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CHAPITRE XII.

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Table des matières

Nouveau voyage à Boulogne.—Visite de la flottille, et revue des troupes.—Jalousie de la ligne contre la garde.—Le premier consul au camp.—Colère du général contre les soldats.—Ennuis des officiers et plaisirs du camp.—Timidité des Boulonnaises.—Jalousie des maris.—Visites des Parisiennes, des Abbevilloises, des Dunkerquoises et des Amiennoises, au camp de Boulogne.—Soirées chez la maîtresse du colonel Joseph Bonaparte.—Les généraux Soult, Saint-Hilaire et Andréossy.—La femme adroite et les deux amans heureux.—Curiosité du premier consul.—Le premier consul pris pour un commissaire des guerres.—Commencement de la faveur du général Bertrand.—L'ordonnateur Arcambal et les deux visiteurs.—Le premier consul épiant son frère, qui feint de ne pas le reconnaître.—Le premier consul et les jeux innocens.—Le premier consul n'a rien à donner pour gage.—Billet doux du premier consul.—Combat naval.—Le premier consul commande une manœuvre et se trompe.—Erreur reconnue et silence du général.—Le premier consul pointe les canons et fait rougir les boulets.—Combat de deux Picards.—Explosion continuelle.—Dîner au bruit du canon.—Frégate anglaise démâtée, et le brick coulé bas.

Au mois de novembre de cette année, le premier consul retourna à Boulogne pour visiter la flottille et passer la revue des troupes qui s'y étaient déjà rassemblées, dans les camps destinés à l'armée avec laquelle il se proposait de descendre en Angleterre. J'ai conservé quelques notes, et encore plus de souvenirs sur mes différens séjours à Boulogne. Jamais l'empereur ne déploya autre part une plus grande puissance militaire. Jamais on ne vit réunies sur un même point, de plus belles troupes ni de plus prêtes à marcher au moindre signe de leur chef. Il n'est donc pas suprenant que j'aie retrouvé dans ma mémoire sur cette époque, des détails que personne, je crois, n'a encore imaginé de publier. Personne aussi, si je ne me trompe, n'a pu être mieux en état que moi de les connaître. Au reste, le lecteur va être à même d'en juger.

Dans les différentes revues que passait le premier consul, il semblait vouloir exciter l'enthousiasme des soldats et leur attachement à sa personne, par l'attention avec laquelle il saisissait toutes les occasions de flatter leur amour-propre.

Un jour, ayant particulièrement remarqué l'excellente tenue des 36e, 57e régimens de ligne et 10e d'infanterie légère, il fit sortir des rangs tous les chefs, depuis les caporaux jusqu'aux colonels, et se mettant au milieu d'eux, il leur témoigna sa satisfaction en leur rappelant les occasions où, sous le feu du canon, il avait été à même de faire sur ces trois braves régimens des remarques avantageuses. Il complimenta les sous-officiers sur la bonne éducation des soldats, et les capitaines et les chefs de bataillon sur l'ensemble et la précision des manœuvres. Enfin, chacun eut sa part d'éloges.

Cette flatteuse distinction n'excita point la jalousie des autres corps de l'armée; chaque régiment avait eu dans cette journée sa part plus ou moins grande de complimens, et quand la revue fut terminée, ils regagnèrent paisiblement leurs cantonnemens. Mais les soldats des 36e, 57e et 10e, tout fiers d'avoir été favorisés si spécialement, allèrent dans l'après-midi porter leur triomphe dans une guinguette fréquentée par les grenadiers de la garde à cheval. On commença par boire tranquillement, en parlant de campagnes, de villes prises, du premier consul, enfin de la revue du matin: alors, des jeunes gens de Boulogne qui s'étaient mêlés aux buveurs, s'avisèrent de chanter des couplets de composition toute récente, dans lesquels on portait aux nues la bravoure, les exploits des trois régimens, sans y mêler un mot pour le reste de l'armée, pas même pour la garde; et c'était dans la guinguette favorite des grenadiers de la garde, que ces couplets étaient chantés! Ceux-ci gardèrent d'abord un morne silence; mais bientôt, poussés à bout, ils protestèrent à haute voix contre ces couplets, qu'ils trouvaient, disaient-ils, détestables. La querelle s'engagea d'une façon très-vive, on cria beaucoup, on se dit des injures, puis on se sépara, sans trop de bruit pourtant, en se donnant rendez-vous pour le lendemain, à quatre heures du matin, aux environs de Marquise, petit village qui est à deux lieues de Boulogne. Il était fort tard, le soir, quand les soldats quittèrent la guinguette.

