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ОглавлениеOrigine de la maison de Savoie. — Les commencements de l’histoire de Savoie sont couverts d’obscurité. Les premières lumières tombent sur les princes, tandis que le lieu et l’étendue de leurs possessions restent incertains. Ces possessions étaient au royaume d’Arles, sans qu’on puisse dire précisément sur quelles terres le titre de comte au pays de Savoie (comes in agro Savogiensi) leur donnait autorité. Ce qui n’est pas douteux, c’est qu’Humbert aux Blanches Mains, tige de la maison de Savoie, portait ce titre au temps où le royaume d’Arles fut donné à l’Empereur (1032).
Des généalogies approuvées de cette maison ont longtemps assigné pour son prédécesseur et premier de la lignée Bérold de Saxe, dont le nom la faisait allemande; on tient aujourd’hui pour probable, à cause de la position de ses plus anciens fiefs, qu’elle a pris naissance en Viennois.
Introduction du nom de Savoie. — Savoie ou Sapaudia n’a signifié d’abord qu’une région naturelle, dont nous ignorons les limites. Ammien Marcellin est le premier qui s’en serve, au IVe siècle. Sous Charlemagne, c’est un district; l’usage devait plus tard en fixer l’étendue à la province de Chambéry. Le nom de comte de Savoie fait de ce district un fief à partir d’Humbert le Renforcé. La réunion de parties nouvelles successivement opérée par les Comtes, en étendit l’appellation à toutes les possessions de ces princes en-deçà des Alpes jusqu’au Rhône. Ces deux usages du mot ont duré jusqu’à nous.
Il est remarquable que ni l’un ni l’autre ne répond au territoire des anciens Allobroges. Savoie au sens particulier exclut la principale partie de ces peuples; au sens national en outre il les déborde. Ainsi l’histoire des Allobroges ne saurait être prise pour l’histoire de la Savoie. Celle-ci ne commence qu’avec la dynastie qui devait, en associant au comté cinq provinces, former de cette union la nation Savoyarde.
Situation favorable de la maison de Savoie. — Une foule de seigneurs particuliers commandaient alors à ces provinces: parmi les seigneuries ecclésiastiques, on distinguait les évêques de Genève, de Sion, d’Aoste, de Maurienne et de Tarentaise; parmi les laïques, les sires de Chambéry, les marquis de La Chambre, les barons de Chevron, de Villette, de Briançon, de Miolans, de Montmayeur, de Compeys, de Sallenove, de Menthon. Depuis le temps d’Humbert aux Blanches Mains, quelques maisons s’élèvent au-dessus des autres et commencent la réparation du morcellement féodal.
Humbert s’étendit en partie grâce à l’appoint des fiefs d’Eglise. Son frère Odon, évêque de Belley, ses fils, Bouchard, évêque d’Aoste, et Aimon, évêque de Sion, nommés par les rois d’Arles comtes en ces divers lieux, concédèrent ces comtés en fief à leurs aînés, qui y exercèrent pour eux l’autorité. Ainsi nos comtes au pays de Savoie s’étendirent dès lors sur le Bugey, le Val d’Aoste et le Valais.
La substitution des Empereurs à la dynastie des rois d’Arles, en donnant pour maître aux seigneurs un prince occupé de plus de soins et résidant hors du royaume, achevait de relâcher le vasselage: Humbert aux Blanches Mains en profita. En même temps il sut faire valoir sa fidélité à l’Empereur. En 1033 il alla le visiter à Zurich. Quand Conrad fut couronné à Genève, le Comte commanda les troupes accourues par le Grand Saint-Bernard pour protéger et saluer l’Empereur. La faveur de ce dernier fut sa récompense. On croit qu’Humbert en reçut le Chablais, dont Saint-Maurice d’Agaune était alors la capitale.
Il était en outre comte de Maurienne, et tenait près d’Aiguebelle, la tour de Charbonnière, qui perpétue jusqu’à nos jours le souvenir de ces origines.