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1391 A 1434

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Régence de Bonne de Bourbon. — C’était le temps où les factions commençaient de déchirer la France et où se préparait l’effroyable tempête dans laquelle, sous l’assaut de la conquête étrangère, faillit sombrer la monarchie. Ces conjonctures risquaient de mettre en danger la Savoie même, à cause de la difficulté qu’il y avait pour un Etat de moyenne grandeur d’y prendre parti, et de l’embarras de demeurer neutre.

Le nouveau comte n’avait que huit ans. Bonne de Bourbon, veuve du Comte Vert, sa grand’mère, vivait encore. Désignée par le comte défunt pour la régence, et reconnue par les États qui furent tenus à Chambéry, elle eut à disputer contre Bonne de Berri, qui, retirée à Montmeillan, prétendait elle-même à la régence. Ce différend fut tranché en fait, outre la décision des Etats, par la reconnaissance du roi de France.

Bonne de Bourbon transporta à Bourg-en-Bresse sa capitale. Le lac de Genève se trouvait alors au cœur des Etats de Savoie. Toutes les belles résidences qui s’élevaient sur ses bords, Chillon, Lausanne, Thonon, Evian, favorisées du séjour de la Régente, brillèrent de l’éclat que répandait la cour.

La mort soudaine du Comte Rouge avait fait courir le soupçon d’empoisonnement, commun en pareil cas. On ne craignait pas de le faire tomber sur la Régente, qui ne put empêcher le supplice de l’apothicaire Lompnes, regardé comme l’instrument du crime, puis le duel ou jugement de Dieu demandé contre Othon de Grandson, qu’elle protégeait. Ce duel, dont on se souvint longtemps, eut lieu à Bourg, devant toute la cour (1397). Grandson fut tué. Bonne fit reconnaître plus tard l’innocence du malheureux Lompnes.

Bonne de Berri n’avait renoncé à la régence qu’à condition que le Comte épouserait Marie, fille du duc de Bourgogne Philippe le Hardi. Ce mariage, conclu en 1391, eut pour effet d’apparenter la Savoie au parti bourguignon,, quand s’élevèrent les guerres civiles de France, en même temps que Bonne de Berri l’apparentait au parti Armagnac, dont le duc son père était un chef.

Les chevaliers de Savoie à la Croisade. — Amurat, empereur des Turcs, avait été défait par le Comte Vert; il eut pour successeur Bajazet dit le Foudre, dont les progrès vers Constantinople épouvantèrent la Chrétienté, Le Pape prêcha contre lui la Croisade; mais les guerres qui déchiraient l’Europe ne permirent qu’aux seigneurs de second rang de partir. On n’y vit de prince souverain que le roi de Hongrie, que Bajazet menaçait dans ses Etats. Humbert, bâtard d’Amédée VII, mena au roi de Hongrie cent chevaliers de Savoie. Avec toute la chevalerie française, ils succombèrent sous les coups des janissaires dans la terrible bataille de Nicopolis (1391).

Plus tard le Comte fit rechercher ce qui restait de ces chevaliers dans les prisons de Bajazet, et paya lui-même leur rançon.

La réunion du Genevois. — C’est le temps où la lignée des comtes de Genève allait s’éteindre. La succession ne pouvait manquer d’être convoitée par nos princes. Le dernier survivant de ces comtes fut Robert, cadet de quatre frères, et pape en Avignon sous le nom de Clément VII. Il mourut en 1394; Humbert de Thoire-Villars succéda, par les droits de sa mère Marie de Genève, sœur de ce pape, puis, à la sollicitation du comte de Savoie, il lui vendit son fief en 1401.

Majeur et régnant par lui-même depuis 1399, Amédée VIII se montra le digne successeur des diplomates de sa maison. Il fallait faire ratifier cet agrandissement par l’Empereur. A Sigismond de Luxembourg, élu en 1411, il se hâte de faire valoir, en même temps que la cession consentie par Humbert, tous les droits achetés à temps par lui, des branches collatérales en chicane de la succession. L’Empereur accorda l’investiture en 1422. La noblesse du Genevois, d’abord mécontente, se soumit dès 1403.

