de la Swapo4. Si les représentants en France du mouvement de libération lisaient le français et appréciaient le côté solidaire de l’ouvrage, en revanche, ils ne voulaient, ou n’osaient pas cautionner ses aspects critiques auprès de leur direction à Luanda (Angola). Celle-ci, ne lisant pas le français, et par ailleurs peu encline à prêter voix à sa propre mise en cause et à avaliser les passages qui démentent sa propagande, prit tout un temps pour décider de ne rien décider. J’ai tenu à remercier le Conseil scientifique de l’université de Paris VIII, dont le soutien a permis de rendre l’ouvrage à nouveau disponible. [Diener, 2000, p. 10]

Et en 2005, l’université a décerné à Mandela le titre de docteur honoris causa.

C’est aussi grâce à ce tandem université/Conseil général de la Seine Saint-Denis que Michel Samuel a pu jusqu’à maintenant continuer des échanges avec l’Université pédagogique du Mozambique. Mais son activité scientifique et pédagogique au Mozambique a connu deux périodes : la première, dans le cadre d’un détachement auprès de l’Orstom, décrite précisément dans les actes du colloque De la Révolution des œillets… (p. 191-194) ; et la seconde toujours en cours depuis 2008 dans le cadre de l’accord interuniversitaire Paris 8 et l’Université pédagogique. Des collègues de Paris 8 de divers départements partent régulièrement en mission au Mozambique, et des collègues mozambicain.es à Paris 8 pour enseigner et/ou soutenir une thèse, ou des étudiant.es avancé.es viennent s’inscrire en master ou thèse. Ces échanges bien rodés avec le Mozambique me rappellent des initiatives en Namibie dans les années 1990. Quelques années après l’ouverture de la nouvelle Université de Namibie (UNAM), avec un département de français, bien dynamique, pour former des enseignant.es de français, des chercheur.es français comme moi, Olivier Graefe, Élisabeth Peyroux, d’autres encore de notre GDR, des littéraires et historiens de Besançon… le contact avec les collègues sur place avait, grâce à Jean-Yves Rigal, bientôt accouché d’une coopération interuniversitaire de type nouveau. L’étudiant.e de l’UNAM qui a obtenu le DALF et le bachelor dans sa matière d’étude avec mention, peut demander une bourse d’une ou deux années pour s’inscrire en maîtrise en France dans l’université partenaire. Maîtrisard.e à son retour, il/elle ressoutient sa maîtrise en anglais dans son département d’origine et aura aussi le master de l’UNAM. À terme se créeront des réseaux d’aide pour la recherche ici et là. Et ces bourses françaises seront dépensées en France. Les géographes de Nanterre en ont pris deux, un historien de Besançon a pris un étudiant, et aussi un collègue littéraire était preneur. J’ai prospecté autour de moi à Paris 8, cela intéressait. Et l’écho chez des professeurs de français de quelques universités sud-africaines était favorable : un bon stimulant pour les étudiant.es, et mine de rien pour la francophonie. Curieusement, la représentation de la France à Windhoek n’a pas bougé, et l’écho d’IFAS était inaudible. Comme si l’expérience faite par Jean Copans au niveau du MEA se répétait quelques étages plus bas : toujours pré carré et francophonie (mal comprise). Les très rares interventions de Jean Copans au séminaire Afrique australe portaient sur des aspects épistémologiques dans l’anthropologie sud-africaine, comme le 12 mai 2010 sur Max Gluckman et l’analyse d’une situation sociale : révolution scientifique et critique coloniale. Et comme une autre séance, organisée hors calendrier, pour rencontrer l’historien suisse/sud-africain Patrick Harries, spécialisé sur la traite esclavagiste entre l’Est africain et les Amériques via le Cap, ainsi que sur les pratiques interculturelles entre les missionnaires suisses et la population d’Afrique du Sud/Mozambique au début du XXe siècle.

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