Читать книгу Pour devenir un artiste - Marius 1850-1928 Vachon - Страница 11

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CHAPITRE III

Table des matières

La patience.

— Le temps est un des facteurs essentiels dans la production des êtres et des choses.

— Le peuplier croît beaucoup plus vite que le chêne, et meurt plus vite aussi. En brûlant lentement, le chêne dégage plus de chaleur que le peuplier qui brûle rapidement.

— L’homme met vingt ans à atteindre son complet développement; la plupart des animaux, en deux ans, reçoivent leurs formes définitives.

— Le temps se venge de ce qu’on fait sans lui.

— L’artiste fort est l’artiste patient.

— Le véritable artiste ne connaît pas l’impatience; il ne s’irrite jamais de se voir dépasser par d’autres: il sait que la force est en lui. Si le succès ne lui vient pas encore, il pense que la cause en est qu’il n’a pas acquis tout ce qui est indispensable pour le conquérir de haute lutte. Loin de se plaindre, et moins encore de se décourager, il travaille davantage, afin de devenir plus fort, plus puissant.

— Le hasard, un heureux concours de circonstances, peut tout d’un coup attirer l’attention du public sur une œuvre d’art; pour conserver cette attention, une série d’oeuvres réussies consécutives est nécessaire.

— Un artiste ne peut s’imposer à la foule que par la continuation d’un vigoureux et long effort: c’est un effet de suggestion.

— Pour saisir un procédé, une manière, il faut peu de temps; pour saisir la vie, il faut beaucoup de volonté, d’énergie, et plus encore de patience.

— Le génie est la patience.

Je rends grâce à Dieu de ce que mes marmitons et mes chaudrons se soient d’abord si mal vendus. Cela m’a obligé à travailler davantage, et m’a sauvé de l’écueil où m’eussent jeté sans doute une vogue trop immédiate et une production trop rapide.

JOSEPH BAIL.

Il ne faut point conclure de la stagnation qui se produit, parfois, pendant de nombreuses années, chez certains artistes, à leur inaptitude professionnelle; ces artistes-là se transforment tout à coup, au moment où l’on s’y attend le moins, et rattrapent bien vite, par leurs bonds prodigieux et leurs progrès rapides, le temps perdu. Ce sont des phénomènes inexplicables de la carrière artistique.

Par contre, fort souvent, de jeunes sculpteurs arrivent, dès leurs débuts, à une habileté extraordinaire, qui étonne les maîtres; et, subitement, ils s’arrêtent et ne donnent plus rien de ce qu’ils avaient fait espérer.

E. BARRIAS.

On n’est maître que quand on met aux choses la patience qu’elles comportent. On compromet tout en se jetant à tort et à travers de son tableau. Pour peindre, il faut de la maturité.

DELACROIX.

La précocité du succès n’indique pas sa durée.

CHARLES GARNIER.

MONUMENT D’INGRES

(École des beaux-arts de Paris).


PRINCIPALES ŒUVRES D’INGRES

PEINTRE

1780-1867.

Homère déifié : — Le Vœu de Louis XIII:

OEdipe; — La Source; — Roger délivrant Angélique; — Chérubini;

Venus anadyomène; — Stratonice; — Françoise de Rimini.

Comme je fais de la peinture pour la bien faire, je suis long, et, par conséquent, je gagne peu... Moi, pauvre diable, avec le travail le plus assidu et, j’ose dire, distingué, je me trouve, à trente-huit ans, n’avoir pu mettre de côté que mille écus à peine; encore faut-il vivre tous les jours. Mais ma philosophie, ma bonne conscience et l’amour de l’art me soutiennent et me donnent le courage, avec les qualités d’une excellente femme, de me trouver passablement heureux.

INGRES.

Puisque vous me parlez de modèle, je vous adjure de faire des études pour des études. Pendant les neuf ans que j’ai été refusé au Salon, je n’ai pas fait autre chose; y penser.

PUVIS DE CHAVANNES.

