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VIII

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Pakhom marche droit vers le schikhan et se sent bien las. Il marche, ses pieds lui font mal.

Il les a tout meurtris, et il se sent fléchir. Il voudrait se reposer, mais il ne le doit pas. Il ne pourrait pas atteindre le but avant le coucher. Le soleil ne l’attend pas. Il semble tomber comme si quelqu’un le poussait.

— Hélas! Pensa Pakhom, je me suis peut-être trompé: j’en ai trop englobé: que vais-je devenir si je n’atteins pas le but à temps? Qu’il est encore loin et que je suis fatigué! Pourvu que je n’aie pas perdu pour rien mon argent et ma peine! Il faut faire l’impossible.

Pakhom se met à trotter. Il s’est écorché les pieds jusqu’au sang, mais il court toujours; il court, il court, mais il est encore loin. Il jette sa poddiovka, ses bottes, sa bouteille son bonnet.

— Ah! Pensait-il, j’ai été trop gourmand. J’ai perdu mon affaire. Je ne pourrai jamais arriver avant le coucher du soleil.

Et, de peur, la respiration lui manque. Il court, Pakhom; la sueur colle sur sa peau chemise et caleçon; sa bouche est sèche. Sa poitrine se soulève comme un soufflet de forge; son cœur bat comme un marteau, et il ne sent plus ses pieds. Il fléchit. Pakhom ne pense plus maintenant à la terre, il ne songe qu’à ne pas mourir d’épuisement. Il a peur de mourir, mais il ne peut s’arrêter.

— J’ai déjà tant couru, pensait-il; si je m’arrête à présent, on me traitera de sot.

Il entend les Baschkirs siffler, crier: à ces cris, son cœur s’enflamme encore davantage.

Pakhom use à courir ses dernières forces, et le soleil semble se précipiter exprès. Et le but n’est plus bien loin. Pakhom voit déjà le monde sur la colline! On lui fait de la main signe de se presser. Il voit aussi le bonnet par terre, avec l’argent, il voit le starschina assis par terre, et se tenant le ventre à deux mains; et Pakhom se rappelle son rêve.

— Il y a beaucoup de terre, pense-t-il; Dieu me permettra-t-il d’y vivre? Oh! Je me suis perdu moi-même.

Et il continue à courir. Il regarde le soleil; le soleil est rouge, agrandi, il s’approche de la terre; déjà son bord est caché. Comme Pakhom arrivait tout courant jusqu’à la colline, le soleil s’était couché.

Pakhom fait: Ah! Il pense que tout est perdu, mais il se rappelle que si lui, d’en bas, ne voit plus le soleil, l’astre n’est pas encore couché pour ceux qui sont au sommet de la colline. Il monte rapidement, il voit le bonnet. Le voilà! Il fait un faux pas, Pakhom, il tombe, et de sa main il atteint le bonnet.

— Ah! Bravo! Mon gaillard, s’écrie le starschina, tu as gagné beaucoup de terre.

Le domestique de Pakhom accourt et veut le soulever; mais il voit que le sang coule de sa bouche: il est mort. Et le starschina, s accroupissant, s’esclaffe et se tient le ventre à deux mains.

… Il se redressa, le starschina, leva de terre une pioche et la jeta au domestique.

— Voilà, enterre-le.

Tous les Baschkirs se levèrent et se retirèrent.

Le domestique resta seul, il creusa à Pakhom une fosse juste de la longueur des pieds à la tête: trois archines; – et il l’enterra.

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