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1263 A 1268

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Grandeur de ce prince. — On a demandé pourquoi, la lignée d’Amédée IV éteinte, les enfants de Thomas son puîné n’avaient pas succédé au Comté. Ce fut un cadet qui succéda, Pierre, alors comte de Romont, non en vertu d’aucune décision des États de Savoie (lesquels ne se tenaient pas encore), mais probablement parce que le droit de représentation n’était pas alors admis dans cette maison: les fils d’un mort ne pouvant exciper des droits qu’eût eus leur père vivant, et le mâle le plus proche héritant à leur place.

On ne peut manquer d’observer sous ce prince les premières relations suivies de la maison de Savoie en Angleterre, dont son neveu par alliance était roi. Pierre avait servi ce prince et résidé à Londres, où l’hôtel de Savoie garda longtemps son nom. Contre les barons révoltés de ce pays, il conduisit au secours de la reine Éléonore des troupes qui ne passèrent pas la Flandre, cette révolte s’étant apaisée (1264). Un avantage de ces relations fut qu’il eut pour ami Richard de Cornouailles, frère du roi d’Angleterre, qui prit le titre d’empereur d’Allemagne au temps du grand interrègne. Il en reçut le comté de Kibourg près de Zurich; il était aussi baron de Vaud, et tenait le château de Genève, en paiement de quelques dettes contractées par les comtes de Genevois à son égard. Enfin son mariage avec Agnès, héritière du Faucigny, mit cette province entre ses mains.

Peut-être le surnom de Petit Charlemagne vint-il à ce prince de sa législation. En effet la Savoie tint de lui les premières constitutions ou statuts qu’elle ait connus. Entre les châtelains et l’autorité du comte, elles instituaient les baillis qui renforçaient son autorité. Dans chaque province fut établi le juge qui représentait le souverain. La procédure fut amendée, et on reconnaît dans ces statuts les premiers traits de notre assistance judiciaire. Le notariat aussi eut ses règlements.

Ses guerres. — On les voit conduites principalement du côté de la Suisse, en Valais et au nord du Lac. Le Comte rencontrait de ce côté la puissance naissante des Habsbourg. Rodolphe, tige de cette maison, soutint contre lui l’évêque de Sion. Il lui disputa le comté de Kibourg. Le progrès que la Savoie faisait de ce côté est attesté par une alliance avec Berne, qui fut conclue à cette époque. En même temps le pays de Vaud reçut de Pierre le bienfait d’une unité nouvelle, succédant à divers morcellements féodaux, et consacrée par des États uniques, qui se tinrent depuis à Moudon.

Il résidait d’ordinaire à Thonon, et l’on voit que dès lors les comtes de Savoie songeaient à relever pour eux-mêmes l’ancien royaume de Bourgogne. Peut-être Pierre eut-il le premier ce dessein. Il reçut de l’abbé de Saint-Maurice d’Agaune, l’anneau du Saint, gardé dans l’abbaye, et depuis lors cette relique insigne, transmise de prince en prince dans la maison de Savoie, attesta leur droit dynastique et l’antiquité vénérable à laquelle ils se rattachaient.

Cependant le duc d’Anjou, passé par mer en Italie, battait et tuait Mainfroid à Grandella (1266). Un traité qu’il avait signé avec le pape, défendait à ses ambitions la Toscane et la Lombardie. Cette défense favorable aux intérêts du Comte, devait le liguer avec le pape contre les tentatives que l’Angevin ferait dans ces parages. Pierre le Petit Charlemagne mourut à Pierre-Châtel, l’année 1268.

Histoire de Savoie, des origines à l'annexion

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