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INTRODUCTION. LES ARCHIVES DES QUINZE-VINGTS.

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Table des matières

Les pièces les plus anciennes des archives des Quinze-Vingts remontent à la fin du règne de saint Louis, et les titres de propriété en constituent, comme on devait s’y attendre, la série la plus étendue. Intéressants surtout au point de vue topographique, leur importance sous ce rapport est démontrée par l’emploi qu’en a fait Berty dans l’histoire du Quartier du Louvre.

Les privilèges accordés par le pouvoir spirituel et le pouvoir temporel forment un ensemble moins volumineux, mais très complet. On trouve par conséquent dans ce dépôt les éléments nécessaires pour étudier le développement extérieur de l’établissement dès ses origines.

Son organisation intime n’y a malheureusement pas laissé de traces aussi anciennes. L’utilité pratique des documents relatifs à la vie privée n’étant généralement que momentanée, une foule d’entre eux, considérés comme inutiles, ont été supprimés: un fragment de compte en parchemin servant de reliure, une lettre roulée autour d’un sceau pour le protéger, sont des témoins de ces destructions qui n’ont laissé subsister, pour le XIVe et le xve siècle, que quelques règlements et quelques comptes isolés. Mais, dès le commencement du XVIe siècle, on voit s’ouvrir des collections très précieuses, telles que celles des registres semainiers qui énumèrent les dépenses de chaque jour, celles des délibérations capitulaires où sont résumés tous les détails de l’administration. Ce sera donc surtout la première moitié de ce siècle qui nous servira de cadre pour le tableau du régime intérieur des Quinze-Vingts, nous nous bornerons ensuite à mentionner rapidement les modifications qui ont pu se produire depuis cette période jusqu’à la fin du XVIIIe siècle.

Si les archives, qui forment la base de cette étude, sont parvenues jusqu’à nous dans un état satisfaisant, c’est grâce aux soins dont les ont entourées les directeurs de l’hôpital: bourgeois de Paris et marchands pour la plupart, ils connaissaient la valeur des «Lettres» et gardèrent fidèlement le «Trésor.»

Le premier travail qu’ils entreprirent dans ce but était peut-être peu favorable à la conservation des originaux, mais en perpétuait au moins le texte. C’est un Cartulaire relié en bois qui compte 388 folios en parchemin de format in-4°. Son écriture semble appartenir à la première moitié du XIVe siècle, et l’on peut placer sa composition entre 1330 et 1340; jusqu’en 1330, en effet, les transcriptions se suivent régulièrement d’années en années sans que les chartes, qui subsistent de nos jours, permettent d’y constater de lacunes; à partir de cette date, au contraire, il y a arrêt brusque et l’on ne rencontre plus que la copie, faite par une autre main, d’un acte passé en 1340. Les premières feuilles contiennent la table des rubriques; l’écriture est très lisible, mais elle n’offre aucun ornement, si ce n’est quelques figures grossièrement dessinées dans les boucles de certaines lettres, en haut des pages.

Mal décrit dans l’inventaire imprimé, ce volume ne nous paraît pas avoir été signalé jusqu’ici; il est important pour l’histoire de Paris, car, sur les 211 actes qu’il renferme, 70 seulement se retrouvent aujourd’hui dans les archives.

Un second registre du même genre, composé le 29 septembre 1441, contient 37 bulles et 9 lettres d’évêques ou d’abbés.

En 1430, on procéda à un classement méthodique des chartes et à la rédaction d’un inventaire; elle fut confiée à un écrivain, qui y consacra vingt-deux journées payées chacune 3 s. p., sans compter «la despence de bouche.»

Cet inventaire, aujourd’hui conservé sous les numéros 5844 et 5843A, est divisé en deux tomes, comprenant: l’un 157 fol., l’autre 24. Comme on le voit au premier fol. du 5844, «c’est le registre des lettres et tiltres de rente appartenans à l’ostel des Quinze-Vins de Paris, fait l’an mil CCCC et trente, ou mois de juillet, par Messire Jehan de Estivey, Soubz-aumosnier du Roy Nostre Sire, Estienne Guilbert, aveugle, frère et procureur des diz XVxx, et plusieurs autres du dit hostel, lesquelles ont été mises par ordre en aulmoires, divisées par quartiers en la ville de Paris et environs, en layettes signées par les lettres de A. B. C.»

Le dernier coffre reçut la signature H. H. H., ce qui porte le nombre total à 54. Ainsi que nous rapprennent le titre du registre et le compte cité en note, ces layettes furent placées dans des armoires percées de fenêtres que fermaient des barres de fer garnies de serrures à double garde.

