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Une vie imprévisible

Le printemps arriva et après un rude hiver j’aurais finalement retrouvé à mes côtés ma valise sêche qui est sans défense contre les précipitations atmosphériques, en ce bref moment dont ont besoin les adeptes pour la poser dans la soute.

On m’avait mis de “ réserve à la maison ”, j’étais dans l’attente de savoir dans quelle ville du monde j’aurai dû dormir cette nuit même.

J’avais désormais bien compris que ma vie privée et les nécessités de tous les jours se caractérisaient par leur instabilité et leur variabilité : je devais continuellement m’adapter aux changements.

C’était vraiment difficile, pour un navigant, de suivre tout, spécialement pour ceux qui ont une famille et des enfants, et celà arrive surtout durant les mois où apparaît l’infâme “ réserve ”

Pendant l’année de travail, durant différentes périodes, les assitants de vols pouvaient avoir sur la pause attribuée à la fin du mois, l’attribution d’une période de cette infâme “ réserve ”, c’est à dire un remplacement imprévu du personnel pour un motif de santé, ou autre.

Par réserve, on entend l’attente journalière de pouvoir partir pour n’importe quel trajet, pour n’importe quelle destination avec un préavis d’une heure pour pouvoir se préparer, faire sa valise et organiser une absence de chez soi, celà même pour une durée de sept jours.

Ca n’est donc pas si agréable d’entendre sonner le téléphone à défaut des espoirs d’un déjeûner ou d’un dîner à passer en famille.

Le bureau qui règle et organise tous les départs a

cette tâche, et vu les différentes difficultés opérationnelles dûes à l’absence occasionelle du personnel de vol, il distribue les alternances provisoirement découvertes des personnes en services. La réserve peut même commencer à cinq heure du matin et la sonnerie du téléphone à cette heure là donne vraiment froid dans le dos, donc la valise “ base ” avec le minimum essentiel indispensable devrait déjà être prête, afin d' éviter les oublis faciles lorsque l’on est pressé d’ être prêts pour partir à temps.

Un pull en laine et un maillot de bain seront de toute façon utiles pour n’importe quelle destination

Le beauty case doit toujours être à disposition et il faut se rappeler de remplacer le dentifrice quand il est presque terminé.

Très important, les chemises de rechange de l’uniforme, propres et repassées pour le vol du retour et une paire de chaussures confortables adaptes à toutes les températures, chemise de nuit et maquillage.

Désormais je remplissais ma valise presque par coeur.

Dans tous les cas, j’ètais – et je le suis encore aujourd’hui – convaincue de faire le plus beau métier du monde : même avec toutes les difficultés et les côtés négatifs, même avec les continuels faire et défaire ma valise, ou avec l’envie de rentrer à la maison, même avec le désir toujours présent de revoir les personnes qui me sont chères. Je ne suis pas faite pour la routine et le monde ne finit jamais de m’intriguer, le partage de point de vue avec d’autres mondes et avec des personnes toujours différentes me galvanise, en outre les retours à la maison m’offrent des soupirs et des joies inusuelles par rapport à ceux qui la fréquentent tous les jours, les petites choses quotidiennes acquèrent des valeurs immenses.

La quotidianité, en attendant, me harcelait.

“ Je partirai, je ne partirai pas ? ”, me demandais-je ce jour là.

Rien, aucune comunication ni un coup de fil de la part des pauses de travail.

“ Ils pourraient me prévenir avec un peu d’avance, c’est Pâques ! ”

Nerveuse et un peu impatiente j’essayais de mettre dans ma valise les choses qui pouvaient me servir pour n’importe quelle destination. Je pliais mes chemises et si d’un côté j’espèrais ardemment ne pas partir, d’un autre côté j’avais le désir de découvrir immédiatement la destination, dans le cas où je n’aurais pas eu la possibilité de rester chez moi.

