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I. — IRRADIATIONS.
ОглавлениеElles peuvent être distinguées en cérébrales, médullaires et périphériques. Les lois de neurilité de Pflüger permettent de concevoir la propagation par voie nerveuse aux centres nerveux d’une excitation ayant pris naissance dans l’appareil digestif. Par le vague, les irritations peuvent gagner le bulbe et les centres encéphaliques. Par le sympathique elles gagnent la moëlle et peuvent, par son intermédiaire, aller vers les centres supérieurs.
Le sympathique a été considéré par de Blainville, Thebaut, Onuf comme un moëlle extra-rachidienne et le pneumogastrique comme un filet bulbaire du sympathique.
a) Irradiations vagales. — Les irradiations qui empruntent la voie du nerf vague ou pneumogastrique (Xe paire) sont susceptibles de conditionner un certain nombre de manifestations. Indépendamment de son rôle au point de vue digestif nous pouvons reconnaître au vague une action cardiaque et une action respiratoire. Le pneumogastrique on le sait a une action frénatrice sur le cœur et une action accélératrice de la respiration.
Il est bradycardisant et tachypnéisant comme dit Grasset. Ceci nous permet d’expliquer le ralentissement du cœur ou bradycardie au cours de certaines crises de même que l’accélération des mouvements respiratoires ou tachypnée. L’irritation du vague peut aller jusqu’à l’inhibition cardiaque, ou arrêt du cœur. Ainsi nous entrevoyons un mécanisme de mort subite au cours d’une vive irritation. L’expérience de Goltz consistant à tuer une grenouille par un coup brusque, sur le ventre de ce batracien, qui entraîne l’arrêt du cœur ne réussit plus quand on a extirpé le plexus solaire ce qui montre bien que l’inhibition est d’origine nerveuse et que l’irradiation emprunte la voie du sympathique et du vague. Lanceraux a rapporté à l’Académie de médecine plusieurs cas de mort subite consécutives à un traumatisme de la région épigastrique survenu pendant la réplétion gastrique. C’est un accident dont le mécanisme est analogue à celui de l’expérience de Goltz. Si on songe aux chutes massives, aux effondrements, qu’on observe au cours des coliques on concevra que les états d’indigestion gastrique puissent être brusquement interrompus par la mort du malade au cours d’une chute par un mécanisme comparable à l’expérience de Goltz ou aux faits signalés par Lanceraux. Cette notion a une importance au point de vue médico-légal, au point de vue militaire et au point de vue thérapeutique. Un dyspeptique peut au cours de la somnolence qui l’envahit après le repas, se laisser tomber plus ou moins lourdement sur le sol. Il n’est pas rare de voir des cicatrices à la face antérieure des boulets et ces cicatrices ont à nos yeux une réelle valeur comme stigmates dyspeptiques, ce sont des chevaux qui s’endorment après les repas assez profondément pour qu’ils perdent l’automatisme de la sustentation; on les voit osciller, fléchir les membres et prendre contact avec le sol par les articulations métacarpo-phalangiennes. Par analogie de l’expression tomber à genoux, on peut dire qu’ils tombent à boulets et qu’ils se «couronnent» les boulets. Parfois la chute est plus brutale et la région gastrique est plus ou moins traumatisée. On conçoit la possibilité de la mort subite dans ces conditions. La médecine légale doit enseigner qu’il est des chevaux qui meurent subitement par inhibition cardiaque résultant d’une contusion de l’abdomen pendant la digestion. Le vétérinaire se trouvant en présence du cadavre d’un cheval mort subitement pendant la digestion gastrique et qui ne constate aucune lésion capable d’avoir entrainé la mort doit interroger le palefrenier pour savoir si le cheval était dyspeptique et s’endormait après lé repas, examiner si les boulets ne sont pas couronnés et si l’animal n’a pas fait une chute qui a été suivie de mort. On lui dira parfois que le patient est tombé parce qu’il est mort subitement; il devra savoir, lui, que le cheval est mort parce qu’il est tombé. Dans l’armée, quand un cheval est trouvé mort à l’écurie et que l’autopsie montre un un certain degré de réplétion gastrique on n’admet pas volontiers que le drame ait pu évoluer en quelques secondes et on a plutôt tendance à incriminer l’incurie du garde d’écurie. Et cependant nous sommes convaincus que les déclarations des cavaliers sont exactes. Il est à rétenir qu’un cheval en train de somnoler après le repas, peut tomber lourdement sur le sol, se contusionner l’abdomen et mourir subitement. Si le garde d’écurie dit: «j’étais derrière les chevaux, j’ai vu tomber un cheval et en m’approchant de lui j’ai constaté qu’il était mort». On n’est pas obligé de le croire mais si l’autopsie montre l’absence de lésions capables d’expliquer la mort la version du cavalier peut être tenue pour exacte.