Ainsi tout ce qu’il y avait de pouvoir dans Genève outre celui de l’évêque et de la commune, se réunissait aux mains de nos princes. Quant à la province de Genevois, sa réunion portait désormais la Savoie jusqu’aux limites qu’elle garde encore.

Politique d’Amédée en Suisse. — La réunion de Genève faisait reparaître au jour la politique d’Amédée le Grand. Cette politique se poursuivit encore dans les relations du Comte avec les ligues Suisses.

La Savoie ne songeait pas moins à se fortifier au nord du Lac qu’en Lombardie. Seulement elle trouvait en Lombardie des seigneurs aux prises avec les libertés des villes, et cela donnait sujet à un arbitrage constant. Du côté des Ligues au contraire, la puissance des seigneurs était abattue; de plus le pays, peu convoité, vivait sans menaces du dehors, de sorte qu’il ne fallait pas compter y faire payer sa protection. Amédée traita donc ces ligues comme «leur bon ami» (disent les textes) et voisin. Il renouvela l’alliance avec Berne et Fribourg, d’autant plus facilement que les Visconti, devenus maîtres de tout le Milanais et confinant à elles par Domodossola, ne passaient guère d’années sans que leurs garnisons n’en vinssent aux mains avec les milices suisses.

La vallée d’Ossola avait pour le Comte l’avantage de joindre, par delà le Valais, le Piémont à plusieurs de ses fiefs en Suisse romande. Les Visconti, découragés d’y faire la guerre, consentirent à la lui céder. Par là le Haut Valais, que convoitait le Comte, se trouva réduit presque à l’état d’enclave dans ses domaines, et livré à ses entreprises.

Politique d’Amédée en France. — Son mariage avec une princesse de Bourgogne lui assignait une position moyenne à l’égard de la guerre civile en France. L’assassinat du duc d’Orléans marque le grand éclat de cette guerre civile en 1407. En 1410, le comte Amédée, jouant le rôle de négociateur, fit signer la paix de Bicêtre entre Bourguignons et Armagnacs, puis en 1412 le traité de Bourges.

Entre temps, des efforts se faisaient à Paris pour terminer le schisme de l’Eglise. Appuyé par l’Université, un concile se réunit à Pise, et prononça la déchéance des papes rivaux. Ce jugement ne devait avoir d’effet, que repris par le concile de Bâle en 1415. Ce concile, qui jouissait de la protection de l’Empereur, et où Sigismond parut en personne, mit fin à cet état de violence. Un pape unique, Martin V, fut élu.

La Savoie érigée en duché. — Amédée avait suivi la France dans les démarches faites pour l’extinction du schisme; une fois de plus au lendemain de cette crise, il se trouvait l’ami du pape et de l’empereur.

Sigismond, retournant de Constance par la Savoie, voulut qu’un titre solennel consacrât l’importance à laquelle quatre siècles de politique et de vaillance avaient élevé sa maison. 11 y avait longtemps que nos comtes eussent pu se donner le titre de duc, puisqu’ils étaient ducs en Chablais. Mais ils voulaient être ducs. de Savoie, et que ce titre fût le signe d’un accroissement de puissance. Le moment était venu, soit d’en presser, soit d’en accepter l’octroi.

Il ne pouvait venir que de l’Empereur. Sigismond fit Amédée VIII duc de Savoie en 1416. Nos princes, ainsi qualifiés depuis lors, conservèrent dans le souvenir de cet événement celui d’un pas décisif de leur maison.

Premier engagement contre Berne et Fribourg. — Genève et le Valais aux deux bouts du Lac furent la première occasion de la discorde entre le Duc et les ligues Suisses. Ces ligues, alliées de la bourgeoisie de Genève, l’aidaient à s’immiscer jusque dans le choix de l’évêque. Comme le siège se trouvait vacant, Martin V, nouveau pape, passant par Chambéry au retour du concile de Constance, fut sollicité par Amédée d’y pourvoir, sans l’avis de la bourgeoisie ni des chanoines. Ainsi Genève eut son évêque, Jean de Rochetaillée, de la main du Duc (1418), au grand déplaisir des Bernois.

