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CHAPITRE VIII.
Si la vraye Religion doit souffrir que l’erreur se vante d’être la vérité?

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Table des matières

SI quelqu’un disoit que la vraye Religion ne doit pas souffrir une pareille audace,&que tout imposteur mérite d’être puni, ce ne seroit point du tout entendre l’état de la question. Il s’agit ici d’un principe fondamental du Droit des gens: ce qu’il ne faut jamais perdre de vûë.

Pour terminer les guerres entre les Souverains, on convient quelquefois que l’un gardera la possession réelle d’un Royaume, par exemple,&que l’autre continuera d’en prendre le titre. Et quels titres ne laisseroit–on point usurper à la vanité des hommes pour éviter l’effusion de sang,&les horreurs d’une guerre interminable? La vraye Religion est celle qui posséde, dès que ceux qui en sont exclus la laissent jouïr paisiblement de la réalité, pourquoi leur envieroit-elle une chimère qui les contente?

Les Mahométans se disent les vrais croyans&nous regardent comme des infidèles, est-ce une raison pour leur déclarer la guerre?

Le Grand Seigneur n’ôte rien à aucun Souverain, quoiqu’il se qualifie de Roi des Rois,&ceux qui prennent les noms de Roi de Jérusalem ou de Chypre, ne lui ôtent pas ces Royaumes.

Il en est des Sectes qui se sont séparées&rendues indépendantes, comme des États qui se sont rendus indépendans. L’Espagne traite avec les Provinces Unies, jadis ses Sujettes, &Gênes auroit traité avec le Roi Théodore. Le Pape traitoit avec l’Empereur Grec, Schismatique. Tous les États traitent avec Sa Sainteté, quoique les uns ne reconnoissent en lui que sa puissance temporelle; &d’autres, une partie seulement de sa puissance spirituelle.

Cela n’empêche point que le Schisme&la révolte ne soient des choses punissables par elles-mêmes,&qu’il ne saille faire en sorte de les prévenir: mais avec cette différence, que la révolte qui est un crime civil, peut être puni par des peines afflictives& même capitales, parce que ces peines sont ordinairement nécessaires pour la réprimer, au lieu que le Schisme qui est un péché plutôt qu’un crime, qui n’est une révolte que contre une autorité purement Ecclésiastique, ne doit être puni que par des peines Ecclésiastiques. Les peines civiles seroient injustes, parce que la puissance civile qui pourroit très-bien, sans perdre aucun de ses droits être exercée par des Payens ou des Mahométans, n’est pas compétente pour juger si telle ou telle autorité Ecclésiastique est légitime ou non,&par conséquent si la révolte contre cette autorité est, ou n’est pas un Schisme. Ces peines sont encore dangereuses, comme le prouve l’exemple de tous les siécles. L’esprit de Secte se nourrit d’exils, de prisons, de supplices,&s’exalte par-là, pour ainsi dire, en un dangereux fanatisme. Nous allons faire quelques remarques sur cette question,

Essai sur la tolerance chrétienne

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