Читать книгу Le modèle et les allures - Maurice de Gasté - Страница 14
ОглавлениеV. — TYPES DE MOTEURS.
Lorsqu’on regarde, qu’on observe et qu’on réfléchit, on se rend rapidement compte qu’il existe deux genres, deux types de chevaux non seulement très distincts mais encore doués d’aptitudes et de caractères contraires.
Voici, par exemple, un cheval de coupé : sa tête est forte, ses formes sont rondes, sa musculature est puissante et ses insertions musculaires sont perpendiculaires, ce qui lui permet de faire des efforts intenses, mais courts. Sa force même lui interdit toute souplesse et toute légèreté, sa construction ramassée est incompatible avec la vitesse: ses mouvements ne sont pas assez étendus pour qu’il puisse convenablement galoper, mais l’action moins longue et plus répétée du trot lui conviendra fort bien; le poitrail est ouvert, la base de sustentation est large, les rayons locomoteurs sont éloignés du centre du mouvement. En raison du volume considérable des muscles, les lignes de ce type sont brèves: comme format général, il rappelle par la largeur de sa croupe et de son dos l’architecture romane: c’est le type de moteur bréviligne, plein cintre, à intensité de contraction. Exemples: norfolks, hanovriens, mecklembourgeois, normands, percherons, boulonnais, etc., etc.
Ce type peut être brillant comme cheval d’attelage, mais là s’arrête son adaptation: il serait puéril de lui demander le plus petit service comme cheval de selle; il portera facilement un très gros poids aux allures lentes du trot et du pas, mais, si vous exigez de lui qu’il évolue rapidement et souplement en terrain varié, son manque même d’aptitude l’aura bien vite épuisé : il manquera de souffle, il sera peu sûr d’allures, inconfortable, lourd à la main de son cavalier, qui, du reste, ne pourra supporter la dureté de ses réactions: c’est le type INFÉRIEUR.
Tout différent est cet autre cheval: sa tète est expressive, large et carrée, sa musculature est plate, et ses insertions musculaires obliques; son geste est souple et très étendu en avant, les postérieurs s’engagent bien sous la masse, les rayons locomoteurs sont près du centre du mouvement et la base de sustentation est étroite. La construction élancée de ce type, tout en restant forte, dénote chez lui la légèreté et l’aptitude à la vitesse: il trottera très bien et la longueur de ses muscles assurera la longueur de son action: il galopera admirablement; son dos bien en toit s’unissant à une côte très incurvée en arrière, rappelle l’architecture gothique: c’est le type de moteur longiligne, ogival, à étendue de contraction. Exemples: pur sang, irlandais, chevaux du midi, anglo-arabes, hongrois, la plupart des races orientales et leurs dérivés, quelques normands près du sang, etc., etc.
Ce type a les adaptations les plus larges et les plus nombreuses: il est merveilleux comme moteur en terrain varié, soit à la chasse, soit à la guerre, et lorsque son développement linéaire est suffisant, il fait un admirable cheval d’attelage: c’est le type SUPÉRIEUR, le type du beau cheval, du cheval noble; c’est le MODÈLE-TYPE par excellence.
M. Alasonière, vétérinaire de l’administration des Haras, est le premier qui ait vu clair et net dans cette question du modèle, et c’est à son esprit observateur et réfléchi que nous devons la distinction des chevaux, entre animaux à étendue de contraction et animaux à intensité de contraction; la classification complémentaire plein cintre et ogivale est de M. Baron.
Il est profondément regrettable que cette distinction de M. Alasonière soit ignorée par tous les hommes de cheval, et qu’elle n’ait pas servi de base au développement de notre race de demi-sang. En dehors d’elle, j’estime qu’il n’y a pas de véritable amélioration de la race chevaline possible; on devrait sévèrement sélectionner chacun de ces types et le perfectionner par l’infusion d’éléments semblables et supérieurs: similia similibus ameliorantur, telle doit être la formule d’un élevage intelligemment dirigé !
Lorsqu’on croise un type à étendue de contraction avec un type à intensité de contraction, on se livre tout simplement à l’accouplement du lévrier et du bull-dog, de la carpe et du lapin! On peut obtenir un animal d’une très grande qualité, mais, neuf fois sur dix, le produit est décousu, déséquilibré, d’une conformation défectueuse ou sans adaptation définie. C’est parce qu’on n’a pas tenu compte en Normandie des observations géniales de M. Alasonière, c’est parce qu’on a uniquement perpétué notre race suivant le critérium faux du trot de course, qu’elle présente aujourd’hui tant de sujets disparates et de genres différents, souvent dans la même famille!
CONCLUSION. — La nature semble avoir créé chez les chevaux deux types de moteur d’un genre et de caractères différents et contraires, le type bréviligne plein cintre à intensité de contraction, et le type longiligne ogival à étendue de contraction: ce dernier est désigné dans le langage courant des hommes de cheval sous la dénomination de beau cheval de selle s’attelant: c’est le MODÈLE-TYPE par excellence.
Les éleveurs doivent éviter de croiser ensemble des sujets de ces deux types absolument contraires.
CARACTÈRES D’ADAPTATION DES CHEVAUX
A intensité de contraction
[Norfolks, normands, hanovriens, mecklembourgeois, percherons, boulonnais, etc., etc.)
MODÈLE INFÉRIEUR
I. Type plein cintre, formes empâtées par l’abondance du tissu, garot déprimé et humérus horizontal, peu de profondeur de poitrine;
II. Brévilignes;
III. Dolichocéphales;
IV. Développement linéaire et musculaire important, insertions musculaires perpendiculaires (efforts intenses), rayons locomoteurs éloignés du centre du mouvement (équilibre stable; beaucoup de travail disponible en mode de masse, peu en mode vitesse);
V. Aptitude limitée à la progression horizontale unipédale ou bipédale par 1/2 foulée et propulsion unilatérale indirecte (trot); vitesse maxima: 12m à la seconde;
VI. Locomotive Engerth des trains de marchandises;
VII. Le bull-dog;
VIII. Fuschia (fig. 44).
A étendue de contraction
(Pur sang, irlandais, chevaux du midi, anglo-arabes, la plupart des orientaux quelques normands très près du sang, etc., etc.)
MODÈLE SUPÉRIEUR
Type du beau cheval
I. Type ogival, formes sèches par la légèreté du tissu, garrot élevé et humérus vertical, beaucoup de profondeur de poitrine;
II. Longilignes;
III. Brachycéphales;
IV. Développement linéaire et musculaire peu important, insertions musculaires obliques (efforts étendus), rayons locomoteurs près du centre du mouvement (équilibre instable; beaucoup de travail disponible en mode de vitesse, peu en mode de masse);
V. Aptitude à la progression basculante quadrupédale par foulée entière et propulsion bilatérale directe (galop); vitesse maxima: 19m à la seconde;
VI. Locomotive Crampton des trains rapides;
VII. Le lévrier;
VIII. Ajax (fig. 45).