Читать книгу Description des maladies de la peau observées à l'hôpital Saint-Louis - Jean-Louis Alibert - Страница 10
ОглавлениеLES TEIGNES.
CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES SUR LES TEIGNES.
I. Que trouve-t-on dans les auteurs, touchant la nature et le caractère spécifique des Teignes? Des renseignemens incertains, des dissertations vaines, des détails vagues, toujours insuffisans. Il semble que les anciens aient écrit au hasard sur cet exanthème aussi repoussant qu’opiniâtre. Les modernes même n’ont pas détruit la confusion qui règne dans son histoire. Murray seul a su se guider dans ce labyrinthe inextricable, parce qu’il a suivi la marche rigoureuse et méthodique des sciences naturelles; mais il a laissé de vastes lacunes à remplir.
II. J’élague de cet ouvrage les discussions futiles auxquelles se sont livrés mes prédécesseurs. Je transcris ce que j’ai observé, m’inquiétant peu de ce qu’on a dit avant moi. Quand on voit de si près la nature, quel besoin a-t-on de recourir aux travaux des Grecs et des Arabes? Tout étalage d’érudition ne seroit qu’un vain jeu de l’esprit, sans avantage pour la science.
III. Pour coordonner de la manière la plus convenable les faits divers que j’ai rassemblés, j’adopterai pour leur exposition une méthode absolument analogue à celle que j’ai suivie en les observant. Je commencerai d’abord par déterminer les symptômes caractéristiques de chaque espèce de Teigne en particulier. Je donnerai ensuite les résultats généraux qui concernent la nature, le siége, les causes et le traitement de cette affection.
IV. L’exanthême chronique, communément désigné sous le nom de Teigne, doit donc constituer en Nosographie un genre très-distinct des autres maladies cutanées. Ce genre comprend comme espèces particulières, 1o. la Teigne faveuse ou alvéolée, connue des anciens, mais inexactement décrite par eux; 2o . la Teigne granulée ou rugueuse, dont nous avons rendu l’histoire plus complète; 3o. la Teigne furfuracée ou porrigineuse, dont nous avons pareillement mieux fixé la marche et le caractère; 4. la Teigne amiantacée, qui s’offre rarement à l’observation, et dont aucun auteur n’a fait mention avant nous; 5o. enfin la Teigne muqueuse, qu’il ne faut pas confondre, à l’exemple de quelques médecins, avec cette éruption utaire ordinairement désignée sous le nom de croûte de lait, quoique, dans certains cas, elle puisse être regardée comme une sorte de dégénération de cette excrétion naturelle du cuir chevelu. Quant a la croûte laiteuse proprement dite, je n’en traiterai qu’accessoirement dans le cours de cet ouvrage, parce qu elle n’est point le produit d’un état maladif de l’économie animale; et que, sous ce point de vue, elle n’a point dû se présenter souvent à mes recherches dans l’intérieur des hôpitaux.