Читать книгу Les quartiers pauvres de Paris : le 20e arrondissement - Louis Lazare - Страница 8
V
ОглавлениеCependant nous avons toujours été et nous sommes encore l’un des partisans les plus chaleureux des grands travaux dans Paris, Mais leur exécution devait être sage et mesurée, pour éviter ces interruptions fâcheuses dont souffrent maintenant nos quartiers excentriques dont les chantiers sont déserts depuis plus de six mois.
Oui, le dégagement du centre de Paris devait être considéré comme une de ces œuvres saintement humaines qui profitent au souverain et qui plaisent à Dieu.
Mais il fallait, en présence de l’annexion, ajourner les opérations luxueuses jusqu’à l’assimilation complète de l’ancienne banlieue à la Ville de Paris.
L’édilité parisienne ne devait pas dépenser des millions par centaines, soit pour improviser nouvel Opéra des abords si pour créer, à l’ouest de Paris, ces nombreuses avenues, ces boulevards, presque tous inutiles, si ce n’est à la spéculation.
Elle ne devait pas, d’un côté, se faire entrepreneuse malhabile de théâtres, tandis que, de l’autre, elle abandonnait l’établissement de marchés à une compagnie financière.
Elle ne devait pas tant dépenser en superfluités dans les quartiers riches, pour se trouver ensuite dans l’impossibilité de donner le nécessaire aux quartiers pauvres.
Elle ne devait pas enfin jeter par terre des hôtels splendides des rues de la Paix, Louis-le-Grand, et du boulevard des Capucines, parmi lesquels huit seulement ont coûté plus de 17 millions, pour ordonner quelques jours après la suspension des travaux dans le 20e arrondissement et dans toute la zone annexée.
En effet, à l’heure où nous écrivons, et depuis plus de six mois, il n’y a pas un seul ouvrier dans les chantiers de la mairie, pas plus que dans le périmètre de l’hôpital de Ménilmontant.
Réunir à la Ville de Paris, à cette Cité Reine, comme on l’appelle, des localités si délaissées, d’un aspect si triste et si misérable, c’était coudre des haillons sur sa robe de pourpre.