A quinze heures d’un long après-midi, Valentina accouru pour m’avertir : “ le garde opérationnel a appelé, ils ont changé ta pause de travail, tu es de “ réserve sur le champ ” et tu as la présentation à dix-sept heure ! Enfin, je dirais que tu as de la chance, tu as presque deux heures pour te préparer et rejoindre l’aéroport. ”

J’ouvris immédiatement l’oeuf en chocolat pour voir la surprise, en mangeai presque la moitié et me

“ précipitai ” dans ma chambre avec le coeur qui commençait à battre de plus en plus fort et vite.

Je cherchais dans le tiroir des vêtements très pratiques à mettre tous les jours, versatiles : avec la “ Réserve sur le champ ” on part directement de l’aéroport, en uniforme, et il faut faire sa valise encore même avant de connaître la destination.

“ Des jeans, une ceinture, de la lingerie de réserve, un chemisier bleu, un tee shirt blanc, et même un noir car je porterai un sac et des chaussures noires qui vont avec tout, une écharpe gris perle et un pullover de la même couleur qui sur une jupe donne un look ordonné et sobre… et si je devais rencontrer ce beau collègue naveteur sur Milan ? ”

Je mis également à l’intérieur le chemisier à fleurs roses et vertes qui était appuyé sur la chaise.

Je n’avais pas le temps de me lisser les cheveux, je n’aurais pas rencontré ce type là justement aujourd’hui !

J’étais toujours tentée de tout emporter, je pris également une petite boîte de thon, on ne sait jamais, au cas où j’arrivais trop tard et que tout est fermé, si les collègues m’abandonnent, s’il surgissait un tremblement de terre, celà me procurait plus de sécurité…

J’arrivai haletante à l’aéroport et je réalisai qu’ils auraient pu m’occuper durant quatre jours de suite.

Moi, dans ma course, je n’avais pris qu’une paire de pantalons, j’avais oublié jusqu’à mon chargeur pour mon téléphone portable et l’irremplaçable trench bon ton avec l’intérieur en léopard.

“En Europe la température est déjà assez chaude?” me demandais-je.

Dans le cas contraire celà aurait été, toutefois, une excellente excuse pour un éventuel shopping.

J’arrivai au briefing. Notre centre d’accueil marqua ma présence et m’installa dans la salle aménagée où, sur de confortables fauteuils en cuir noir recyclables, j’attendis avec d’autres collègues en uniforme, d’être appelée pour partir dans l’éventualité d'une urgence ou d'un malheur imprévu de la part d’un autre membre de l’équipage en service.

Après quelques heures le téléphone sonna : “ et je gagnai ” un Rome/Athène.

A l'aéroport, je décidai d’aller dabord aux départs nationaux pour acheter en pharmacie des sparadraps à mettre sur le talon, à cause de la douleur lancinante provoquée par les chaussures neuves à peine achetées, et je découvris, uniquement à ce moment là, qu’elles n’étaient pas parfaitement adaptes.

Je fis une autre découverte.

Ne jamais essayer de passer en uniforme dans un quelconque aéroport !

Je fus bloquée pendant une vingtaine de minutes, en répondant à toutes les questions que m'adressaient les personnes qui me rencontraient : où se trouvaient les pharmacies, les arrêts des taxis, les autobus pour Ostia, les toilettes, les gate d’embarquements ; les questions se suivirent, bien que j’expliquais être une hôtesse de l’air, de surplus en retard sur le vol.

je dus donc renoncer aux sparadraps et couru à bord, haletante et boîtant.

Le groupe de collègues était déjà formé, ils étaient unis car déjà en alternance depuis deux jours, et moi, arrivée au dernier moment, j’étais perçue presque comme une intruse, traitement entre autre habituel pour les réserves.

J’essayais de m’intégrer et d’entrer gentillement dans l’harmonie que je percevais y avoir entre eux.

Je me présentai au commandant en cabine de pilotage et ensuite à tous mes compagnons de travail, avec mon meilleur sourire.