Plus de deux cents grenadiers de la garde se rendirent séparément au lieu du rendez-vous, et trouvèrent le terrain occupé par un nombre à peu près égal de leurs adversaires des 36e, 57e et 10e. Sans explications, sans tapage, ils mirent tous le sabre à la main, et se battirent pendant plus d'une heure avec un sang-froid effrayant. Un nommé Martin, grenadier de la garde, homme d'une taille gigantesque, tua de sa main sept ou huit soldats du 10e. Ils se seraient probablement massacrés tous, si le général Saint-Hilaire, prévenu trop tard de cette sanglante querelle, n'eût pas fait aussitôt partir un régiment de cavalerie, qui mit fin au combat. Les grenadiers avaient perdu dix hommes, et les soldats de la ligne treize: les blessés étaient de part et d'autre en très-grand nombre.

Le premier consul alla au camp le lendemain, fit amener devant lui les provocateurs de cette terrible scène, et leur dit d'une voix sévère: «Je sais pourquoi vous vous êtes battus; plusieurs braves ont succombé dans une lutte indigne d'eux et de vous. Vous serez punis. J'ai ordonné qu'on imprimât les couplets, cause de tant de malheurs. Je veux qu'en apprenant votre punition, les Boulonnais sachent que vous avez démérité de vos frères d'armes.»

Cependant les troupes, et surtout les officiers, commençaient à s'ennuyer de leur séjour à Boulogne, ville moins propre que toute autre, peut-être, à leur rendre supportable une existence inactive. On ne murmurait pas néanmoins, parce que jamais, où était le premier consul, les murmures n'avaient pu trouver place; mais on pestait tout bas de se voir retenu au camp ou dans le port, ayant l'Angleterre devant soi, à neuf ou dix lieues de distance. Les plaisirs étaient: rares à Boulogne; les Boulonnaises, jolies femmes en général, mais extrêmement timides, n'osaient pas former de réunions chez elles, dans la crainte de déplaire à leurs maris, gens fort jaloux, comme le sont tous les Picards. Il y avait pourtant un beau salon, dans lequel on aurait pu facilement donner des bals et des soirées; mais, quoiqu'elles en eussent bien envie, ces dames n'osaient pas s'en servir; il fallut qu'un certain nombre de belles Parisiennes, touchées du triste sort de tant de braves et beaux officiers, vinssent à Boulogne pour charmer les ennuis d'un si long repos. L'exemple des Parisiennes piqua les Abbevilloises, les Dunkerquoises, les Amiennoises, et bientôt Boulogne fut rempli d'étrangers et d'étrangères qui venaient faire les honneurs de la ville.

Entre toutes ces dames, celle qui se faisait principalement remarquer par un excellent ton, beaucoup d'esprit et de beauté, était une Dunkerquoise nommée madame F..., excellente musicienne, pleine de gaîté, de grâces et de jeunesse; il était impossible que madame F... ne fit point tourner bien des têtes. Le colonel Joseph, frère du premier consul, le général Soult, qui fut depuis maréchal, les généraux Saint-Hilaire et Andréossy, et quelques autres grands personnages, furent à ses pieds. Deux seulement, dit-on, réussirent à s'en faire aimer, et de ces deux, l'un était le colonel Joseph, qui passa bientôt dans la ville pour l'amant préféré de madame F.... La belle Dunkerquoise donnait souvent des soirées, auxquelles le colonel Joseph ne Manquait jamais d'assister. Parmi tous ses rivaux, et certes il en avait bon nombre, un seul lui portait ombrage; c'était le général en chef Soult. Cette rivalité ne nuisait point aux intérêts de madame F...; en habile tacticienne, elle provoquait adroitement la jalousie de ses deux soupirans, en acceptant tour à tour de chacun d'eux les complimens, les bouquets de roses, et mieux que cela quelquefois.

