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1233 A 1253

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Suite des mêmes démêlés. — Allié de l’empereur dans la mesure où son père l’avait été, Amédée IV parut dans les armées que Frédéric II menait en Lombardie. Mais il n’y fut qu’après la bataille de Cortenova(1237), où fut écrasée la seconde ligue Lombarde. L’Empereur y avait mené sa terrible colonie sarrasine de la Capitanate. Milan épouvantée se rendit.

Aussitôt le pape Grégoire IX se déclare chef de la ligue vaincue, et négocie par toute la Cisalpine la réunion des puissances divisées. Gênes et Venise sont ralliées à la Ligue. Frédéric de son côté comble Amédée de faveurs, érige en duché pour lui le Chablais et Aoste, lui renouvelle le vicariat (1238). Longtemps la puissance de l’Empereur balance la politique de son adversaire; il semble près de l’accabler; cependant il n’ose essayer le siège de Rome, qu’il avait d’abord cru facile. Il s’empare des galères génoises qui portent les Pères au concile de Latran, convoqué dans le dessein de prononcer sa déchéance.

Enfin Grégoire ramène au parti de l’Eglise les villes d’Alexandrie et d’Asti. Amédée IV lui livre la route des Alpes vers Lyon, où devait se tenir librement le concile. Ce concile s’assemble en 1245, et dépose Frédéric II.

Défaite et mort de Frédéric II. — A ce coup l’Allemagne elle-même abandonna l’Empereur. Il essaya de tenir en Lombardie, transféra à Enzio, son bâtard, le titre de vicaire, repris à Amédée; mais le sort des armes même l’abandonna.

Devant Parme, passée au parti Guelfe, il voit ses Sarrasins plier. Enzio, battu à Fossalta, fut pris, et ne dut qu’à la prière d’Amédée la vie sauve (1249). Accablé de chagrins, méditant sa revanche dans une expédition désespérée contre Lyon, Frédéric II mourut d’un mal, soudain, à Firenzuola dans la Capitanate, et mit fin ainsi au péril de l’Eglise (1250).

Quelques historiens, contant ces événements, ont appelé les comtes Thomas et Amédée des Gibelins. Cependant une décision du pape lui-même les exempte de ce nom, car la sentence d’excommunication fulminée contre les Gibelins fut suspendue pour les Savoyards. Au milieu de conjonctures si graves, la Savoie avait tenu le seul rôle qui convînt à la fois à sa profession de fille soumise du pape, à son devoir de vassale de l’empereur, à la fonction enfin qu’elle aspirait à prendre de protectrice des libertés Lombardes. En ménageant avec bonheur ces trois objets, elle commençait à s’acquérir le renom de modératrice des partis.

Alliances d’Amédée IV. — Le premier mariage d’Amédée IV avec une princesse de Vienne, continue du côté du Rhône la politique de nos princes; le second, qui lui donna pour femme Cécile, de l’illustre maison de Baux, fait voir un commencement d’entreprise sur la Provence. Ses deux filles Béatrice et Marguerite mariées, l’une au marquis de Saluces Mainfroid, l’autre au marquis de Monferrat Boniface le Grand, attestent que les négociations se poursuivaient de ce côté.

Les mariages des princes ses frères et sœurs, postérité nombreuse du comte Thomas, offrent aux regards de l’historien des alliances qu’on peut appeler de magnificence, parce que, recherchées loin du Comté, elles n’expriment de la part des princes aucune politique d’annexion. Elles ne font que rendre sensible le rang qu’après un siècle et demi d’existence, la maison de Savoie tenait en Europe. Thomas, depuis comte de Piémont, fut gendre de Baudouin, comte de Flandre et empereur de Constantinople. Béatrice, qui avait épousé en 1220 le comte de Provence, en eut pour filles Marguerite, femme de saint Louis roi de France, Eléonore, femme de Henri III roi d’Angleterre, Léonie, femme de Richard de Cornouailles empereur d’Allemagne, Béatrice, femme de Charles duc d’Anjou et roi de Sicile.

Trois frères d’Amédée furent évêques. Dans leur élévation s’observe le même partage. Guillaume et Philippe se succédèrent sur le siège de Valence; le premier eut en outre Liège et Winchester: tous deux laïcs et simples bénéficiers. Enfin Boniface, seul prêtre, eut l’archevêché de Cantorbéry, répandant jusqu’en Angleterre le renom de la maison de Savoie.

Histoire de Savoie, des origines à l'annexion

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