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IV.

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A quelques lieues de Villefranche, était Lyon, vraie rivale alors de Paris. C’était un centre plus à portée de l’Italie, nécessaire foyer de la Renaissance. «Si le centre du monde civilisé, dit Elisée Reclus, était resté en Italie, Lyon aurait probablement gardé son rang de ville principale des Gaules.» Les Allemands y avaient fait prospérer l’art de l’imprimerie, les Italiens celui des tissus de soie. Cette ville, un peu cosmopolite, accueillante, hospitalière, prodiguait les fêtes dispendieuses, comme bientôt Anvers allait le faire. Louis XII en vint même à redouter cette prodigalité.

Lyon était pour Lemaire «le second œil de France.» Il y était souvent appelé à la suite de son maître qui y visitait son frère, Charles, le Cardinal de Bourbon ou accompagnait le roi de France quand il préparait une campagne d’Italie. Grâce à Perréal, surnommé Jehan de Paris, l’homme de confiance du roi aussi bien que du consulat, le directeur de toutes les fêtes, l’organisateur de la corporation lyonnaise «des peintres, tailleurs d’imaiges et verriers», il fut facile au jeune belge d’avoir les relations les plus brillantes. On le vit d’abord comme enchanté par les femmes artistes et poètes, si nombreuses dans la patrie de Louise Labé:

Et ie qui fus, en temps de guerre et noise,

Né de Haynnau, païs enclin aux armes,

Vins de bien loing querre amour lyonnoise..

Cette double inspiration de la Rome dAuguste et de la Florence de Pétrarque qui fit aboutir la Renaissance, on la sentait ici plus vivement qu’ailleurs. Une académie de gallicans, d’humanistes, de protecteurs des arts et de poètes enthousiastes de l’Italie, s’était établie à Fourvière qu’on dérivait alors de Forum Veneris, aussi bien que du Forum Vetus de Trajan. Le goût des antiquités s’était réveillé au milieu de ces nobles ruines du palais de Claude. Plus dune merveille d’archéologie qu’on admire aujourd’hui au Musée des Antiques de Lyon vient de ces chercheurs enthousiastes. Le rêveur de Belgis fut accueilli à bras ouverts par Humbert de Villeneuve, les frères Hugues et Humbert Fournier, Symphorien Champier le vaniteux parent de Bayard, Claude Paterin, vice-chancelier de Milan, Benoît Court (Curtius) le grave commentateur des Arresta amorum, et tant d’autres originaux qui mêlaient les choses les plus hétéroclites, comme il arrive aux époques de fougueuse effervescence. Un autre belge faisait alors beaucoup parler de lui, le savant Badius (Van Assche) qui, dit Colonia (II, 588) tout en dirigeant les belles éditions classiques de Jean Trechsel, son beau-père, «mit dans le goût des humanitéz la jeune noblesse de cette ville. Il lui expliquait publiquement les anciens autheurs sur lesquels il composa de sçavans commentaires in-folio qui sont aujourd’hui fort recherchés. Ceux qu’il imprima sur Cicéron, sur Virgile, Horace. Salluste, Valère-Maxime, Juvénal, Aulu-Gelle et Lucain, sont un des ornemens de nos bibliothèques. Il éclaircit même par des notes les ouvrages de quelques modernes: tels que Laurent Valla, Politien et Jean-Baptiste Mantouan.» Ce dernier, dont le vrai nom était Battista Spagnuoli, était alors admiré comme un nouveau Virgile, et l’on voit par le Livret de1498combien Lemaire partageait cette admiration pour les nouvelles Bucoliques. On voit aussi par ses écrits qu’il profita de toutes les publications de son compatriote brabançon, l’ennemi du gothique encore ailleurs que dans les réformes de la typographie..

La vie et les oeuvres de Jean Lemaire de Belges

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