La collègue qui travaillait dans mon secteur, au bout de l’avion, avait un délicieux aspect, physique harmonieux, hanches parfaites, traits délicats, cheveux d’un beau châtain foncé ambré, les yeux verts maquillés avec un crayon marron foncé qui délimitait ses couleurs claires et un nez droit, peu prononcé.

Avant l’arrivée des passagers nous restâmes à bavarder et, comme toujours, nous devoilâmes quelques confidences sur nos réciproques vies privées.

La collègue mangea une caramelle à la menthe, m’en offrit une, mis un peu de parfum qu’elle avait dans son sac, de la crême sur les mains et alla dans les toilettes pour rafraîchir son maquillage, déjà parfait.

Nous jettâmes un coup d’oeil sur les titres des journaux d’un quotidien réservé dans le galley.

Les passagers arrivèrent, nous les disposâmes en cabine en les accueillant: “ Bienvenue à bord ! ”

Le vol était plein, en cette période tout le monde était en voyage pour les vacances, après l’embarquement, je mis ma ceinture, prête pour le décollage.

Juste avant que l’avion n’arrive à un axe qui permettait de rester parfaitement en équilibre, nous fûmes tous debouts pour préparer les chariots, réchauffer les repas de la première classe et offrir le welcome drink.

Je pris malheureusement, également contact avec quelque chose qui a peu à faire avec le monde du vol.

Le responsable de cabine m’appela car une alerte incendie clignotait dans les toilettes. J’espèrais ne pas être contrainte d’utiliser l’estincteur pour dominer un hypothétique début d’incendie et dans ma mémoire j’avais déjà fixé la position des équipements nécessaires qui se trouvaient près de moi ; je m’approchai prudemment et après avoir frappé à la porte , je l’ouvris avec décision et trouvai un homme sur les cinquante ans qui avait encore un mégot en main et une persistante haleine de fumée qui émanait de ses vêtements ; il présenta résolument des excuses pour l’erreur commise et couru s’assoeir.

Une vieille dame demanda de récupérer son bagage posé sur la chapelière, car des gouttes d’huile d’olive extravierge embouteillée dans son pays d’origine tombaient d’en haut, tandis qu’un petit garçon hurlait car sa maman l’obligeait à encore tenir sa ceinture de sécurité attachée.

Il fallait se presser, l’atterrissage était imminent.

Le passager à la place 5B dit ne pas avoir faim maintenant, et demanda de manger “ après ” : j’étais sidérée, mais ça n’était que le début d’une interminable série d’ ” extravagances ” qui durant les années ont accompagnés et continuent d’accompagner presque chaque vol.

Il fallait ranger les chariots et tous les plateaux, faire les annonces, compter et plomber toutes les boissons alcooliques avant l’atterrissage et remplir le formulaire qui, à première vue, m’apparut compliqué.

“ Où sont donc les plombs ? Comment fait-on pour les inserrer correctement dans la fissure ? Où écrit-on le numéro pour la douane ? Quels documents doivent-ils contrôler ? Faut-il les cartes d’embarquements ? “

Mon aigre expérience me portait souvent à demander de l’aide à ma collègue.

Zaira m’expliquait tout, calmement, avec ses manières délicates, en m’investissant presque de la lumière de son charme ; elle connaissait à la prefection les dynamiques du service et les procédures d’urgence. Elle alla jusqu’à me montrer, avec une extrême disponibilité, l’emplacement de tous les équipements.

C’était une femme non plus trop jeune, je pense qu’elle avait dépassé depuis longtemps les quarante ans, mais celà ne représentait pas un problème pour elle, elle n’ apparaissait pas troublée par les années qui passaient. Au contraire, je crois qu’elle savait, de manière évidente, de pouvoir mieux compter sur son expérience et sur sa solidité intellectuelle plutôt que sur la beauté physique qu’elle avait de manière évidente, possédée dans son jeune âge.

