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1329 A 1343

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La succession de Savoie contestée. — Edouard le Libéral ne laissait qu’une fille, nommée Jeanne. Aimon, son frère, second fils d’Amédée le Grand, lui succéda, non en vertu d’aucun choix des Etats, mais en application de la coutume de Savoie, qui excluait les femmes, et qu’un acte formel d’Amédée (Bicêtre 1322), reconnu par ses deux fils (1323), déclarait.

Jean III, duc de Bretagne, époux de Jeanne de Savoie, n’en prétendit pas moins sur le Comté. Dans cette vue, ayant recherché l’alliance du Dauphin Guigues, il obtint que le roi de France fût présent au traité qui les lia l’un envers l’autre. Le partage de la Savoie y était décidé. Ainsi le différend qui depuis un quart de siècle armait la maison de La Tour du Pin contre nos princes, se chargeait de menaces nouvelles.

Quatrième guerre contre le Dauphin. — Le nouveau comte pourvut à ce danger en achevant ses fortifications du côté du Grésivaudan, entre Apremont et Montmeillan, qui commandent la route de Chambéry. Il ne défendait pas ainsi seulement sa capitale, mais encore le passage des Bauges, qui, séparant le Dauphiné du Faucigny, eût permis la jonction de ces puissances ennemies. Le comte de Genève entra dans l’alliance d’Aimon. Cependant celui-ci ne put soutenir l’attaque de la Perrière près de Voreppe, sur le chemin qui va de Grenoble à Saint-Marcellin.

Guigues fut tué (1333) à l’assaut de ce château. Cent trente Savoyards y soutinrent l’effort de quinze cents soldats ennemis. Ils ne cédèrent qu’à la famine, et furent massacrés sans pitié par les paysans de Maurienne réfugiés dans ces vallées, et qui s’étaient joints aux assiégeants. Il est remarquable que les événements de Maurienne avaient leur effet dans cette guerre. Deux seigneuries de la même province avaient apporté leur alliance au Dauphin. La mort de ce dernier fit demander la paix, qui fut signée l’année suivante. Elle obligea les deux seigneurs rebelles à recevoir de nouveau l’investiture du Comte.

Appuyé de cette soumission, Aimon pacifia là Maurienne. L’évêque put rentrer dans Saint-Jean, et les violences des paysans ne reparurent plus que par intervalles.

Soumission de la Tarentaise. — Les Comtes tenaient en Tarentaise le château de Salins près de Moûtiers. Cependant le pouvoir conservé dans cette ville par l’archevêque maintenait une rivalité, qu’il leur importait de soumettre. En 1284 Philippe Ier, en apportant à cet archevêque son secours contre les sires de Briançon, avait acquis des titres sur lui. A mesure que la monarchie grandissait, sans doute qu’un dessein général de rendre partout son pouvoir égal,tourna son attention vers cette province.

Peut-être on ne voulut rien tenter aussi longtemps que vécut l’archevêque Bertrand de Bertrand, homme de grande politique et de grand crédit, président des Etats qui avaient confirmé à Aimon la couronne. Mais à sa mort (1334), en vertu des droits réguliers qu’il tenait de l’empereur jusque sur les princes d’Eglise, Aimon mit le fief en séquestre.

L’administration de l’archevêque contentait les bourgeois de Moûtiers. Ils refusèrent d’ouvrir leurs portes, et divers incidents de voisinage survenus entre Salins et eux, firent bientôt tourner cette mutinerie en guerre civile. Jacques de Salins, nouvel archevêque, obtint la levée du séquestre, mais ne put empêcher que Moûtiers ne fût assiégée par les troupes du Comte. Ce siège dura dix-huit mois, et se termina par le démantèlement de la ville et par la soumission de la province.

Politique extérieure. — Ainsi le pouvoir des Comtes achevait de s’affermir à l’intérieur. Une réputation de modération et de prudence est le partage d’Aimon le Pacifique. Il est certain que les circonstances prochaines exigeaient l’unité de l’Etat, et qu’il prit les mesures propres à l’assurer.

Envers la France il entretenait les mêmes liens d’amitié que ses prédécesseurs. Il se rendit à la campagne de Flandre, par où la guerre de Cent Ans s’ouvrit, et combattit dans l’armée du Roi, avec son cousin Louis, baron de Vaud. Tous deux laissèrent, dit Froissard, «des marques immortelles de leur prudhomie et de leur bravoure.» La trêve d’Espléchin en 1340 fut négociée par notre comte.

Il avait épousé Yolande Paléologue, fille du marquis de Monferrat. Par un traité conclu en conséquence (1330), dont on verra les suites au cours de cette histoire, la succession du marquisat devait revenir à la maison de Savoie, au cas où les héritiers mâles manqueraient à la lignée des princes de Monferrat. Une clause si avantageuse à la Savoie démontre l’ascendant croissant que sa politique prenait en Lombardie.

Gouvernement d’Aimon le Pacifique. — Les libertés octroyées aux villes dans le cours des précédents règnes eurent alors les plus heureux effets. Partout la vie citadine se développa, la richesse des marchands s’accrut. Aimon favorisa plusieurs industries, en particulier celle des mines. Aux marchands italiens qui se rendaient aux foires de Champagne et de Paris, il offrit un passage sûr dans ses Etats, faisant la police des routes, réduisant les péages, assurant la réparation de tous les torts qui leur seraient faits.

Pour administrer la justice, il établit la charge de Grand Chancelier, délégation permanente des pouvoirs du prince à cet égard. Il confirma les assises périodiques du Tribunal du Comte fixé à Chambéry. Ces perfectionnements firent que l’autorité du prince était sentie continuellement sur tous les points de la monarchie. Il s’y rendait présent comme justicier, et cela fit beaucoup pour l’obéissance.

Histoire de Savoie, des origines à l'annexion

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