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B. De la fatigue du larynx.

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Nous avons dit (p. 35) que lorsqu’on veut donner un son, les lèvres vocales abandonnent la position écartée qui leur est assignée pendant la respiration, qu’elles se rapprochent au point de fermer la glotte et qu’en même temps elles éprouvent des changements dans leurs diamètres par suite de la tension opérée qui doit répondre au son que l’on veut émettre.

L’occlusion préalable de la glotte dans l’émission du son a pour but d’empêcher la perte d’une partie de l’air inspiré avant que les lèvres vocales entrent en vibration, c’est-à-dire sans que le son soit produit. Si cette perte a lieu, la respiration fait défaut par sa durée et son intensité et la voix émise est mal posée.

Lorsqu’au contraire l’occlusion préalable des cordes vocales est complète, le son est émis parle coup de glotte (p. 36). Produit avec exagération et répété trop fréquemment, il rend la voix désagréable par ces explosions dures et peu harmonieuses; les muscles perdent leur force par cet abus du travail; les voix deviennent dures dans certaines notes, ou même analogue au son que donne une crécelle, ou certains sifflets, ou la prononciation prolongée de la lettre r; c’est ce qu’on appelle un roulement de la voix (voy. p. 41).

2. Dans la voix parlée ou déclamée les hommes emploient d’habitude le registre inférieur, les femmes et les enfants le supérieur, avec des varia-lions peu marquées dans l’intonation; les variations ne dépassent guère en général une demi-octave et la succession a lieu sans intervalles limités.

Cependant beaucoup de personnes, lorsqu’elles parlent en public, sont tentées, pour donner plus de retentissement à la voix, d’élever ou d’abaisser l’intonation habituelle; on change parfois même de registre. Ainsi on voit certaines personnes faire leurs allocutions en voix mixte ou en voix de tête, tandis que d’autres, en adoptant le timbre sombré, abaissent leur voix naturelle et parlent avec les sons les plus graves qu’il leur est permis de produire.

Ce procédé est une erreur, puisqu’il est inutile et nuisible. Il est inutile, ou pour mieux dire, il manque complètement son but, car on n’est pas mieux entendu parce qu’on adopte un diapason étranger, et la hauteur du son ne contribue en rien à la puissance. D’autre part, par ces efforts, auxquels le pharynx et le larynx ne sont pas habitués, par ces contractions artificielles, ces organes éprouvent une fatigue qui est nécessairement nuisible à l’émission de la voix. En parlant sur un diapason trop élevé, qui se rapproche du registre de la tête, on risque de voir la voix se casser et s’éteindre; en faisant usage d’un diapason trop grave, la voix s’enroue et pert sa pureté primitive.

On évitera ce double écueil en conservant l’intonation habituelle. En procédant de cette manière, on agira non-seulement dans l’intérêt de sa voix, mais aussi dans celui de l’effet qu’on veut produire. Ceux qui changent de diapason posent devant le public. Or, tout ce qui est faux porte sa condamnation en soi-même, et le public finit toujours par se lasser de tout ce qui blesse la vérité.

Qu’il nous soit permis, à cette occasion, de rappeler une anecdocte concernant Talma. Ce grand artiste se faisait donner, dans les coulisses, avant d’entrer en scène, le diapason convenable. «Monsieur, voudriez-vous me dire l’heure qu’il est?» demandait-il, par exemple, au premier venu. Celui-ci répondait naturellement; de même Talma lui disait: «Merci, monsieur.» Et, en entrant en scène, ses premières paroles étaient dites sur le ton dont il venait de prononcer le «Merci, monsieur ».

3. Nous venons de voir que dans la voix parlée on n’emploie qu’un petit nombre de sons, et que les intervalles ne sont pas nettement limitées. Il n’en est plus de même pour la voix chantée, où les intervalles entre les notes sont marquées, où l’individualité de chaque son peut être appréciée.

L’étendue de la voix peut être développée par l’exercice. Ceux qui s’adonnent au chant doivent exercer leur voix dans les deux registres et s’exercer indépendamment dans l’un et l’autre. Cet exercice développe la voix et finit par lui donner toute son étendue. Ici se présente parfois une illusion, partagée par le professeur ou l’élève et qui est relative aux limites naturelles de la voix. On veut dépasser celles-ci et transformer un baryton en ténor ou bien un mezzo-soprano en contre-alto. Or, ces tentavives sont fort dangereuses et inutiles; on ne refait pas l’organe, on le fatigue et on le détruit aux dépens de ses qualités naturelles. Sans doute, l’exercice, en développant la voix, peut faire gagner quelques sons, mais il ne peut faire vibrer les cordes au delà ou en deçà de leur élasticité naturelle. Aussi, dès que l’on s’aperçoit que l’éclat se perd, que la fraîcheur et la pureté diminuent, on doit se hâter d’abandonner une méthode qui finirait par détruire les moyens naturels.

C’est surtout l’abus des sons aigus qui détruit la voix, et c’est là le danger le plus fréquent auxquels s’exposent les élèves dès leurs premières études. On pousse trop loin des sons de tête ou de poitrine; dans le premier cas, on risque de casser la voix; dans le dernier, on abîme le médium, qui reste fatigué, faible et couvert, lors même que la voix de tête ou de poitrine serait normale.

Hygiène de la voix parlée ou chantée : suivie du formulaire pour le traitement de la voix

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