L’ANCIEN CHATEAU DE MONTMEILLAN

DAMIER. Savoie. Pl.II

Phot. Giraudon.


Cependant la branche d’Achaïe s’éteignit dans la personne de Louis, quatrième prince, à qui Amédée VIII avait marié sa fille. Le Piémont fit retour au Duc, dont le domaine direct s’étendit dès lors à tous les Etats de Savoie. Jamais la monarchie n’avait encore connu cette unité et cette puissance.

Dans la vallée d’Ossola, les ligues Suisses essayaient de nouveau les incursions conduites au temps des Visconti. Amédée prend à son service le condottière Carmagnole, et pour protéger ce territoire, ordonne la conquête du Valais. Le ravage fut épouvantable. Il aboutit au traité d’Evian (1420), où le Duc n’accordait aux Bernois l’indépendance de la province, que sous réserve de plusieurs interventions.

Alliance avec Venise. — Carmagnole valut en outre au Duc d’étendre ses alliances jusqu’à Venise, dont ce condottière devint le capitaine. Cette république, pressée par Milan à l’ouest de ses domaines, comme la Savoie l’était à l’est, devait servir ses desseins contre un ennemi commun.

Une ligue formée contre Philippe Marie Visconti {1426), réunit, avec la Savoie et Venise, Florence, Ferrare et le roi d’Aragon. Jamais les Visconti n’avaient couru de plus grand danger. Carmagnole défit les Milanais dans la bataille de Macalo. Philippe Marie traite avec Amédée VIII, et le détache de la ligue en lui cédant Verceil et en prenant pour femme sa fille Marie de Savoie (1427).

Verceil, sur la rive droite de la Sésie, n’est qu’à cinq lieues de Casal, capitale du Monferrat. En même temps qu’une province fertile, elle mettait entre les mains du Duc une position de guerre importante et une pointe avancée vers le Pô inférieur.

En paix de ce côté, Milan tint tête, jusqu’à ce qu’ayant obtenu la disgrâce et le supplice de Carmagnole, elle fit avec Venise une paix, où celle-ci put apprécier ce que valait la neutralité de la Savoie.

Nouvelle expédition d’Orient. — La volonté qu’avait la maison de Savoie de faire sentir ses armes en Orient, eut un nouvel effet vers ce temps-là. Les Turcs y faisaient de grands progrès, contre Manuel Paléologue sous Mahomet Ier, puis contre son fils Jean sous Amurat II. Amédée envoya des secours à l’Empereur avec un résultat que nous ne connaissons pas.

En 1426, Janus de Lusignan, qui régnait en Chypre, attaqué par le Soudan d’Egypte, reçoit d’Amédée cinq mille hommes, conduits par Jacques de Compeys et François de Lapalud, comte de Varembon. Ces seigneurs succombèrent aux forces musulmanes; mais Chypre n’en fut pas moins sauvée.

Guerre du Valentinois. — Le Valentinois et le Diois formaient encore un fief distinct du Dauphiné, inféodé à la maison de Poitiers, qui s’éteignit en 1419, dans la personne de Louis, dernier comte. Ce seigneur instituait son héritier le Dauphin (depuis Charles VII), moyennant une somme que celui-ci ne put payer.

Amédée VIII, à qui, à défaut de ce paiement, le fief était cédé, intervient. Saint-Vallier, cousin du défunt par les femmes, se ligue pour son exclusion. Le duc de Savoie n’en occupa pas moins le pays, dans lequel il se faisait un parti comme allié des libertés bourgeoises. Mais après que Charles VII eut reconquis ses États, ce roi proposa de payer la somme, et réclama les deux provinces.

Le Duc fait alliance contre cette réclamation avec le prince d’Orange Louis de Chalons, que soutenait le duc de Bourgogne. Ce seigneur était maître d’une partie de la Provence. Le Duc règle avec lui le partage du Dauphiné, convient de lui céder le Viennois et de retenir Grenoble et le Grésivaudan. Mais on ne tarda pas à voir la vanité de ce partage. La France rétablissait partout le sort de ses armes victorieuses. La coalition, où ne combattait pas le prince, mais la noblesse de Savoie seulement, fut vaincue à la bataille d’Anthon (1430).