Je préssentis en moi qu’elle connaissait clairement comment contrôler les émotions, comment les tenir sous contrôle, et les adapter aux circonstances.

J’appris qu’elle avait affronté, récemment, un problème très grave : son compagnon, qu’elle aimait beaucoup, avait été renversé et touché en plein par une voiture qui roulait à une vitesse folle sans se soucier du passage pour piétons.

Coma profond : selon les médecins irréversible.

Zaira avait transformé sa douleur en silence, un son muet, elle avait continué de l’aimer, et l’aurait aimé pour toujours, même en sachant qu’elle n’aurait jamais pu vivre comme avant.

Elle parlait peu, mais parvenait également à offrir un incroyable sourire à la vue des passagers, en parfait standard de service, en montrant de l’empathie et de la chaleur envers tous ; sa maturité transmettait de la sécurité.

Elle ne jugeait jamais une personne de manière précipitée, elle était une parfaite “ maîtresse de maison ”, toujours disponbile ; elle portait l’uniforme de manière impécable avec des chaussures luisantes et des cheveux ordonnés, une seule exception à la règle un petit bracelet en or blanc de Tiffany & Co, offert à l’occasion d’un anniversaire.

Je l’observais en essayant de comprendre sa force et ce style si élégant dans la manière de s’adresser aux autres, si féminin, très professionnel.

Elle arrivait à se mettre dans la peau des autres et évitait prudemment les discussions, elle offrait toujours de l’attention et de la solidarité.

Comme dans un manuel, certainement ; ce manuel de l’existence que chacun de nous lit et en même temps écrit en soi.

Je l’aurais toujours prise en exemple et elle fut, sans le savoir, mon point de référence pour le travail. Elle l’est encore aujourd’hui.

Elle était spéciale, diffèrente.

Surtout de certains autres collègues plus “ âgés ”, mais pas trop, heureusement ! Au travers desquels en effet - bien vite - je me rendis compte que le

“ nonnismo ”* n’est pas uniquement un phénomène militaire.

Les hôtesses appelées “ élèves ” ou “ saisonières ”, en d’autres mots celles qui en sont aux premiers vols, de mon temps étaient sujettes à de légères formes d’expériences injustes, une espèce de gavette initiale.

Sur les vols intercontinentaux de long courrier du boeing 747, elles avaient la tâche de couper les citrons et étaient principalement destinées à contrôler et réchauffer les repas dans le galley, motif pour lequel elles étaient surnomées les “ ghelliste ”.

Elles tolléraient, de bon gré, quelques blagues de la part des collègues plus âgés et farceurs : souvent elles étaient engagées dans de fatigantes recherches pour retrouver le matériel n’existant pas à bord, par exemple des sièges, oubien une introuvable brosse qui aurait dû être placée dans le casier électricité, un endroit presque injoignable et de difficile accès qui se trouvait sous une lourde trappe dans le couloir ; d’autres fois les demandes étaient des prestations pour des soi-disant tâches imprévues à effectuer, desquelles elles n’étaient pas au courant ; le tout assaisonné de joie, esprit de groupe, estime et respect réciproque.

Les plus jeunes, celles qui ont un contrat de durée déterminée étaient constamment sous contrôle, et une seule évaluation négative aurait pu compromettre leur engagement pour la saison suivante, donc elles souffraient de précariété et d’insécurité dûe à cette situation, encore plus aggravée par les continuelles crises économiques et politiques qui se suivaient

*Nonnismo: expression pour indiquer les “ abus de pouvoir ”des personnes ayant plus d’ancienneté sur un lieu de travail.

dans notre pays.

Ces jeunes filles devaient être simplement disponibles, même durant la période où elles ne travaillaient pas, pour que la compagnie aérienne puisse les contacter pour un imprévu retour au travail, elles devaient être prêtes et s’organiser en peu de temps pour trouver un logement dans la ville de base du départ requis.

Une Vie D'Hôtesse De L'Air

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