Читать книгу Diane de Poitiers - M. Capefigue - Страница 7

V
NAISSANCE, ÉDUCATION ET MARIAGE DE FRANÇOIS Ier. 1494-1514.

Оглавление

Table des matières

Arbre généalogique de François Ier est difficile à retrouver, car il n'était qu'une frêle branche sur le tronc verdoyant des Valois, comme le dit Clément Marot. Le roi Charles V avait plusieurs fils; le cadet, duc d'Orléans, épousa Valentine Visconti, fille du seigneur de Milan, mariage qui le fit riche en écus d'or: origine des droits de la France sur le Milanais. Le duc d'Orléans fut ce prince galant, léger, frappé au cœur par les ordres jaloux de Jean, duc de Bourgogne, au coin de la rue Barbette[34].

Il laissa trois fils; l'aîné monta sur le trône sous le nom de Louis XII; le second, comte des Vertus, ne laissa pas de postérité légitime; le troisième, Jean, fut créé duc d'Angoulême[35]. Le Roi avait eu également un bâtard, le vaillant comte de Dunois[36], tige de la maison de Longueville. Jean, comte d'Angoulême, captif pendant vingt-six ans, comme gage et rançon, en Angleterre, y épousa Marguerite de Rohan; il en eut un fils, Charles, comme lui, duc d'Angoulême, marié à Louise de Savoie; son fils aîné reçut en baptême le nom de François, comte d'Angoulême (il fut depuis le roi François Ier).

Rien de plus attrayant, que le journal de Louise de Savoie, écrit sur l'enfance de François Ier, celui qu'elle nomme son roi, son seigneur, son César et son fils; c'est une tendre mère qui suit toutes les pulsations du cœur de son enfant; elle recueille les premières larmes que François versa à trois ans[37], quand il perdit son petit chien Hapagon «qui était de bon amour et loyal à son maître»[38]. Louise de Savoie avait d'abord résidé à Cognac, dépendance de son apanage; quand Louis XII monta sur le trône, elle vint résider au château d'Amboise, la demeure royale. Un jour que l'enfant montait avec imprudence une haquenée, que le maréchal De Gyé, son gouverneur, lui avait donnée, il fut emporté à travers la forêt; on craignit pour sa vie: «mais Dieu, continue le journal de Louise de Savoie, ne me voulut m'abandonner, connaissant que si cas fortuit m'eût si soudainement privée de mon amour, j'eusse été trop infortunée»[39].

A treize ans, rien n'était plus impétueux et plus brave que François, à qui son royal cousin Louis XII donnait le comté de Valois. Le premier à tous les exercices de chevalerie, à la lutte, aux joutes, il reçut dans un de ces combats, une pierre au front, lancée avec tant de violence par une fronde, qu'on le crut mort; on lui rasa la tête, jamais depuis il ne porta de cheveux, comme on peut le voir dans tous ses portraits de la renaissance. Louis XII, pour retenir ce caractère violent, le mit aux mains d'un chevalier prudent et sage, Arthur de Gouffier de Boissy[40], qui, pour exprimer son devoir de surveillance tendre et attentive auprès d'un élève de cette trempe de feu, donna pour devise à François, la salamandre avec cette légende, nutrisco et extinguo, (je le nourris et je l'éteins), c'est-à-dire, je l'instruis et je le contiens[41]; explication naturelle d'une devise interprêtée de mille manières étranges par les érudits. Cette salamandre et cette devise effacées pour d'autres grandeurs plus modernes, sont restées sur quelques vieilles portes en ruine du château de Fontainebleau[42]; plus respectées au château de Blois, la salamandre brille sur les fenêtres ornées de la renaissance, comme le chiffre de Diane de Poitiers et d'Henri II sur le vieux Louvre.

François était alors un gros garçon d'une stature élevée, à la figure épanouie, l'œil ardent, le nez long, un peu descendant sur ses lèvres amincies, fort aimé de Louis XII, qui cherchait à le marier, car le roi de France avait perdu ses deux fils et ses héritiers en bas-âge; il ne lui restait qu'une fille, madame Claude[43], un peu disgracieuse de sa personne, mais d'un excellent cœur, d'une nature élevée; un moment promise au prince d'Espagne, depuis Charles-Quint, elle s'éprit de François, comte de Valois, et le mariage se fit avec solennité le vingt-deux mai 1506; nouveau lien qui le rapprochait de la couronne. Désormais, François d'Angoulême comte de Valois et Gaston de Foix, devinrent les bien-aimés du roi Louis XII. Le brillant Gaston mourut les armes à la main, comme on l'a vu, devant Ravennes, inspirant à tous de vifs regrets. François reçut le commandement des chevaliers qui marchaient en Navarre contre les Espagnols; il s'y couvrit de gloire dans une rapide expédition des montagnes. Les Anglais ayant envahi la Picardie, le comte de Valois courut encore pour les combattre; au milieu de la bataille et sous la tente, mourut Louis XII, en laissant son héritage royal à son cousin[44], au mari de sa fille bien-aimée, qui prit le nom et le titre de François Ier, avec le blason fleurdelisé des Valois.

Ce n'était donc pas un prince inconnu que la naissance élevait au trône: François Ier avait vécu si longtemps à la cour de Louis XII, qu'on savait ses défauts et ses qualités; il s'était fait d'ardents amis: Brion, Montmorency, Montchenu[45]. L'un fut amiral l'autre connétable après le duc de Bourbon, Montchenu fut maître de l'hôtel, c'étaient les trois plus braves épées parmi les gentilshommes, et le nouveau roi les avait à son service pour son règne.

François Ier fut sacré à Reims par l'archevêque Robert de Lenancour[46]; on remarqua ses libéralités, sa mine martiale, son adresse et son intrépidité dans le tournois qui eut lieu à Paris, dans la rue Saint-Antoine près des Tournelles; sa haute stature frappait tout le monde. Les bouillants gentilshommes secouaient avec plaisir le règne calme et justicier de Louis XII, trop avare de grandeurs, de dissipations et de belles fêtes; ils espéraient le retour d'une époque chevaleresque, que tout semblait favoriser. Le moyen-âge ne pouvait pas tout-à-coup s'effacer. Avant qu'une civilisation nouvelle triomphe, il se fait une recrudescence de la civilisation vieillie et brillante qui s'en va; le règne de François Ier eut ce caractère de transition; les épopées carlovingiennes, reparaissant dans tout leur éclat, devenaient la lecture populaire; c'était sans doute un feu passager, mais il devait allumer ces nobles cœurs. Le règne de François Ier fut le réveil de l'époque de Charlemagne; seulement, ce n'était plus la même génération; il passa donc comme le roman d'Amadis de Gaule, dont il était le reflet. On ne peut pas retenir les siècles qui s'écoulent: ce qui fut l'histoire devient le roman du pays[47].

Diane de Poitiers

Подняться наверх