Читать книгу Les origines de la Renaissance en Italie - Émile Gebhart - Страница 18
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ОглавлениеC'est dans la péninsule que commence le mouvement intellectuel d'où sortit la scolastique. Au VIe siècle, un Romain, Boëce, traduit en latin et commente plusieurs des ouvrages dialectiques d'Aristote et de Porphyre, et, par ses discussions contre Nestorius et Eutychès, fait entrer le raisonnement déductif dans la théologie[39]. A la fin du VIIIe siècle, Alcuin, qui séjourne deux fois à Rome, compose d'après Boëce sa dialectique, et fonde, par son Livre des Sept Arts, la discipline scientifique du moyen âge[40]. Raban Maur, son disciple, commente l'Introduction de Porphyre que l'on ne séparait pas de l'Organon d'Aristote. Paul Diacre et un certain nombre d'autres lettrés italiens avaient pareillement travaillé, autour de Charlemagne, à la restauration des études en Occident. Au Xe siècle, un clerc de Novare écrit aux moines de Reichenau sur le débat relatif aux universaux et les théories contradictoires de Platon et d'Aristote[41]. Enfin, l'Italie donne le jour à quelques-uns des plus grands docteurs de l'École, à Lanfranc de Pavie, à saint Anselme d'Aoste, à Pierre Lombard de Novare, à saint Thomas d'Aquin, à saint Bonaventure. Au XIIIe siècle, une foule d'autres maîtres moins illustres remplissent les chaires de Paris. En 1207, un Lombard occupe la dignité de chancelier de l'Université; un autre Lombard, Didier, les dominicains Roland de Crémone, Romano de Rome, de la famille des Orsini, qui succède à saint Thomas dans son enseignement, le frère mineur Jean de Parme, les augustins Egidio Colonna (Gilles de Rome), Agostino Trionfo d'Ancône et Jacques de Viterbe, professent dans nos écoles la théologie et la dialectique[42]. Le XIVe siècle vit se perpétuer la même tradition[43]. En même temps que les maîtres, les étudiants italiens passent les Alpes: Arnaud de Brescia assiste aux leçons d'Abélard; Brunetto Latini amasse, au pied des chaires de Paris, les richesses de son Trésor; Dante soutient contre quatorze adversaires, dans la Faculté de théologie, une thèse de Quolibet; il se fait recevoir, selon Giovanni da Seravalle, «baccalaureus in Universitate parisiensi»[44]. Il n'oubliera ni Siger, ni la rue du Fouarre, le strepidulus Straminum vicus où Pétrarque, après Dante et Cino da Pistoja, vient à son tour respirer l'atmosphère scolastique[45].