De cette notion nous tirerons une indication thérapeutique. Etant donné que la mort est fonction d’une excitation arrivant au cœur par l’intermédiaire du pneumogastrique, il est prudent de pratiquer une injection d’atropine (0,005 milligrammes), chez les chevaux qui présentent des crises au cours desquelles ils se laissent tomber brusquement. L’atropine paralyse les extrémités intra-cardiaques du nerf vague; on fait ainsi une section physiologique du vague et les accidents dont nous venons de parler sont écartés.
La mort subite peut encore résulter d’un coup de pied sur l’abdomen pendant la digestion. Le vétérinaire légiste devra chercher les traces de traumatisme et s’il n’en existe pas et que le garde d’écurie déclare que la mort s’est produite du fait d’un coup de pied, sa version doit être considérée comme plausible.
Aux fibres du nerf de la Xe paire viennent se joindre des fibres du nerf de la XIe paire ou spinal. Comme son nom l’indique le spinal prend naissance dans la moëlle cervicale et remonte vers le bulbe. Dans son trajet ascendant il augmente graduellement de volume car il reçoit de distance en distance des fibres de renforcement de la moëlle et en particulier des 5-6 premières paires cervicales. A la sortie du trou déchiré postérieur le spinal se divise en deux branches l’une interne dont les fibres entrent en coalescence avec celles du pneumogastrique, l’autre, externe, qui va innerver le mastoïdo-huméral, le sterno-maxillaire et le trapèze. Une irradiation par la voie vagale peut donc intéresser le spinal et gagner la moëlle cervicale.
Une irritation prenant naissance dans l’appareil digestif peut donc s’irradier dans les muscles innervés par les 5-6 premières paires cervicales, ainsi que dans le masoïdo-huméral, le trapèze et le sterno-maxillaire. Cette notion nous permet de saisir le mécanisme de myoclonies observées au niveau de la tête et de l’encolure.
Il est probable que l’irradiation suit tout le trajet des fibres du spinal et que suivant des circonstances qui nous échappent il n’y a que les fibres d’une paire rachidienne qui sont excitées comme il peut y en avoir plusieurs et même la totalité. Or les gestes conditionnés par l’irradiation varient selon que telle ou telle paire cervicale est excitée. C’est ainsi que la Ire paire cervicale qui innerve les droits de la tête commande les gestes d’approbation. La IIe paire cervicale qui innerve le petit oblique et le grand oblique de la tête détermine les gestes de négation et le geste de l’astronome selon que ce sont les fibres du petit oblique ou celles du grand oblique qui sont excitées.
Les IIe, IVe, Ve et quelquefois VIe paires cervicales innervent les muscles préposés aux mouvements de flexion et d’extension de l’encolure et de la tête de même qu’elles président aux mouvements de latéralité de ces segments. Ces centres interviennent dans les myoclonies d’encensement dans le plan antéro-postérieur et dans le plan transversal,
Si on considère que les Ve et VIe paires cervicales donnent les fibres constituant le nerf phrénique ou nerf diaphragmatique on concevra la possibilité de myoclonies diaphragmatiques dans le cas d’excitation vago-spinale. Au cours des crises qui sont liées à la déchirure du diaphragme on peut imaginer l’explication des phénomènes d’encensement que l’on observe comme une irradiation cervicale de l’excitation ayant son siège primitif sur le nerf diaphragmatique.
Avant d’aller plus loin nous signalerons en passant, certaines particularités curieuses de la phénoménologie résultant de l’irradiation dans la sphère de la VIIe et de la XIe paires. On sait que le facial innerve tous les muscles de la face et il est curieux de voir qu’un seul d’entre eux soit excité par exemple lorsqu’il y a un spasme du releveur de la lèvre supérieure pour toute manifestation. Une antithèse clinique curieuse également est réalisée lorsqu’on note simultanément la flaccidité ou la parésie de la lèvre inférieure et le spasme du releveur de la lèvre supérieure. L’explication de ces manifestations spéciales nous parait être la suivante. Les noyaux des, nerfs craniens sont constitués par la réunion de différentes masses nucléaires constituant autant de centres de réflectivité. Il doit exister une masse nucléaire spéciale pour la lèvre supérieure et une pour la lèvre inférieure. Selon les susceptibilités de ces masses une irradiation déterminera soit une exaltation, soit une inhibition ou encore elle restera sans effet si la masse est réfractaire. Le spasme du releveur quand il se montre isolé est lié soit à la susceptibilité nucléaire soit à des connexions anatomiques qui font passer l’excitation nerveuse exclusivement, par le noyau de réflectivité de la lèvre supérieure.
