Читать книгу Les quartiers pauvres de Paris : le 20e arrondissement - Louis Lazare - Страница 11
VIII
ОглавлениеNous avons dit que la grande rue de Belleville séparait les 19e et 20e arrondissements.
Lors de l’annexion à Paris des communes suburbaines, il eût été très-facile et relativement peu coûteux d’établir une mairie provisoire au centre du 20e; avec une location de 8 à 10,000 fr., on devait en avoir le cœur net.
Sait-on où l’on a placé cette mairie provisoire? sait-on où elle est installée depuis neuf années?
A la limite extrême du 20e, dans l’ancienne guinguette de l’Ile d’Amour. — Qu’en est-il résulté ?
Pour la constatation des décès, pour les mariages, pour tous les actes enfin de l’état civil, les habitants de l’est du 20° ont été condamnés à des voyages de long cours, voyages bien plus difficiles autrefois qu’aujourd’hui. En effet, alors que la rue de Puébla n’était pas ouverte, il fallait, pendant les pluies et les neiges de l’hiver, durant les chaleurs tropicales de l’été, suivre des sentiers défoncés, de véritables ornières qui s’enchevêtraient dans la plaine.
Cette situation était devenue intolérable.
En 1866, l’autorité municipale décide la construction d’une nouvelle mairie. Dans un parcours de plus de 1,500 mètres, il eût été facile de faire choix d’un bon emplacement. Où met-on la mairie? juste en face du Père-Lachaise; de sorte que les jeunes mariés, en attendant l’écharpe municipale, auront pour se récréer la perspective des tombes qui émaillent le cimetière.
Que dire aussi de l’hôpital qui va s’élever également vis-à-vis le Père-Lachaise? C’est là Sans doute une leçon philosophique donnée par M. le préfet de la Seine aux pauvres malades; le cimetière leur promet la fin de leurs souffrances.
Autrefois Belleville avait son cimetière ainsi que Charonne; ils étaient l’un et l’autre convenablement entretenus. Depuis qu’on cesse d’y enterrer les morts qui n’ont pas de concessions perpétuelles, l’abandon dans lequel ces cimetières sont laissés est des plus fâcheux.
Faute d’entretien, l’herbe pousse dans les allées principales; les petits chemins bordés de tombes sont impraticables ou complètement effacés. On dirait qu’une main sacrilège pousse à la destruction des pierres tumulaires qui jonchent le sol.
C’est surtout au cimetière de Belleville que ce délaissement est navrant et regrettable. Ceux qui entrent avec des pensées religieuses dans ce champ du repos en sortent avec des sentiments de haine, tant cet abandon est une insulte à la piété des souvenirs.
Avec quelques centaines de francs sagement employés chaque année, on ferait cesser des plaintes que l’écho répète au détriment de l’autorité municipale.
Ici, arrêtons-nous. Lorsque nous nous occuperons du 18e arrondissement, composé principalement de l’ancien Montmartre, nous aborderons résolûment la question des cimetières de Paris.