Conspiration du comte de Clermont. — Le comte de Varembon de l’expédition de Chypre, avait pris la plus grande part à cette guerre. Il poursuivit Aynard comte de Clermont, allié du Roi, jusque dans les Dombes, s’empara de Trévoux, fit quantité de prisonniers.Inférieur à ce dernier échec, son adversaire s’adresse à la justice du Duc, qui rembourse les rançons, et punit Varembon par la saisie de ses terres. Mais, cette satisfaction donnée, le Duc reçut en grâce son gentilhomme.

Le comte de Clermont conçut de cette grâce le plus grand des ressentiments. Tenté par deux vassaux du Duc, que celui-ci avait punis de brigandage, il entra dans le dessein secret d’attirer le prince à la Chartreuse de Pierre-Châtel et de l’enlever. La barque préparée pour cet enlèvement attendait sur le Rhône au pied de cette chartreuse. La conspiration fut découverte. L’un des conjurés, Cordon, fit des aveux; l’autre, Sure, eut la tête tranchée à Thonon (1434).

Institutions d’Amédée VIII. — Ce prince a reçu le surnom de pacifique. Cela ne doit pas être entendu d’une humeur inclinée à la paix, mais d’une puissance qui fut capable de l’imposer.

De la Savoie accrue en territoire, en relations, en influence, il s’appliqua et réussit à faire un Etat parfaitement tranquille et prospère. Au dehors un système d’alliances où entraient Naples, Venise, Berne, la Bourgogne et la France, garantissait cet équilibre; à l’intérieur il sut le faire régner par un sage règlement de la justice et de l’administration.

Un grand ouvrage témoigne dans la postérité de ses travaux à cet égard: les Statuta Sabaudiæ ou Statuts de Savoie, première rédaction générale que notre nation ait connue des ordonnances diverses portées au cours des âges par les souverains. En rappelant le bienfait de ce code, la Savoie rappelle en même temps le premier effet solennel de cette science de jurisprudence, que l’Europe entière lui reconnaît.

La rédaction dura dix ans. L’auteur principal en fut Nicod Festi de Sallanches, sous le chancelier Jean de Beaufort, et par l’inspiration directe du duc Amédée VIII. Elle était achevée en 1430; la promulgation eut lieu cette année même.

Dans cette constitution, les baillis et châtelains avaient leurs pouvoirs définis, le conseil sédentaire de justice siégeant à Chambéry, le conseil suprême ou conseil du Duc, voyaient refondre leurs attributions; des avocats fiscaux, chargés de représenter le prince en justice, étaient créés. Pour les articles particuliers, le jugement de Dieu par le duel fut aboli; et des lois somptuaires furent ajoutées, selon le mode de ces vieilles législations.

Le concordat d’Amédée VIII. — L’existence de princes-évêques nombreux, que contenait la Savoie comme partie de l’Empire, empêchait de régler l’intérieur du pays sans un accord avec les pouvoirs d’Eglise. Un concordat, consenti en 1432, fut la suite nécessaire des Statuts.

Il fut rédigé par Bolomier. L’archevêque de Tarentaise, les évêques de Maurienne, de Genève, de Belley et d’Aoste y reconnaissaient le duc pour souverain, et par des transactions diverses abandonnaient entre ses mains le principal de leur juridiction. Les Etats Généraux réunis à Thonon solennisèrent cette constitution, en même temps qu’ils aidèrent à la faire accepter en manifestant leurs désirs, conformes à la volonté du prince. Un des articles les plus disputés fut que les prêtres présents aux tribunaux laïques cesseraient d’y siéger à titre ecclésiastique. Le Duc tenait à cet article et l’imposa.

Prospérité de la Savoie. — Le règne d’Amédée VIII tombe dans le temps de l’agitation la plus furieuse causée par la guerre de Cent Ans. Cette agitation ébranlait la France, elle intéressait la Bourgogne, l’Angleterre, les Pays-Bas. En Italie, le royaume de Naples, retombé en proie aux compétitions de Duras et d’Anjou, souffrait des maux à peine plus supportables. Enfin les royautés d’Orient et la Hongrie, menacées de la conquête turque, vivaient dans la peur des janissaires. Peu d’Etats de la Chrétienté connaissaient alors le bienfait de la paix.