L’antithèse clinique que nous avons signalée paraît être conditionnée par des effets différents d’une même excitation qui aboutit dans un cas à l’exaltation fonctionnelle et dans l’autre à l’inhibition.
En ce qui concerne le geste de l’astronome nous dirons qu’il s’agit d’une manifestation qui s’observe fréquemment au cours de l’occlusion intestinale. Mais pourquoi ce geste est-il souvent lié à un pareil trouble c’est ce qui paraît difficile à expliquer. S’agit-il de connexions anatomiques insoupçonnées ou bien faut-il en voir la raison dans l’intensité de l’excitation qui sollicite tous les centres réactionnels du spinal et des paires cervicales et que des actions antagonistes se neutralisant la manifestations symptomatique puisse être considérée une prédominance réactionnelle. L’excitation des muscles entraînant la flexion de la tête serait neutralisée par l’excitation simultanée des muscles entrainant l’extension de l’encolure et de la tête, et l’irradiation à la totalité des centres se traduirait exclusivement par la rotation de la tête sur l’encolure. Ce qui nous incline à retenir cette manière de voir c’est que le geste du canard qui barbotte qui s’observe également dans l’occlusion intestinale, nous parait être lié à une irradiation visant et intéressant tous les noyaux avec moins de simultanéité. Les réflexes se succèdent rapidement mais ne sont pas annihilés comme dans le cas précédent.
Si l’irradiation intéresse la Ve paire on observe des mâchonnements, du trismus, des grincements de dents.
L’irradiation à la VIe paire ou nerf oculo-moteur externe permet d’interpréter certains mouvements du globe oculaire isolés ou associés à des spasmes ou à des clonies diverses.
Le spasme du releveur de la paupière supérieure suppose une irradiation à la IIIe paire d’ou relève également le myosis ou le ptosis, ce dernier symptôme étant produit par un mécanisme analogue à celui qui est en cause dans la parésie labiale.
L’irradiation à la IXe paire explique la nausée. Le glosso-pharyngien est en effet le nerf de la nausée. L’irritation de la XIIe paire conditionne certains mouvements de la langue.
Du bulbe l’irradiation peut gagner les pédoncules cérébelleux et conditionner des mouvements en tonneau et certains tremblements.
Lorsque l’irradiation arrive dans la zone rolandique elle fait apparaître des myoclonies, des spasmes, des contractures, de la tétanie dans les régions correspondant aux points ou aux zones excitées. On peut voir survenir dans ce cas des crises d’épilepsie d’ordre réflexe ou des pulsions; les malades dans le cas de pulsion sont poussés irrésistiblement en avant (antépulsions) quand le cheval est placé dans une écurie on dit «qu’il pousse au mur» en arrière (rétropulsions) ou par côté (latéropulsions). Ils peuvent même être brutalement projetés sur le sol.
L’irradiation à la zone psychique explique certains hennissements, le galop de la mort, les crises rabiformes, la dromomanie, etc.., etc.
L’irradiation au noyau de la VIIIe paire est loin d’être rare au cours des crises; elle se traduit par des manifestations vertigineuses pour l’intelligence desquelles nous devons entrer dans quelques considérations sur le vertige, inspirées des travaux de P. Bonnier. A l’état normal nous connaissons la situation de nos différents segments corporels, les uns par rapport aux autres et la position des objets du milieu extérieur par rapport à nous. On peut dire que l’équilibration est la résultante de l’orientation subjective (celle qui nous fait connaître la répartition des différents éléments du moi) et de l’orientation objective (répartition des choses du milieu par rapport à nous.
L’orientation subjective est fonction du sens des attitudes qui comprend le sens des attitudes segmentaires et le sens de l’attitude céphalique.
L’orientation subjective et objective constitue le sens de l’espace.