Le premier consul, informé des amours de son frère, eut un soir la fantaisie d'aller s'égayer au petit salon de madame F..., qui était tout bonnement une chambre au premier étage de la maison d'un menuisier, dans la rue des Minimes. Pour ne pas être reconnu, il s'habilla en bourgeois, et mit une perruque et des lunettes. Il mit dans sa confidence le général Bertrand, qui était déjà en grande faveur auprès de lui, et qui eut soin de faire aussi tout ce qui pouvait le rendre méconnaissable.

Ainsi déguisés, le premier consul et son compagnon se présentèrent chez madame F..., et demandèrent monsieur l'ordonnateur Arcambal. Le plus sévère incognito fut recommandé à M. Arcambal par le premier consul, qui n'aurait pas voulu, pour tout au monde, être reconnu. M. Arcambal promit le secret. Les deux visiteurs furent annoncés sous le titre de commissaires des guerres.

On jouait à la bouillotte: l'or couvrait les tables, et le jeu et le punch absorbaient à un tel point l'attention des joyeux habitués qu'aucun d'eux ne prit garde aux personnages qui venaient d'entrer. Quant à la maîtresse du logis, elle n'avait jamais vu de près le premier consul ni le général Bertrand; en conséquence, il n'y avait rien à craindre de son côté. Je crois bien que le colonel Joseph reconnut son frère, mais il ne le fit pas voir.

Le premier consul, évitant de son mieux les regards, épiait ceux de son frère et de madame F.... Convaincu de leur intelligence, il se disposait à quitter le salon de la jolie Dunkerquoise, lorsque celle-ci, tenant beaucoup à ce que le nombre de ses convives ne diminuât pas encore, courut aux deux faux commissaires des guerres, et les retint gracieusement, en leur disant qu'on allait jouer aux petits jeux, et qu'ils ne s'en iraient pas avant d'avoir donné des gages. Le premier consul ayant consulté des yeux le général Bertrand, trouva plaisant de rester pour jouer aux jeux innocens.

Effectivement, au bout de quelques minutes, sur la demande de madame F..., les joueurs désertèrent la bouillotte, et vinrent se ranger en cercle autour d'elle. On commença par danser la boulangère; puis les jeux innocens allèrent leur train. Le tour vint au premier consul de donner un gage. Il fut d'abord très-embarrassé, n'ayant sur lui qu'un morceau de papier sur lequel il avait crayonné les noms de quelques colonels; il confia pourtant ce papier à madame F..., en la priant de ne point l'ouvrir. La volonté du premier consul fut respectée, et le papier, jusqu'à ce que le gage eût été racheté, resta fermé sur les genoux de la belle dame. Ce moment arriva, et l'on imposa au grand capitaine la singulière pénitence de faire le portier, tandis que madame F..., avec le colonel Joseph, feraient le voyage à Cythère dans une pièce voisine. Le premier consul s'acquitta de bonne grâce du rôle qu'on lui faisait jouer; puis, après les gages rendus, il fit signe au général Bertrand de le suivre. Ils sortirent, et bientôt le menuisier, qui demeurait au rez-de-chaussée, monta pour remettre un petit billet à madame F.... Ce billet était ainsi conçu:

«Je vous remercie, madame, de l'aimable accueil que vous m'avez fait. Si vous venez un jour dans ma baraque, je ferai encore le portier, si bon vous semble; mais cette fois je ne laisserai point à d'autres le soin de vous accompagner dans le voyage à Cythère.

