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1268 à 1283

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Abaissement du Monferrat. — Cette mort fut suivie de peu par la bataille de Tagliacozzo (1268), où périt Conradin, dernier prétendant de la maison de Souabe au trône de Naples. Le duc d’Anjou prit possession de ce trône, et le Saint-Siège échappa pour toujours aux menaces que les armes de l’Empire avaient fait passer sur sa tête.

Philippe, puîné de Pierre et dernier des fils de Thomas Ier, succéda au comté de Savoie. Thomas, troisième du nom, fils aîné de Thomas qui fut régent sous Boniface, tenait alors le Piémont à fief du Comté. Il y soutint l’effort de Charles duc d’Anjou, qui, méprisant la défense du pape, assaillit Turin et s’en empara (1270). Plus heureux contre Monferrat, Thomas battit cet ennemi et le fit prisonnier. Le marquis ne fut remis en liberté que moyennant une restitution de tout ce que les comtes depuis Odon avaient cédé, en Italie, de la dot d’Adélaïde de Suse. Ces événements marquèrent la fin de la prépondérance du Monferrat.

La succession du Faucigny. — En 1273 prend fin pour l’Allemagne la période dite grand interrègne, durant laquelle plusieurs compétiteurs se disputèrent l’Empire, sans qu’aucun l’emportât. L’avènement de Rodolphe de Habsbourg, qui termina cette anarchie, remit le pouvoir impérial en état de se faire sentir aux princes de la maison de Savoie.

En aucun temps de leur histoire, ils ne furent si près du parti Guelfe. Benemerito della Chiesa, amatissimo del papa, tel est le nom que donne à Philippe Ier le panégyriste d’Innocent IV. Contre l’influence du Pape en Lombardie, Rodolphe fit alliance avec Anjou, et agita au profit de cette maison la reconstitution de l’ancien royaume d’Arles. Philippe s’y opposa, d’accord avec la France et le comte palatin de Bourgogne. En représailles, l’Empereur remit en question les droits de notre comte sur Kibourg.

D’autre part, la fille du comte Pierre, Béatrice, portait le Faucigny, où succédaient les femmes, au Dauphin de Vienne, Guigues VII, qu’elle avait épousé. Le fils de ce dernier, Jean, étant mort jeune (1282), le fief tomba de nouveau en quenouille. Anne, héritière des Dauphins, le porta dans la maison de la Tour du Pin, par son mariage avec Humbert, prince de cette maison. et tige de la troisième race des Dauphins.

Philippe entre en contestation d’une succession si contrariée; il oppose les droits de Béatrice de Thoire-Villars, tante de Béatrice de Savoie. L’Empereur prend le parti de cette dernière et d’Anne. Une même guerre fut appelée à trancher ce différend, et celui qu’il élevait au sujet de Kibourg. et des seigneuries suisses. Le Comte envahit le Faucigny, l’Empereur fit le siège de Payerne. Le comte de Genevois fut pour l’Empereur, Othon IV comte de Bourgogne, et Marguerite de Provence, pour le Comte.

Les évêques de. Lausanne, de Bâle et de Belley ménagèrent la paix. Elle eut lieu à Payerne en 1283. Le comte Philippe retirait ses troupes du Faucigny, il cédait Payerne et Morat, mais recevait confirmation de l’Empereur de toutes les autres possessions que la Savoie tenait au nord du lac de Genève. De plus, on convenait de soumettre à l’arbitrage ce qui s’élèverait à l’avenir de difficultés entre les Comtes et l’Empire.

Quelques seigneurs des pays contestés y maintenaient l’agitation. Les deux années que le Comte vécut encore, furent employées à. les réduire, dans le pays de Vaud, le pays de Gex et le Bugey..

Les libertés bourgeoises en Savoie. — L’octroi des libertés bourgeoises, qui, du XIIe siècle au XIVe fait un des traits illustres de l’histoire de l’Europe, était alors chez nous dans toute son étendue. Yenne,. Chambéry, Evian, Saint-Genix, le Châtelard, Seyssel reçurent entre 1215 et 1285, les franchises nécessaires au développement de la vie citadine et à la prospérité des marchands.

A cet égard les historiens ont confondu deux choses: les communes, issues des revendications pacifiques ou guerrières des ligues bourgeoises, et les villes de privilège, rendues telles par la libéralité du prince. Nos villes furent de la seconde espèce. Ce qui conseillait aux Comtes l’octroi de ces privilèges était tantôt l’intérêt du commerce dans leurs Etats, tantôt le dessein de s’attacher les villes par des bienfaits.

État de la monarchie de Savoie. — La mort de Philippe Ier (1285) fermait pour la monarchie de Savoie l’ère des incertitudes et des préparations. D’une part, son territoire, qui n’avait cessé de croître, la montre fortement établie sur tous les points où devait se jouer sa destinée. Sûre de Chambéry et de Turin, elle étend vers le Rhône ses domaines et des prétentions qu’elle fera bientôt prévaloir; elle dépasse cette limite en Bugey; elle règne au nord du lac de Genève dans le voisinage des cantons Suisses; en Italie l’abaissement du Monferrat met en liberté son action. D’autre part l’ère, difficile pour elle, des luttes entre le Sacerdoce et l’Empire est close. La défense des libertés lombardes, toujours agréable au Saint-Siège, a cessé d’être un engin de guerre contre l’Empire. Plus forte pour mener cette défense, la Savoie est aussi plus libre de le faire. Bientôt elle sera en mesure de tenir seule ce rôle, que personne ne lui disputera plus. Ce sera la seconde étape de sa grandeur.

Histoire de Savoie, des origines à l'annexion

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