Читать книгу Notions d'agriculture et d'horticulture: premières notions d'agriculture - Jean-Augustin Barral - Страница 8

Оглавление

QUATRIÈME LEÇON

Table des matières

CHARRUES

21. — La charrue est l’instrument dont on se sert pour exécuter les labours.

C’est l’instrument essentiel du cultivateur; il est désigné sous des noms divers: araire, areau, charrue, suivant les pays.

L’ouverture faite dans la terre par la charrue est appelée sillon.

Les sillons bien faits sont droits, également profonds dans toute leur longueur.

Ces qualités dépendent de l’habileté du laboureur.

La largeur du sillon varie avec la largeur du soc combinée avec celle du versoir. Les sillons étroits divisent mieux la terre que les sillons larges; c’est pourquoi ils sont généralement préférés. Il est surtout important, dans les terres fortes, que les sillons n’aient pas une trop grande largeur.

Le laboureur habile évite de s’arrêter pendant qu’il trace un sillon. Il fait reposer son attelage seulement aux extrémités du champ. C’est une excellente précaution pour assurer à la fois la direction régulière et la profondeur uniforme des sillons.

22. — Jadis informe, faite d’un bois dur muni d’une lame ou soc en fer, la charrue est devenue un instrument perfectionné, qui, avec une dépense de force beaucoup moindre, accomplit un meilleur travail.

Les principales parties de la charrue la plus ordinaire sont (fig. 3) l’age, le coutre, le soc, le versoir, le sep, les manches ou mancherons, le régulateur.

23. — L’age forme la charpente de la charrue; c’est une pièce horizontale E, en bois ou en fer, sur laquelle sont fixées les autres parties de l’instrument. L’âge est droit ou cintré.

Le coutre, GH, couteau fixé sur l’age, est destiné à couper verticalement la bande de terre.

FIG. 3. — Charrue simple.


Le soc, C, est un couteau placé horizontalement au-dessous de l’age, auquel il est fixé par sa partie supérieure; il entre dans le sol, et coupe horizontalement, quand la charrue est en marche, une bande de terre égale à sa largeur.

Le sep, A, pièce de bois ou de fer, placée derrière le soc, glisse au fond du sillon, en appuyant dessus.

24. — Le versoir, D, est une pièce métallique, placée derrière le soc, conformée et disposée de manière à rejeter sur le côté du sillon, en la retournant, la bande de terre coupée par le soc et le coutre.

FIG. 4. — Araire attelé de deux chevaux.


Les manches ou mancherons, F, sont deux pièces inclinées fixées à l’arrière de l’age; c’est à l’aide des mancherons que le laboureur conduit la charrue.

FIG. 5. — Charrue à avant-train.


Le régulateur, KJ, est une pièce fixée à l’avant de l’age, glissant dans une mortaise, et qui sert à élever ou à abaisser la ligne de tirage ou bien à la porter plus à droite ou plus à gauche, suivant que l’on veut faire pénétrer le soc plus ou moins profondément dans le sol, ou bien encore selon qu’on veut creuser un sillon plus ou moins large.

25. — Les charrues les plus employées peuvent être classées en deux grandes catégories: les charrues sans avant-train (fig. 4), appelées aussi araires, et les charrues à avant-train (fig. 5 et 6).

FIG. 6. — Charrue flamande à avant-train.


L’avant-train (fig. 6) se compose de deux roues réunies par un essieu. L’extrémité antérieure de l’age est fixée à l’essieu, lequel porte le régulateur. Dans beaucoup de charrues à avant-train, le régulateur est plus compliqué que dans la charrue simple.

La charrue à avant-train demande, pour exécuter le même travail, plus de force que la charrue simple; mais elle présente l’avantage d’exiger moins d’habileté chez le laboureur.

FIG. 7. — Labourage avec la charrue à avant-train.


On construit des charrues à avant-train qui, une fois réglées, demeurent fixes et stables dans la disposition de leurs divers organes, quelle que soit la profondeur du labour. C’est ce qu’on appelle des charrues fixes (fig. 8).

L’avant-train est parfois remplacé par une simple petite roue ou rouelle en fer (fig. 9), ou même par un sabot comme on le voit dans le binot flamand (fig, 31, page 49).

FIG. 8. — Charrue fixe de Dombasle.


26. — Le type de charrue appelé charrue Dombasle est celui qui a servi de modèle pour la plupart des charrues modernes.

La charrue ordinaire retourne toujours du même côté la terre du sillon. Par conséquent, lorsqu’un sillon a été tracé, le laboureur doit revenir à l’extrémité du champ d’où il est parti, pour faire un deuxième sillon à côté du premier; s’il veut revenir en travaillant, il faut qu’il trace son sillon à une certaine distance du premier, afin de ne pas rejeter dessus la terre retournée.

FIG. 9. — Charrue munie d’une petite roue en fer.


Pour éviter les inconvénients de ces pertes de temps, on a imaginé les charrues tourne-oreilles. Ce sont des charrues dans lesquelles le soc et le versoir peuvent basculer autour de l’age. Elles peuvent donc renverser alternativement la terre du sillon de gauche à droite ou de droite à gauche. Avec ces charrues, on peut tracer côte à côte, en allant et en revenant, des sillons dont la terre est retournée dans le même sens.

FIG. 10. — Charrue brabant double.