Signé Bonaparte.»

La jolie Dunkerquoise lut tout bas le billet; mais elle ne laissa point ignorer aux donneurs de gages qu'ils avaient reçu la visite du premier consul. Au bout d'une heure on se sépara, et madame F... resta seule à réfléchir sur la visite et le billet du grand homme.

Ce fut durant ce même séjour qu'il y eut dans la rade de Boulogne un combat terrible pour protéger l'entrée dans le port, d'une flottille composée de vingt ou trente bâtimens, qui venaient d'Ostende, de Dunkerque et de Nienport, chargés de munitions pour la flotte nationale.

Une magnifique frégate, portant du canon de trente-six, un cottre et un brick de premier rang s'étaient détachés de la croisière anglaise, afin de couper le chemin à la flottille batave; mais on les reçut de manière à leur ôter l'envie d'y revenir.

Le port de Boulogne était défendu par cinq forts: le fort de la Crèche, le fort en Bois, le fort Musoir, la tour Croï et la tour d'Ordre, tous garnis de canons et d'obusiers avec un luxe extraordinaire. La ligne d'embossage qui barrait l'entrée se composait de deux cent cinquante chaloupes canonnières et autres bâtimens; la division des canonnières impériales en faisait partie.

Chaque chaloupe portait trois pièces de canon de vingt-quatre, deux pièces de chasse et une de retraite. Cinq cents bouches à feu jouaient donc sur l'ennemi, indépendamment de toutes les batteries des forts. Toutes les pièces de canon tiraient plus de trois coups par minute.

Le combat commença à une heure après midi. Il faisait un temps superbe. Au premier coup de canon, le premier consul quitta le quartier-général du Pont de Briques, et vint au galop, suivi de son état-major, pour donner ses ordres à l'amiral Bruix. Bientôt, voulant observer par lui-même les mouvemens de défense, et contribuer à les diriger, il se jeta, suivi de l'amiral et de quelques officiers, dans un canot que des marins de la garde conduisaient.

C'est ainsi que le premier consul se porta au milieu des bâtimens qui formaient la ligne d'embossage, à travers mille dangers et une grêle d'obus, de bombes et de boulets. Ayant l'intention de débarquer à Wimereux après avoir parcouru la ligne, il fit tourner vers la tour Croï, disant qu'il fallait la doubler. L'amiral Bruix, effrayé du péril qu'on allait courir inutilement, représenta au premier consul l'imprudence de cette manœuvre: «Que gagnerons-nous, disait-il, à doubler ce fort? rien, que des boulets.... Général, en le tournant nous arriverions aussi tôt.» Le premier consul n'était pas de l'avis de l'amiral; il s'obstinait à vouloir doubler la tour; l'amiral, au risque d'être disgracié, donna des ordres contraires aux marins; et le premier consul se vit obligé de passer derrière le fort, très-irrité et faisant à l'amiral des reproches qui cessèrent bientôt: car à peine le canot était-il passé, qu'un bateau de transport, qui avait doublé la tour Croï, fut écrasé et coulé bas par trois ou quatre obus.

Le premier consul se tut, en voyant combien l'amiral avait eu raison, et le reste du chemin se fit sans encombre jusqu'au petit port de Wimereux. Arrivé là, il monta sur la falaise pour encourager les canonniers. Il leur parlait à tous, leur frappait sur l'épaule, les engageant à bien pointer. «Courage, mes amis, disait-il, songez que vous combattez des gaillards qui tiendront long-temps; renvoyez-les avec les honneurs de la guerre.» Et regardant la belle résistance et les manœuvres majestueuses de la frégate, il demandait: «Croyez-vous, mes enfans, que le capitaine soit anglais? je ne le pense pas.»

