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État des provinces italiennes. — Du côté de l’Italie, la maison de Savoie confinait à l’ancienne Gaule Cisalpine, longtemps constituée en royaume (568 à 774), au profit des Lombards, qui lui donnèrent leur nom. Depuis le partage de l’Empire, cette province retourna à une indépendance, que menaçaient sans cesse les Empereurs, les rois de Bourgogne et les princes de l’Italie.

Les plus puissants d’entre ces derniers étaient les trois marquis, institués pour la garde de la marche ou frontière des Alpes, qui ne furent à l’origine qu’officiers de l’Empire, et s’érigèrent plus tard en seigneurs féodaux: marquis d’Ivrée, marquis de Monferrat, et le marquis en Italie, communément nommé de Suse, parce que cette ville était de son domaine. Il possédait en outre une partie du Piémont, Turin, Asti, etc., enfin la marche d’Ivrée (sans la ville), enlevée au marquis de ce nom. En 950 commence le second royaume de Lombardie, dont Bérenger, marquis d’Ivrée, fut roi. Les empereurs Saxons confisquèrent ce royaume; ensuite un autre marquis d’Ivrée, Ardouin, y succéda en 1002. Enfin l’empereur Henri II, vainqueur d’Ardouin en 1014, détruisit cette monarchie pour toujours.

Dès lors l’ancienne Gaule Cisalpine ne fut plus sujette qu’aux pouvoirs féodaux, s’exerçant sous les influences rivales, et toujours guerroyantes, du pape et de l’empereur.

Réunion de Turin et de Suse. — Odon, second fils d’Humbert aux Blanches Mains, épousa du vivant de son père, Adélaïde, fille du dernier marquis de Suse, dont il recueillit l’héritage. En conséquence les comtes de Savoie, possessionnés de Turin et de Suse, entrèrent en participation des intérêts de la Lombardie.

Cet événement agrandit tout à coup les destinées de cette maison. D’une part il remettait aux mains de nos princes les passages des Alpes, d’autre part il les plaçait sur un nouveau théâtre, où l’ardeur et le nombre des intérêts contraires ne pouvaient manquer d’être favorables aux entreprises d’une politique prudente, souple, persévérante surtout.

Les seigneuries de ces contrées, fortifiées par le long état d’instabilité des couronnes auxquelles s’adressait leur vasselage, mieux établies que celles du royaume d’Arles, devaient faire obstacle plus longtemps à l’agrandissement de la Savoie. De plus les villes, fortement constituées, y formaient une puissance d’un genre particulier.

La politique lombarde exigeait donc du temps, c’est-à-dire beaucoup de patience, et des ressources assurées ailleurs. La sagesse des princes pourvut à la première de ces conditions; la seconde fut remplie par l’établissement déjà formé, plus aisé aussi à agrandir, dont ils disposaient en-deçà des Alpes.

Politique des comtes de Savoie. — Croître en Bourgogne afin d’être forts en Lombardie, allait être pendant quatre siècles la politique de ces princes.

En Bourgogne elle ne trouve d’Etats rivaux du sien, que formés soit en même temps, soit un peu plus tard qu’elle: c’étaient les comtes de Genève, les barons de Faucigny et les Dauphins. Outre l’avance que lui donnait sur eux soit le temps, soit la vigilance, avantage qui l’aidait dans la négociation, la maison de Savoie devait les vaincre dans les mariages par la continuité de sa descendance, qui n’a pas de pareille dans l’histoire. Cette continuité donna tout son effet grâce à la loi Salique, dont jouissait cette maison.

En Italie, l’obstacle formé par les trois marquisats se trouva diminué. Celui d’Ivrée avait été supprimé par l’Empereur en même temps que le second royaume de Lombardie; celui de Suse passait à nos princes. Ils n’avaient donc plus de compétiteur que Monferrat. Cependant, comme le droit de primogéniture n’existait pas en Italie, l’héritage d’Adélaïde fut contesté par sa sœur Berthe, qui porta à un prince de la maison de Monferrat quelques parties retenues de cet héritage. Ainsi fut constitué le marquisat de Saluces. Saluces et Monferrat devinrent les rivaux redoutables de la maison de Savoie au-delà des monts, contre lesquels, des siècles durant, il lui fallut tirer l’épée.

Histoire de Savoie, des origines à l'annexion

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