La charrue tourne-oreilles est souvent remplacée par la charrue brabant double (fig. 10). Cette charrue est formée par deux corps de charrue montés sur le même âge, dans un plan vertical. La figure 11 montre comment on laboure avec la charrue brabant double.

FIG. 11. — Labourage avec la charrue brabant double.


27. — L’invention des charrues à plusieurs socs a permis d’économiser du temps pour les labours superficiels et pour les labours ordinaires dans les terres faciles à travailler.

Dans la charrue bisoc (fig. 12), l’age est remplacé par un bâti en bois ou en fer, portant deux corps de charrue. On peut, avec cette charrue, tracer à la fois deux sillons parallèles.

FIG. 12. — Charrue bisoc.


La charrue trisoc est munie de trois socs et trace à la fois trois sillons.

28. — Les charrues fouilleuses sont (fig. 13) des charrues sans versoir et dont le soc est en forme de coin allongé. Ces charrues servent à remuer et à émietter le sous-sol, lorsqu’on ne veut pas le ramener à la surface.

On les fait avancer dans le sillon tracé par la charrue ordinaire. Lorsque celle-ci trace le sillon suivant, elle renverse la terre arable par-dessus le sous-sol ameubli par la fouilleuse et l’on a l’avantage d’un labour plus profond sans mélanger la terre arable supérieure avec celle du sous-sol.

FIG. 13. — Type de charrue fouilleuse.


29. — Dans quelques pays, les travaux de labour des vignobles se font à la charrue.

La charrue qui sert pour les vignes porte le nom de charrue vigneronne (fig. 14). Elle doit être construite de manière à présenter peu de largeur, afin que l’on puisse faire le travail sans froisser et sans blesser les bourgeons ou les sarments.

La même précaution doit être prise pour l’attelage (fig. 15). Le plus souvent, la charrue est traînée par un cheval, par une mule, ou par un bœuf, dont les harnais sont réduits au strict nécessaire.

FIG. 14. — Charrue vigneronne.


30. — Les charrues sont ordinairement traînées par des chevaux (fig. 11) ou par des bœufs (fig. 16). Les bœufs marchent plus lentement, mais ce sont les animaux dont le travail coûte le moins cher, car ils conservent leur valeur d’animaux de boucherie.

Le nombre des animaux qui doivent être attelés à la charrue dépend de la nature de la terre et de la profondeur du labour. Il varie depuis deux jusqu’à huit ou dix chevaux dans les labours de défoncement.

La quantité de travail que l’on peut faire avec une charrue varie de 35 à 60 ares par jour, suivant la nature du sol, la profondeur du labour et le système de charrue qu’on emploie.

On peut cultiver les champs avec des charrues mues par la vapeur ou même par l’électricité. Dans l’état présent des choses, ce système n’est applicable que dans des champs vastes et en plaine. En Amérique, on se sert avec avantage de charrues munies d’un siège pour le conducteur.

FIG. 15. — Attelage de la charrue vigneronne


Mathieu de Dombasle.

31. — Mathieu de Dombasle, qui a transformé l’ancienne charrue, est né à Nancy, en 1778. Il se livra de bonne heure aux études agricoles, et il s’appliqua, avec une grande ardeur, à perfectionner les industries qui se rattachent à la culture de la terre.

En 1822, il fut appelé à diriger la ferme de Roville, dans la vallée de la Moselle, entre Nancy et Épinal. Frappé de l’imperfection des outils aratoires en usage chez tous les cultivateurs, il chercha pendant longtemps quelle forme leur convenait le mieux. Il fit venir de Belgique et d’Allemagne des modèles de quelques instruments qui y avaient acquis de la réputation. 11 les perfectionna, et créa à Roville la première fabrique d’instruments agricoles qui ait existé en France.

Bientôt, pour recevoir les élèves que sa réputation croissante attirait, il fonda à Roville une école d’agriculture. C’est aussi la première école qui ait été, en France, consacrée à l’enseignement des sciences agricoles. De Roville sont sortis un grand nombre d’agriculteurs qui ont propagé partout les enseignements qu’ils y avaient reçus.

Malgré les services qu’il rendait, Mathieu de Dombasle ne fut pas toujours heureux. Mais du moins, grâce à ses élèves, aux instruments qu’il a créés, à ses nombreux écrits, il a exercé une grande influence sur les progrès de l’agriculture française.

Il est mort en 1842, entouré du respect de tous. La ville de Nancy lui a érigé une statue.

QUESTIONNAIRE. — Qu’est-ce que la charrue? — Qu’appelez-vous sillon? — Quelles sont les principales pièces de la charrue? — Donnez la description de l’age; — du coutre; — du soc; — du sep; — du versoir; — du régulateur; — des mancherons. — Qu’appelez-vous araire? — charrue à avant-train? — Décrivez la forme de l’avant-train. — Qu’appelez-vous charrue tourne-oreilles? — Quel en est l’emploi? — Qu’appelez-vous charrue brabant? — Qu’est-ce qu’une charrue bisoc ou trisoc? — Qu’est-ce qu’une charrue fouilleuse? — Comment fonctionne-t-elle? — Qu’appelez-vous charrue vigneronne? — De quelles conditions dépend le travail des charrues? — Quelles sont les conditions d’un bon labour?

EXERCICE. — Racontez brièvement la vie de Mathieu de Dombasle.

FIG. 16. — Charrue attelée de deux bœufs.


Notions d'agriculture et d'horticulture: premières notions d'agriculture

Подняться наверх