Comme tous les sens, celui de l’espace a un substratum organique qui lui permet de recueillir les informations utiles. Les perceptions élémentaires sont fournies par la tactilité entendue non seulement du sens du toucher mais encore de perceptions profondes, musculaires, tendineuses, articulaires. Ces informations sont transmises par la moëlle aux noyaux bulbaires de la VIIIe paire et de là au cervelet et au cerveau. La preuve en est que, les yeux fermés, nous pouvons connaître la situation des différents segments de notre corps. Le cerveau voit donc par le sens des attitudes segmentaires.
Le segment céphalique puise ses informations à la périphérie par l’intermédiaire du nerf auditif ou labyrinthique. L’audition est un phénomène moins général que l’orientation. Les poissons, par exemple, perçoivent les ébranlements mais n’entendent pas au sens propre du mot; ils ne perçoivent ni la hauteur, ni l’intensité, ni le timbre; ils ne possèdent pas l’audition tonale. L’échelle zoologique montre que l’oreille est avant tout un organe d’orientation. Chez l’homme et les vertébrés supérieurs il y a orientation et audition tonale.
Cette dualité fonctionnelle tient à la spécialisation des éléments qui entrent dans la constitution du nerf de la VIIIe paire lequel résulte de la réunion des fibres du nerf vestibulaire et du nerf cochléaire.
Le nerf cochléaire est le nerf de l’audition. Le nerf vestibulaire celui de l’orientation.
Le nerf vestibulaire aboutit à trois noyaux bulbaires dont le principal est celui de Deiters, noyaux qui sont des relais pour les fibres apportant au cervelet et au cerveau les excitations qui prennent naissance dans les canaux circulaires.
Les différents segments corporels sont reliés au cervelet. De l’ensemble des informations du segment céphalique et des segments somatiques résulte une image d’attitude.
Quand il y a changement d’attitude cela suppose une image d’attitude préalable de l’attitude voulue, image sur laquelle le cervelet, règlera le jeu de la muscularité.
Ces opérations se font rapidement grâce à l’existence de centres de simplification commandant en bloc une attitude.
Tituhation. — On observe dans certaines crises un trouble de l’équilibre comparable à la titubation ébrieuse. Le mécanisme de ce phénomène est facile à pénétrer, grâce aux notions que nous venons d’exposer.
Une irradiation au noyau de Deiters crée l’illusion d’un changement d’attitude; le cervelet se met en mesure de distribuer l’action musculaire nécessaire au maintien de cette nouvelle attitude, mais comme l’individu n’a pas bougé, le cervelet le condamne à courir après son centre de gravité d’où la titubation.
Chaque fois qu’il y a perte du sens de l’attitude céphalique il y a chute. S’il y a en même temps perte du sens des attitudes segmentaires il se produit un véritable effondrement. La titubation est le résultat d’une hallucination tandis que la chute d’effondrement est une inhibition du noyau de Deiters.
Dans le geste de désespoir il y a perte du sens de l’attitude céphalique et du sens du segment cervical.
Les dérobements monoplégiques et paraplégiques sont liés à la perte du sens des attitudes segmentaires dans les régions médullaires commandant aux membres. Sous l’influence d’une irradiation inhibitrice le segment n’est plus relié au cervelet qui, privé d’informations, ne s’occupe plus de lui; il en résulte des dérobements unilatéraux ou bilatéraux suivis de chute ou de menace de chute ou de troubles se manifestant par le vacillement des jarrets, la démarche en canard, de l’incoordination motrice. L’attitude du chien assis peut être réalisée dans le cas d’inhibitions portant sur le train postérieur.
L’animal étant en décubitus au moment il veut se lever, tous les segments obéissent sauf l’arrière-main qui ne s’est pas révélé au cervelet.
Les dérobements et certaines attitudes de chiens assis constituent du vertige localisé.
A côté du vertige inconscient existe un vertige conscient qui résulte d’après Bonnier, soit de l’imperception d’espace, soit de la surperception d’espace, soit de l’illusion ou encore de l’hallucination d’espace.
