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CHAPITRE IX.
Du Schisme.

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DAns les premiers mouvemens qui ménacent d’un Schisme, celui qui commence la dispute, est censé avoir commis le premier acte d’hostilité,&si l’on pouvoit, en reprimant ce premier acte, prévenir une guerre dangéreuse, un motif si louable, excuseroit peut-être, celui qui sen laisseroit séduire, au point d’oublier qu’on ne peut le réprimer, qu’en interdisant à tout homme la liberté de proposer ces idées, ce qui seroit réduire toute une Nation à la plus stupide ignorance,&faire un grand mal pour en éviter un petit. Mais dans le fait, ces premiers actes d’hostilité se passent dans l’ombre des Écoles, il est presque toujours impossible, quand même le Gouvernement voudroit entrer dans des détails indignes de lui, de sçavoir qui est véritablement l’aggresseur. L’orage est déjà formé, quand le bruit s’en fait entendre aux oreilles du Prince, &quand une fois la guerre est allumée, quand les esprits font enflammés&dans une violente agitation, l’unique moyen de rétablir la paix, est de mettre en vigueur la Loi équitable qui peut feule maintenir la paix, la Loi d’égalité; c’est-à-dire, qu’il faut, en donnant à tous la liberté de soutenir leur opinion, empêcher de part&d’autre les violences&les punir, également de la part des persécuteurs,&de la part des persécutés. Ce vers de Virgile, tant de fois cité, n’a jamais eû d’application si juste,

CHAPITRE X.
CONTINUATION.

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IL est bon d’observer encore deux choses a l’égard de ces disputes.

1o. Souvent la persécution produit elle-même le Schisme. Ne peut-on pas sans admettre la tolérance des opinions admettre celle des personnes? Ce n’est point aimer le péché que d’aimer les pécheurs. Combien de Schismes n’auroit-on pas prévenu, par des voyes douces&de conciliation,&seulement en modérant un peu l’amertume de son zèle contre les opinions erronées.

Combien de Chrétiens dorment paisiblement sur la soi de leur orthodoxie, qui se reveilleroient hérétiques, si l’on troubloit le repos de leur conscience? Combien y en a-t-il qui seroient fort étonnés&fort allarmés de se trouver Nestoriens, Monotélites, Eutichiens, Pélagiens,&c? Il y a tout lieu de croire que la plupart abjureroient bien vîte ces anciennes erreurs; mais il y en auroit peut-être d’assez entêtés pour y persévérer.

Jusqu’où ces gens là péchent pour être dans l’erreur de bonne foi,&si c’est leur rendre service de les en tirer, c’est ce que Dieu seul peut sçavoir, &il ne l’a pas révélé aux persécuteurs.

2o. Je crois qu’on peut mettre au rang des persécuteurs&des infracteurs du Droit des gens, les Controversistes de la Religion dominante, qui attaquent avec aigreur&sans modération, une Religion tolérée, qui n’a presque pas le droit de se défendre.

Je mettrois dans le même rang beaucoup de personnes qui ne croyent pas y être, les Pères, les Maîtres, les Maris, les Princes, les gens en place,&c. qui, sans user d’une contrainte formelle pour faire adopter leurs opinions, témoignent de la haine, du mépris, de l’aversion, ou un extrême déplaisir, quand on ne veut pas les adopter.

C’est encore une véritable persécution, que de vouloir sans cesse, exhorter, instruire, même sans aucune aigreur; je dis sans cesse,&j’excepte les occasions ou l’on y est obligé par état.

Enfin quelque louable que soit le motif, on ne s’écarte jamais du principe d’égalité, sans faire de la peine ou du tort à quelqu’un. Nous allons faire voir que cela n’est jamais permis, quand on feroit convaincu d’en avoir le droit, quand même on croiroit faire mieux encore.

Essai sur la tolerance chrétienne

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