Elle était profonde en Savoie, et s’y ornait de tous les progrès de la société et des arts, florissants en ce début du quatorzième siècle, et que traversaient ailleurs les révolutions et la guerre. «Amédée VIII, dit Olivier de la Marche, sut si bien gouverner, au milieu des contrées voisines en proie aux guerres étrangères et aux dissensions civiles, qu’en Savoie seulement on trouvait alors santé, richesse et bonheur.»

Le Duc avait fait de Thonon sa capitale. Comme son aïeule, il aimait les rivages du Lac, qu’il regardait comme le centre de ses Etats. Cependant il ne se lassa pas d’embellir Chambéry. Il y éleva dans le château la Sainte-Chapelle célèbre, qui renferma plus tard le Saint-Suaire: un maçon dauphinois, Jacques Magnin, la bâtit. La même ville s’embellit de monastères puissants: Franciscains et Dominicains; l’église et la maison de ces derniers était le plus magnifique ouvrage que les moines eussent élevé sur le sol de Savoie.

On voit par les inventaires d’alors, que le Duc dans ses résidences s’entourait d’un luxe du même genre que celui dont marchaient environnés son grand-père le duc de Berri, son beau-père le duc de Bourgogne, modèles des mécènes de leur temps. Comme eux, des tapisseries le suivaient dans ses voyages. Quand il reçut l’Empereur à Chambéry, un peintre vénitien, qu’il avait à ses gages, peignit les salles et fit son portrait. Il recherchait aussi les manuscrits à peintures, et dans le trésor de la Sainte-Chapelle de Chambéry, les plus riches objets, offerts en don, témoignaient sa magnificence. Il en était de même de l’abbaye de Hautecombe, récemment augmentée par le Comte Vert de la chapelle des Princes, fermée d’une grille de bronze, couverte d’une voûte peinte par Georges d’Aquila.

A l’ordre du Collier, fondé par son grand-père, Amédée ajouta l’ordre de Saint-Maurice en 1434. Pour l’encouragement des sciences et des belles-lettres, il fonda en 1405 les premières chaires de l’université de Turin.

Abdication d’Amédée VIII. — Amédée VIII n’attendit pas la mort pour transmettre à son fils Louis les Etats dont il avait achevé la perfection. Le premier de sa maison, mais non pas le dernier, il abdiqua, en 1434, et se retira à Ripailles, dans le magnifique château élevé en cet endroit, près d’une abbaye d’Augustins qu’il y avait lui-même établi. Cependant il gardait le duché, Louis n’ayant de titre que celui de son lieutenant général.

C’était le temps où le concile convoqué par le pape Martin V pour juger le schisme de Bohême, siégeait à Bâle (depuis 1431). Eugène IV, successeur de ce dernier, le déclara dissous en 1437, pour réunir à Ferrare un autre concile chargé de recevoir l’Eglise grecque à l’unité, dans la personne de l’empereur Jean VII Paléologue. Les Pères de Bâle refusèrent d’obéir. Ils déclarent Eugène IV hérétique, le déposent et lui nomment un successeur (1439). Ce successeur fut le duc Amédée VIII.

Il avait alors cinquante-deux ans. Ayant premièrement ceint la tiare à Bâle, il consomma son abdication dans la chapelle du château de Thonon, et désormais, sous le nom de Félix V, gouverna les Eglises de France, de Suisse et de. Savoie, qui le reconnaissaient pour pape. C’était le Grand Schisme renouvelé, cette fois pour une courte période. Le prince allait bientôt reconnaître l’erreur du concile qui l’avait élu, et des grandes nations qui lui obéissaient.

On ne peut omettre de remarquer que les ambitions d’Amédée, tournées vers les affaires d’Eglise dans les dernières années du règne, causèrent un commencement de décadence dans le Duché. Cette décadence, qui fut suivie par les erreurs du duc son fils, fait une introduction naturelle au récit des événements de notre troisième période.

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