Les artilleurs, enflammés par les paroles du premier consul redoublaient d'ardeur et de vitesse. «Tenez, mon général, s'écria l'un d'eux, à la frégate, le beaupré va descendre!» Il avait bien dit, le mât de beaupré fut coupé en deux par le boulet. «Donnez vingt francs à ce brave,» dit le premier consul en s'adressant aux officiers qui l'avaient suivi.

À côté des batteries de Wimereux était une forge pour faire rougir les boulets. Le premier consul regardait travailler les forgerons, et leur donnait des conseils. «Ce n'est pas assez rouge, mes enfans; il faut leur envoyer plus rouge que ça... allons! allons!» L'un d'eux l'avait connu lieutenant d'artillerie, et disait à ses camarades: «Il s'entend joliment à ces petites choses-là... tout comme aux grandes, allez!»

Ce jour-là, deux soldats sans armes, qui, placés sur la falaise, regardaient les manœuvres, se prirent de querelle d'une manière très-plaisante. «Tiens, dit l'un, vois-tu l'pio caporal, là-bas? (ils étaient tous deux Picards.)—Mais non, je ne l'vois point.—Tu ne l'vois point dans son canot?—Ah! si... mais il n'y pens' point, bien sûr; s'il y arrivait queuq' tape, il ferait pleurer toute l'armée. Pourquoi qu'i s'expose comme ça?—Dame, c'est sa place.—Mais, non.—Mais, si.—Mais, non... Voyons, qu'est-ce que tu ferais d'main, toi, si l'pio caporal était f...—Eh! puisqu'j'te dis qu'c'est sa place, etc.; et n'ayant point, à ce qu'il paraît, d'argumens assez forts de part et d'autre, ils en vinrent à se battre à coups de poing. On eut beaucoup de peine à les séparer.

Le combat avait commencé à une heure après midi; à dix heures du soir environ, la flottille batave entra dans le port au milieu du feu le plus horrible que j'aie jamais vu. Dans cette obscurité, les bombes qui se croisaient en tous sens formaient au dessus du port et de la ville un berceau de feu. L'explosion continuelle de toute cette artillerie était répétée par les échos des falaises avec un fracas épouvantable; et, chose singulière, personne dans la ville n'avait peur. Les Boulonnais avaient pris l'habitude du danger; ils s'attendaient tous les jours à quelque chose de terrible; ils avaient toujours sous les yeux des préparatifs d'attaque ou de défense; ils étaient devenus soldats à force d'en voir. Ce jour-là, on dîna au bruit du canon, mais tout le monde dîna: l'heure du repas ne fut ni avancée ni reculée. Les hommes allaient à leurs affaires, les femmes s'occupaient de leur ménage, les jeunes filles touchaient du piano... Tous voyaient avec indifférence les boulets passer au dessus de leurs têtes, et les curieux que l'envie de voir le combat avait attirés sur les falaises, ne paraissaient guère plus émus qu'on ne l'est ordinairement en voyant jouer une pièce militaire chez Franconi.

J'en suis encore à me demander comment trois vaisseaux ont pu supporter pendant plus de neuf heures un choc aussi violent. Au moment où la flottille entra dans le port, le cutter anglais avait coulé bas, le brick avait été brûlé par les boulets rouges, il ne restait que la frégate, avec ses mâtures fracassées, ses voiles déchirées, et pourtant elle tenait encore, immobile comme un roc. Elle était si près de la ligne d'embossage, que les marins pouvaient, de part et d'autre, se reconnaître et se compter. Derrière elle, à distance raisonnable se trouvaient plus de cent voiles anglaises. Enfin, à dix heures passées, un signal parti de l'amiral anglais fit virer de bord la frégate, et le feu cessa. La ligne d'embossage ne fut pas fortement endommagée dans ce long et terrible combat, parce que les bordées de la frégate portaient presque toujours dans les mâtures, et jamais dans le corps des chaloupes. Le brick et le cutter firent plus de mal.

Mémoires de Constant, premier valet de chambre de l'empereur, sur la vie privée de Napoléon

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