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SOUS-CHAPITRE PREMIER

Table des matières

DIGRESSION SUR LA GROSSESSE ANTICIPÉE OU SUBINTRANTE.

Il est des choses que la plus simple énonciation éclaire; d’autres, au contraire, qui appellent la discussion et les développements.

13.

1° Nourrir dans une juste mesure.

14.

2° Cesser de nourrir en cas de grossesse avérée.

15.

3° Ne pas s’exposer à la conception pendant l’allaitement.

16.

4° S’y exposer le moins possible quand on n’est pas apte à nourrir.

(Il est, du reste, très-rare que la grossesse se produise dans ces conditions.)

Telle serait, à la rigueur, l’énonciation suffisante. Mais, le sera-t-elle pour amener la réforme des abus, s’il en existe?

C’est au moins douteux.

Dans tous les cas, nous allons expliquer l’incompatibilité physiologique et fonctionnelle dont il est question, c’est pourquoi nous aurons, cette fois, recours à l’analyse.

Une femme qui nourrit se trouve placée dans l’une des conditions suivantes:

Premier cas.

Elle nourrit son enfant jusqu’à l’avulsion des dents de lait, c’est la règle, quoiqu’il n’y ait rien d’absolu. Puis, elle sèvre, et tout est dit.

Deuxième et troisième cas.

Elle conçoit tout en nourrissant, et elle continue à nourrir; ou bien elle met son enfant en nourrice aussitôt qu’elle s’est aperçue de son état.

Quatrième cas.

Enfin, elle ne conçoit pas pendant la lactation, mais elle prolonge celle-ci d’une manière exagérée et abusive, hors de toute mesure rationnelle et raisonnable.

Habituellement, la nature, qui harmonise tout, se charge d’empêcher le cumul, la rencontre et le heurt des deux fonctions dont nous parlons.

Elles sont, effectivement, incompatibles, et s’excluent mutuellement.

Mais il y a, dans la nature tant d’exceptions qu’il est nécessaire d’ajouter que les explications qui vont suivre ne s’appliquent qu’à la généralité des cas.

EXPOSÉ.

Les seins et la matrice sont unis, chez la femme, soit à l’état de vacuité ou de grossesse, par les liens d’une étroite sympathie; et c’est à cause d’elle que la dualité de leurs fonctions est un mal.

Dualité veut dire antagonisme. Il s’entend de l’exercice de fonctions qui se contrarient et s’excluent réciproquement lorsqu’elles ont lieu dans le même temps, par analogie à cet aphorisme: Duobus doloribus, simul obortis, non in eodem loco, vehementior obscurat alterum. (Aphorimis Hippocratis.)

Aussitôt la conception opérée, un travail et un mouvement fluxionnaires s’établissent à la fois du côté des seins et de l’utérus. La nature commence à y préparer et à y charrier des matériaux qui doivent servir, les uns actuellement, les autres plus tard, à la formation et à l’alimentation du nouvel être qui est encore contenu dans le sein de sa mère.

Si, pendant la période de l’allaitement, une nouvelle grossesse survient, chose rare cependant, qu’arrive-t-il?

Le travail ci-dessus décrit est troublé. Chaque jour, un être relativement âgé, absorbe à son profit, et en grande proportion, des éléments qui ne lui sont plus destinés.

Faible d’abord, le mouvement fluxionnaire de la matrice n’en continue pas moins; puis il s’accentue tous les jours davantage. Il résulte de ce fait une dualité de service et d’action, une double nutrition intra et extrautérine, en un mot, une perturbation dans les services; un antagonisme qui entraîne nécessairement avec lui un grand dommage.

De quel côté le dommage sera-t-il? Nous allons bientôt le savoir.

Il sera partout.

La nature veut reprendre ses droits. Quelquefois les menstrues reparaissent, irrégulières et comme indécises. L’altération de la santé de la femme, l’altération du lait et sa diminution ne tardent pas à se produire.

Si la mère s’aperçoit de son double rôle, elle sèvre son enfant, car il y a lieu, ou elle le met en nourrice.

17.

Mais les choses ne se passent pas toujours d’une façon aussi simple, surtout si la femme continue à nourrir, tout en connaissant ou en ignorant son état.

Dans ce cas, le plus grand préjudice sera pour le nourrisson, qui absorbe indûment des matériaux réservés pour un autre, et qui ne possèdent plus, pour lui, les qualités requises.

Le préjudice sera aussi pour la mère qui, par ce fait, est obligée de pourvoir, tant bien que mal, à trois existences à la fois.

Enfin, il y aura aussi préjudice pour l’embryon. Mais celui-ci sera cependant le moins atteint. C’est justice, et cela en vertu d’une des grandes lois de la génération sur laquelle nous aurons l’occasion de revenir plus tard.

Certes, voilà bien du dommage partout, pour un petit manque de soin.

18.

Il est donc avéré que les deux services s’excluent réciproquement.

19.

Et, comme la grossesse doit être respectée en tout état de causes, ce sera la lactation qui devra être supprimée.

