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Table des matières

Maintenant, examinons une à une les réclamations formulées par le 20e arrondissement, dont nous allons photographier la triste physionomie.

Commençons par les ÉDIFICES RELIGIEUX.

Le 9 juillet 1866, nous rédigions, au nom des habitants du 20e arrondissement, une pétition qui fut adressée au Préfet de la Seine; dans cette pétition se trouvent les passages suivants:

«Monsieur le Préfet, la partie du 20° arrondissement qui représente aujourd’hui l’ancien Ménilmontant renferme un groupe de population qui dépasse 30,000 âmes.

» Pour satisfaire aux besoins du culte, une seule chapelle, une toute petite église, existe sous le vocable de Notre-Dame-de-la-Croix.

» Établie depuis plus de trente ans, et à titre provisoire, disait-on, dans une propriété particulière, cette église est tellement étroite, insuffisante, que lors des fêtes religieuses et même les dimanches ordinaires, la plus grande partie des fidèles n’y pouvant être admise est forcée de stationner sur la place de Ménilmontant.

» Les samedis surtout, les mariages et les enterrements s’y confondent, et les invités sont pêle-mêle. Parfois l’air manque, on y étouffe, il faut sortir, et il arrive trop souvent que le cabaret s’emplit de ceux que l’église ne peut contenir.

» Pour faire cesser une situation si fâcheuse et si contraire à la religion, vous avez ordonné, monsieur le Préfet, il y a plusieurs années, la construction d’une nouvelle église plus vaste et mieux en rapport avec l’accroissement continu de la population dans cette partie du 20e arrondissement. Mais, faute de crédits suffisants, l’édifice s’élève lentement, trop lentement, alors surtout que les besoins s’accusent plus impérieux chaque jour. Nous croyons en votre haute sagesse pour imprimer à ces travaux si nécessaires une activité nouvelle. Vous exaucerez nos vœux, car vous savez qu’une population qui réclame avec respect en faveur du culte est toujours une population tranquille et honnête...»

Cette pétition, revêtue des signatures d’un certain nombre d’habitants, fut adressée au maire du 20e arrondissement pour la transmettre à M. le Préfet de la Seine.

Le 21 août 1866, le magistrat y répondait en ces termes:

«Monsieur le maire, un certain nombre d’habitants du 20e arrondissement demandent, par une pétition en date du 9 juillet, l’achèvement de l’église Notre-Dame-de-la-Croix..... J’ai examiné avec la plus grande attention cette pétition, et je serai heureux de donner en temps utile une entière satisfaction aux vœux légitimes qui m’ont été exprimés.

» Des crédits suffisants sont prévus pour le complet achèvement de l’église de Notre-Dame-de-la-Croix, et des ordres ont été donnés aux architectes pour que les travaux soient poussés avec activité. Le sénateur, préfet de la Seine, HAUSSMANN.»

Il paraît que les crédits n’étaient pas très-abondants, puisque l’édifice religieux, qui a été commencé à peu près au moment de l’annexion, n’est pas encore aujourd’hui complètement terminé. En ce moment, on est en train de le daller, on vient d’y installer un nouveau curé ; il y a lieu d’espérer que l’année 1870 verra cette église entièrement livrée au culte.

Mais cet édifice, d’une architecture très-remarquable et qui fait honneur à M. Héret, qui en a dressé les plans et conduit les travaux, est bloqué par des constructions qui empêchent les fidèles d’arriver facilement à cette église. Il y a quatre ans environ, le commissaire-voyer du 20e arrondissement, M. Auguste Guénepin, avait été chargé de faire l’estimation des propriété à exproprier pour donner de l’air au monument. En cette circonstance encore, les travaux de luxe exécutés dans les quartiers riches ont fait ajourner le nécessaire dans ce quartier pauvre de Ménilmontant.

Pour opérer le dégagement de l’église Notre-Dame-de-la-Croix, à l’est, il faut exproprier et démolir les maisons de 51 à 71 inclusivement dans la rue de Ménilmontant,

Le portail, au midi, ne peut être découvert que par la suppression des immeubles nos 61, 63, 65 et 67 de la rue Julien-Lacroix; puis, si l’on veut donner une perspective au monument, il faut tracer, dans l’axe du portail, une voie aboutissant au boulevard de Belleville. Enfin, pour que les fidèles qui habitent la partie culminante de Ménilmontant puissent se rendre à ce monument, on doit au plus tôt exécuter la rue C, qui, partant de l’église, à l’est, doit atteindre le rond-point, derrière le Père-Lachaise. — Nous reparlerons de ces dégagements au chapitre Voies publiques.

Après avoir recommandé à la sollicitude de l’administration municipale le prompt achèvement si nécessaire de l’église Notre-Dame-de-la-Croix de Ménilmontant, il ne faut pas oublier la pauvre petite église Saint-Germain-de-Charonne. Bâtie à une époque où l’ancien village de Charonne ne comptait que 300 feux, cette église ou mieux cette chapelle était suffisante alors. Mais placée maintenant au milieu d’un groupe de population qui s’élève à plus de 12,000 âmes, elle ne saurait contenir les fidèles qui se pressent à ses portes, surtout lors de nos grandes fêtes religieuses. Il y a donc nécessité bien urgente d’agrandir l’église Saint-Germain-de-Charonne dans l’intérêt de cette partie du 20e arrondissement de Paris.

Les quartiers pauvres de Paris : le 20e arrondissement

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