L’état vertigineux par imperception d’espace ne saurait être mieux analysé que ne l’a fait une malade de P. Bonnier: «à ce moment rien n’est plus nulle part et moi-même je ne suis nulle part.» C’est la suppression momentanée de toute localisation consciente, nous avons constaté au cours de nos observations de crises abdominales des états faisant songer à l’imperception d’espace. L’animal est absolument indifférent au milieu. Il paraît ne pas souffrir, ne rien vouloir, ne rien sentir. Bien entendu il s’agit d’un état subjectif qui échappe à l’analyse et auquel on ne peut songer que par comparaison avec le malade humain. Il semble qu’il s’agisse d’imperception d’espace lorsque l’animal reste insensible à toute excitation. Nous avons noté sur un cheval l’anesthésie à la piqûre dans toutes les régions autres que la tête. Le cheval ne tombait, pas mais présentait une forme de vertige assez curieuse; il avait l’air de ne pouvoir pas se soutenir sur le bipède latéral droit et inclinait le corps en toit à gauche jusqu’au moment, où il y avait menace de chute; à ce moment le bipède latéral droit se déplaçait pour venir le plus près possible du bipède latéral gauche qui s’éloignait aussitôt pour élargir la base de sustentation et le cycle recommençait.
Dans la superception d’espace les phénomènes sont tout opposés. L’acuité des perceptions est telle qu’elle engendre des phobies; par exemple l’agarophobie ou phobie des espaces découverts à laquelle on peut songer lorsque le cheval refuse d’avancer avec obstination au lieu d’indifférence comme dans l’imperception.
Illusion d’espace. — Le moindre trouble dans l’orientation objective et subjective engendre des perceptions illusoires de la distribution des objets qui nous entourent et de notre position propre dans notre milieu ainsi que de leurs variations. Il en résulte des illusions d’attitude et de mouvement. La titubation nous en a fourni un exemple mais il est loisible d’en observer d’autres au cours des crises abdominales. Certains campers sont des gestes qui résultent d’une illusion de glissement de même que les mouvements de reptation que nous avons observés chez certains chevaux dans l’attitude décubitale de l’ours. On voit certains patients au cours des crises retirer brusquement la tête à la manière d’un cheval aveugle qui vient de se heurter à un obstacle. Il s’agit vraisemblablement dans ce cas d’une illusion de contact. L’illusion de mouvement doit être en cause dans le cas de déplacement en rayons de roue que nous avons signalé ci-dessus.
Les chevaux qui grimpent dans le ratelier ou qui essayent d’escalader un mur ont des illusions d’espaces qui leur font confondre la verticalité avec l’horizontalité.
Certains frissons, certains secouements et certaines ruades nous paraissent être liés à des illusions de contact qui constituent des hallucinations. Au cours des crises abdominales on voit des chevaux se secouer fortement de la même façon qu’un cheval qui vient de se rouler dans la poussière. Ce geste s’observe dans les coliques de sable, dans les indigestions, au cours des crises vasculaires, etc., etc., son mécanisme nous paraît être le suivant. Une grande surface intestinale est intéressée au cours de ces crises; comme nous le verrons plus loin, les nerfs du tractus abdominal sont en connexion avec les nerfs périphériques par l’intermédiaire des rami-communicantes (voir clavier somatique). Les nerfs intercostaux correspondant aux viscères intéressés sont excités; l’irritation abdominale se projette sur la surface somatique et, comme nous avons eu l’occasion de le dire, étant donné que le malade rapporte ses impressions à la périphérie, il a de ce fait dans certains cas l’illusion d’excitation périphérique comme s’il s’agissait de mouches ou de particules irritantes comme le sable ou la terre et il se secoue violemment dans le but de faire cesser cette importunité. Quand le siège de la crise réside dans le plexus mésentérique postérieur, où dans le plexus pelvien on peut voir survenir des ruades qui doivent reconnaître le même mécanisme.
Angoisse et anxiété. — Le peumogastrique est le principal nerf de l’angoisse. L’angoisse est un phénomène bulbaire qui se caractérise par des troubles circulatoires, respiratoires, moteurs, sécrétoires, etc. Le pneumogastrique aboutissant directement au bulbe, on conçoit que ses qualités angogènes soient supérieures à celles du sympathique.
On ne paraît pas distinguer en médecine vétérinaire, l’angoisse de l’anxiété. Ces deux états diffèrent par ce fait, que l’un est conscient et l’autre inconscient. Si l’irradiation s’arrête au bulbe, il s’agit d’angoisse. Si du bulbe elle progresse jusqu’à l’écorce cérébrale en passant par les noyaux de la base, elle pénètre dans le champ de la conscience et conditionne l’anxiété. «L’anxiété c’est de l’angoisse émotivée» (Heckel. Fr.). Nous reviendrons sur ce point à propos des coliques nerveuses. Qu’il nous suffise de savoir pour l’instant que l’irradition vagale peut faire apparaître l’anxiété.