Le «Répertoire» donne une analyse exacte des documents, ce qui permet de reconstituer quelques titres intéressants, à présent disparus; par malheur, les lettres de fraternité et un certain nombre de pièces et de procès, qui ne concernaient pas les rentes et héritages, n’ont pas été ainsi résumés, et c’est précisément dans cette catégorie que les lacunes actuelles sont le plus nombreuses.

Fidèle à sa rubrique, l’inventaire présente d’abord l’énoncé des titres de propriété rangés par rues et quartiers pour Paris, et par localités pour le reste de la France; puis viennent les lettres de Fraternité, différents Vidimus, les lettres de Garantie, les titres des Hôpitaux de Caen et de Liesse, et divers procès soutenus devant plusieurs juridictions.

Le deuxième volume (n° 5843A) s’ouvre par le «répertoire des lettres, traictié, instrument et autres choses entre les doyen, chappitre et curé de Saint-Germain-l’Auxerrois et les XVxx de Paris.» On y a ensuite analysé les «amortissemens de Monseigneur l’Evesque de Paris, les rentes de la vicomté de Paris, les amortissemens et chartes royales, les rentes amorties appartenans aux XVxx; les autres chartes royaux des libertez et franchises des diz XVxx, et les bulles des Sains Pères.»

Le cadre de classement adopté en 1430 fut conservé depuis, mais l’augmentation des titres dont le trésor s’enrichissait chaque jour nécessita à différentes époques la confection de nouveaux inventaires. Le premier, rédigé en 1522, comprend 60 layettes pour chacune desquelles l’écrivain reçut 4 s. p.. Cet inventaire semble représenté aujourd’hui par le n° 5845, qui ne porte pas de date, mais ne paraît pas contenir d’acte postérieur à 1522. Les pièces étaient encore placées dans des layettes en bois, dont le prix, à cette époque, était de 9 s. t.; pour garder les sceaux, on les enfermait tantôt dans de petites cassettes en fer blanc, tantôt dans des paquets de ouate entourés de parchemin ou de papier; ce dernier procédé entraînait inévitablement leur destruction.

Nous rencontrons ensuite un inventaire composé par l’ordre du Cardinal de Richelieu, Grand Aumônier et frère du ministre de Louis XIII; c’est l’œuvre de Jacques Cougnée, avocat au Parlement, qui employa, en 1639, 183 journées à sa confection. Un demi-siècle s’était à peine écoulé qu’on dut exécuter encore un travail de même genre (1692).

La multiplication des documents n’exigeait pas seulement le renouvellement des catalogues, elle nécessitait l’inscription sur un registre spécial des actes retirés momentanément du trésor pour les affaires courantes, elle amenait des améliorations dans l’organisation matérielle du dépôt. On peut citer, par exemple, en 1711, l’établissement de tablettes reposant sur des potences de fer, et l’achat d’une échelle en forme de marchepied.

En 1755, fut rédigé un inventaire qui remplit cinq volumes in-folio, et se signale par sa clarté et sa méthode. Il reçut, en 1840, un supplément pour les pièces postérieures au XVIIIe siècle, et, en 1867, enfin, il servit de base au répertoire actuel. Cet inventaire-sommaire, publié par les soins de J.-B. Marot, se compose de deux parties distinctes. La première, qui s’étend jusqu’au n° 5436, est la simple reproduction du catalogue de 1755; dans la seconde on a réuni un certain nombre de chartes ou de registres qui n’avaient pas figuré au classement du siècle dernier.

Ces intéressantes archives n’ont heureusement pas eu à souffrir des événements de 1871, comme celles des autres hôpitaux de Paris: les Quinze-Vingts étant rangés parmi les établissements généraux de bienfaisance ne dépendent pas de l’assistance publique et ont pu conserver chez eux les titres qui leur appartiennent. C’est là que l’administration de l’Hospice les met complaisamment à la disposition des travailleurs.

Nous ne saurions assez lui témoigner notre gratitude pour l’accueil si bienveillant que nous en avons reçu, et pour toutes les facilités qu’elle nous a procurées dans notre étude.

Malgré notre amour pour les Quinze-Vingts du moyen âge, nous devons à la vérité d’avouer qu’ils étaient moins libéraux sous ce rapport, si l’on en croit cette note placée en marge de l’amortissement accordé par l’évêque de Paris et analysé dans l’inventaire de 1430: «Nota de ne monstrer cette lettre à gens qui ne sont de céans.»

Les Quinze-Vingts (XIIIe-XVIIIe siècle)

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