Читать книгу Une Vie D'Hôtesse De L'Air - Marina Iuvara - Страница 8
ОглавлениеMoi, Eva, Valentina, Ludovica.
La maison avait deux chambres, chacune avec un grand lit et l’unique salle de bain était très fréquentée : difficile de parvenir à la trouver libre, tout comme le téléphone de la maison.
Nous avons essayé de nous adapter à cette situation et sommes parvenues à vivre ensemble, non sans de petites mésententes et en essayant de faire quelques compromis ( le plus difficile était celui de décider quand et qui devait laver la vaisselle ).
Eva avait de très beaux cheveux roux, ondulés et souples qui tombaient sur ses épaules, ses yeux de couleur marron clair apparaissaient verts dans les journées plus ensoleillées, sa corpulence était frêle et mince ; elle provenait de “ Bergamo alta ”, comme elle aimait dire, mais avait une âme de “ vraie napolitaine ”, expansive et chaleureuse ; elle aimait le désordre, avait toujours sur le visage un masque de beauté à essayer, souvent, elle se promenait dans la maison avec celui qu’elle préfèrait, le masque à l’argile ventilée de couleur verte et elle mettait de l’huile d’amande douce pour adoucir ses cheveux.
Ludovica n’arrêtait pas de parler et ne parvenait jamais à stoper ce fleuve en pleine de paroles qui vous investissaient à peine la bouche ouverte.
Elle était blonde avec de très belles boucles, des yeux d’un bleu intense et une peau lisse et claire, ses formes étaient moelleuses et harmonieuses ; elle était ordonnée et précise ( l’opposé d’ Eva ), elle portait des tailleurs de marque et protégeait chacun de ses pulls dans du céllophane transparent ; elle cuisinait très bien.
Elle était originaire de la Sardaigne, était fiancée avec un garçon de son âge qui séjournait souvent chez nous, et obligeait parfois sa compagne de chambre, Eva, à dormir sur le divan du séjour.
Ludovica était une fanatique de la mise en plis pour ses cheveux.
Moi, je dormais dans la chambre avec Valentina qui était une fille pleine d’enthousiasme, très sensible, honnête et généreuse.
Ses cheveux étaient raides et foncés, avec une coupe au carré, les yeux noirs, très profonds et sensuels, sa conformation physique était mince et bien modelée.
Valentina aimait s’attarder le soir avant d’aller se coucher, mieux encore, en compagnie de son amaro préféré : Montenegro avec des glaçons. Le matin elle traînait dans la salle de bain car ses lentilles de contact la dérangeaient.
Nous étions très unies.
“ Aujourd’hui nous sommes invitées à la fête de bienvenue chez des pilotes qui vivent rue Masotta, en face de chez nous ! s’exclama Eva. “
“ Pourquoi ne pas y aller ? ” dit-elle
“ Oui ” approuva Valentina.
“ Je suis curieuse de mieux connaître nos voisins. ”
Ludovica alla immédiatement se “ plisser ” les cheveux, j’essayais presque tous les vêtements qui étaient dans l’armoire et je me demandais si je serais parvenue à fermer la fermeture éclair sur les hanches de ce fantastique pantalon bleu ; Eva mit sa nouvelle huile parfumée au muguet et Valentina parti la première se maquiller.
Heureuses, nous fîmes nos premiers pas vers ce petit monde à part, inconnu jusqu’alors : le royaume des
“ oiseaux ”, différent de ceux des “ passagers ”, comme aiment dire ceux qui travaillent dans les avions.
Ce que nous remarquâmes immédiatement chez
“ eux ” fut la connaissance et la fréquentation de lieux que nous avions uniquement rêvé de visiter et l’extrême facilité de les rejoindre, dûe à l’habitude de voyager ; la capacité de s’adapter dans n’importe quel coin du monde vu la connaissance de la population et des territoires, de la culture et des traditions ; la multitude d’amitiés qu’ils pouvaient entretenir dans les endroits les plus différents car constament fréquentés ; l’ouverture mentale nécessaire pour rester en contact avec le monde et ses habitants, au delà de la multitude de manies et fixations provenants de leur propre demeure, et que chacun d’eux emportait à ‘intérieur de sa valise, leur petite seconde maison.
“ Quand vous serez devenues des oiseaux, vous le serez pour la vie entière ” dirent-ils doucement, comme s’il s’agissait d’une vérité cachée, un poinçon que nous aurions porté pour toujours.
Nous comprîmes que commencer à “ voler ” aurait été comme vivre deux vies parallèles qui s’alternent à chaque départ pour le travail et à chaque retour dans la réalité de la vie privée. C’est comme parler une nouvelle langue, incompréhensible aux autres, où le monde est chez toi, et chez toi c’est le monde.
Nous découvrîmes que presque tous les soirs quelque chose était organisé. Nous étions une espèce de grande famille qui se réunissait avec ceux qui rentraient des vols et se reposaient entre une pause et l’autre, mais si le lendemain il fallait partir, nous nous promettions, chaque fois, d’aller nous coucher tôt pour éviter les fastidieux maux de tête et les nausées du matin qui en vol, se seraient agravées à cause de l’altitude et de l’air conditionné.
Durant le vol il fallait être impécable, les vols et les passagers à affronter auraient été une dure épreuve, nous le savions bien.
Après avoir signé le contrat d’engagement dans la grande salle du majestueux palais et, avec grande surprise, désigné le destinataire de la police d’assurance en cas de décès, très émus nous constatâmes que nous étions devenues nous aussi des “ oiseaux ” volants.