Ingres est un des plus beaux exemples de la puissance de la patience et de la ténacité. Ce ne fut qu’avec Roger délivrant Angélique, qu’il conquit définitivement le public: il avait trente-huit ans. Ce tableau lui apporta la réputation, non la fortune. Les quatre années qu’il passa ensuite à Florence furent des années de misère et de luttes. A quarante ans seulement, à partir du Vœu de Louis XIII, il connut l’aisance, fruit d’un travail aussi acharné qu’incessant.

Barye exposa pour la première fois à l’âge de trente et un ans. Cinq ans après, seulement, il montra une œuvre capitale, le Tigre et le Crocodile, que l’État lui achetait en 1848, quand l’artiste avait déjà cinquante-deux ans. Sa première commande officielle, celle de deux statues équestres, date de 1861. «J’ai attendu les chalands toute ma vie, disait-il avec humour, et ils arrivent au moment où je ferme les volets.»

Le grand sculpteur avait soixante-douze ans quand l’Académie des beaux-arts lui offrit un siège à l’Institut, aux côtés de Lemaire, Jouffroy et Bonnassieux.

Corot fut décoré à cinquante ans. Il ne commença à vendre ses tableaux qu’à soixante ans, après une vie toute de labeur acharné et de souriant stoïcisme à l’égard de l’indifférence persistante de la critique et de ses contemporains.

Le gouvernement ne songea à donner la croix de la Légion d’honneur à J.-F. Millet qu’en 1868. Le grand artiste avait cinquante-quatre ans, et avait fait le Vanneur, le Paysan greffant un arbre, les Glaneuses, la Tondeuse, l’Angélus, la Naissance d’un veau, le Paysan à la houe, etc. En 1867, lors de l’Exposition universelle, il fut question de cette distinction; Sensier en informa J.-F. Millet, qui lui répondit simplement: «Pour ce qui est de la croix, je vous assure que je ne me leurre point, et n’imagine même pas que je puisse l’avoir. Il ne manque d’ailleurs pas de gens plus pressés que moi et poussant à la roue plus facilement que je ne suis disposé à le faire.»

Au lendemain du triomphe du Ludus pro patria, qui lui valut la médaille d’honneur au Salon de 1881, — mais que ne suivit aucune commande nouvelle, contre toutes ses légitimes espérances basées sur les prévisions de la critique, unanime à louer cette décoration magistrale, et à déclarer que le devoir des mandataires publics de l’Etat et des municipalités leur imposait d’employer un talent aussi original, — Puvis de Chavannes écrivait à un de ses amis: «Pour moi, l’horizon est de plus en plus fermé ; il n’y a rien à faire à cela que de lutter comme on peut contre l’oisiveté. Pour la combattre, j’ai essayé le portrait de mon vieil ami Benon; c’est un travail consciencieux qui me permet par moments de presque oublier que d’autres travaux m’eussent peut-être convenu. Dans tous les cas, ne fût-ce que pour montrer à la jeunesse, prompte au découragement, ce que peut devenir une carrière déjà longue et qui n’a été ni stérile ni sans honneur, ma vie n’aurait pas été perdue.»

FALGUIÈRE

SCULPTEUR ET PEINTRE

1831-1900.


PRINCIPALES ŒUVRES

Le Vainqueur au combat de coqs; — Tarcisius; — Les Coureurs;

Pierre Corneille; — Saint Vincent de Paul; — La Rochejacquelein;

Le Cardinal Lavigerie; — Lamartine;

Le monument de Courbet; — Le monument de Bizet;

La Suisse accueillant l’armée française;

La Dormeuse; — La Femme au paon.

Le peintre paysagiste Harpignies n’est entré dans la carrière artistique qu’à l’âge de trente trois ans; il fit ses débuts au Salon de 1853. C’est à l’âge de soixante-dix-huit ans qu’il a obtenu la médaille d’honneur de la Société des artistes français, et qu’il a été élu membre de l’Académie des beaux-arts.

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