Il en résultera cette double proposition qui a déjà été ébauchée:

D’une part:

Si la grossesse survient pendant l’allaitement, la femme doit cesser de nourrir aussitôt qu’elle a conscience de son nouvel état.

Et d’autre part:

Une femme qui nourrit ne doit pas s’exposer à une grossesse anticipée ou subintrante.

Mais alors, que de réclamations!

Et surtout de la part des femmes qui ignorent (et elles sont nombreuses),

20.

Que le sevrage anticipé a moins d’inconvénients que la lactation trop prolongée.

21.

En thèse générale, il ne faudrait pas croire que mettre son enfant en nourrice soit une chose si simple, si naturelle, et de pure convenance individuelle et pécuniaire.

Nullement.

22.

La femme doit nourrir son enfant; c’est la règle. Dieu l’a voulu ainsi, et il a tout préparé dans ce but.

«Le contraire est une dissonnance de la nature et la femme ne remplit que la moitié de sa tâche, lorsqu’elle ne nourrit pas l’enfant qu’elle a mis au jour. Elle n’est bien digne du rang qu’elle occupe dans la société que lorsque, après en avoir fait l’ornement par ses charmes, elle a contribué à en augmenter la force en lui donnant des citoyens vigoureux et sains, qui aient reçu d’elle, avec le lait, l’exemple d’un inviolable attachement aux devoirs sacrés qu’elle impose» .

23.

La santé de la femme ne souffre pas de la lactation, lorsque celle-ci a lieu dans des limites modérées.

24.

Au contraire, la lactation normale est un émonctoire naturel, qui peut prévenir certains désordres du côté surtout des organes génitaux de la mère.

25.

La nourrice étrangère ne doit donc être qu’une exception dans l’espèce.

Exception sage ou imprudente.

Sage, lorsqu’elle sera bien conduite, que la nourrice sera bien choisie; et surtout lorsque le cas rentrera dans l’un de ceux des contre-indicacations de la grossesse, tel que les maladies héréditaires, les scrofules, le rachitisme, la phtisie pulmonaire, etc.

Imprudente dans un très-grand nombre de cas,

La question de la nourrice est considérable. Un père de famille, homme très-intelligent, nous assure que ses huit enfants, nourris chacun par une nourrice différente, ont chacun le caractère et le tempérament de leur nourrice.

UN MOT DE PLUS:

L’abus de la lactation.

Table des matières

26.

C’est le métier de l’allaitement.

Il ne faut pas qu’on puisse le confondre avec le métier de nourrice.

On comprend que si les faits qui précèdent ont été exposés ici, c’est moins pour les démontrer que pour en tirer des inductions, car ces faits sont connus de tous.

L’abus qui s’y glisse l’est un peu moins, c’est pourquoi il est utile de le signaler en finissant ce chapitre.

Certaines femmes le connaissent bien, cependant, surtout celles de la campagne. Elles l’exploitent à leur profit, et le font servir à la réalisation de leurs désirs, tout en déguisant leurs passions.

Elles abusent ainsi de la prolongation de l’allaitement, en se donnant et en savourant tout à leur aise les apparences d’une excellente mère de famille, qui demande à son gros garçon de lui avancer une chaise pour le faire téter plus à l’aise.

C’est la lactation luxurieuse.

Sommes-nous bien compris? Nous ne devons nous expliquer plus, et ne saurions nous expliquer mieux.

Fidèle au titre de cette œuvre, auquel ces attributs se rattachent, si étroitement, nous avons dû montrer l’abus pour le combattre.

Nos armes seront bien simples, les voici:

Chaque abus porte avec lui sa peine.

Prolonger l’allaitement de l’enfant indûment et sans raisons, ou lui substituer des nourrissons successifs, dans le but de retarder la grossesse, c’est abuser de la nature.

27.

Mais le châtiment suit de près cet abus.

Le châtiment, ce sera la maigreur extrême qui sied si mal à la femme. Elle maigrira..... beaucoup... pour ne plus jamais démaigrir.

Heureuse même, si elle en est quitte à si bon marché !

«Les seins, ces organes doubles et symétriquement disposés sur la partie antérieure de la poitrine, entrent essentiellement dans l’idée de la beauté, de sorte qu’en consommant et en perfectionnant l’ouvrage de la génération, ils servent en même temps à parer la femme et à augmenter ses attraits naturels. Cela vient à l’appui du principe que nous avons établi ailleurs, que la beauté n’est que l’aptitude à bien remplir un objet utile et grand, fondée sur des rapports exacts et sensibles. Cela est d’autant plus incontestable par rapport à l’organe dont il s’agit ici, que la forme, que le seul agrément ferait rechercher en lui, est aussi celle qui est la plus propre à effectuer les intentions de la nature. Un trop grand volume, une forme aplatie, maigre, exiguë s’éloignent également des justes rapports que sa destination exige. (Roussel.)»

La continence n’est pas la seule vertu convenable à une nourrice. Le plus essentiel c’est qu’elle ait un tempérament sain et une âme paisible.

(Une âme paisible dans un corps sain.)

L'avenir du mariage, ou L'usage et l'abus dans l'union des sexes

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