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LES ÉCURIES DU LOUVRE ET LE DÉCRET DU 1er DÉCEMBRE 1794

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Table des matières

Chronique des Arts et de la Curiosité. 7 février 1869.

Lorsqu’on a logé dans le Louvre, au-dessous de la galerie qui contient nos chefs-d’œuvre de peinture et de sculpture, toute une légion de palefreniers, et lorsqu’on y a établi, à grands frais, des cheminées pour les chauffer; lorsqu’on a placé dans ce Louvre des selleries et des écuries éclairées au gaz, des maréchaleries et des magasins à fourrages pour l’entretien et la nourriture de cent chevaux, on ne s’est point souvenu qu’un décret de la Convention nationale, voté le 1er décembre 1794, s’y opposait formellement.

Nous croyons donc utile de rappeler ce décret oublié, dans l’espoir que M. le surintendant, chargé de veiller sur la conservation de nos trésors, en demandera l’application. On ne peut douter qu’il n’obtienne prompte et entière satisfaction: l’Empire, dans sa tranquillité, ne saurait montrer moins de sollicitude pour sauvegarder nos chefs-d’œuvre que n’en a eu la Convention nationale au milieu de ses tourmentes.

Voici le décret et le rapport du comité d’instruction publique:

«L’accident qui consuma en grande partie une des bibliothèques les plus précieuses de Paris, celle de la ci-devant abbaye Germain, excita la sollicitude du comité d’instruction publique sur la conservation des monuments utiles aux sciences et aux arts. Il s’est occupé de cet objet important avec tout l’intérêt qu’il devait lui inspirer. Il a chargé la Commission temporaire des Arts de visiter à Paris tous les dépôts nationaux, et de lui présenter les moyens de les préserver des incendies. Il a reçu des différentes parties de la République des réclamations sur une foule d’abus qui existent dans cette partie; il est urgent de prendre des mesures pour les faire cesser.

«Par une fatalité inconcevable, il existe des ateliers d’armes ou de salpêtre et des magasins de fourrages dans les bâtiments où sont établis la plupart des bibliothèques, dépôts de livres, cartes ou collections précieuses.

«Si l’on ne savait que les besoins pressants du gouvernement ont pu déterminer à confondre ainsi des éléments aussi contraires, on serait tenté d’en accuser la malveillance.

«Il ne faut pas entraver, par un respect aveugle pour tout ce qui tient aux sciences et aux arts, la fabrication des moyens de défense utiles à la République; mais la nation possède assez de bâtiments pour séparer des établissements qu’il est contraire à l’intérêt public de laisser subsister ensemble.

«Il est nécessaire qu’ils soient isolés.

«Vous vous occuperez sans doute de cet objet lorsque vous organiserez définitivement l’instruction publique; en attendant, il faut prendre les moyens les plus prompts pour conserver les établissements et les dépôts provisoires.

«Votre comité vous propose le décret suivant:

«La Convention nationale, après avoir entendu son comité d’instruction publique, décrète:

«Art. 1er. Il ne sera établi à l’avenir aucun atelier d’armes, de salpêtre ou magasin de fourrages et autres matières combustibles dans les bâtiments où il y a des bibliothèques, museum, cabinets d’histoire naturelle et autres collections précieuses d’objets de sciences et d’arts.

«Art. 2. Dans le cas où des ateliers ou magasins et des dépôts d’objets de sciences et d’arts se trouveraient réunis dans le même local, ou dans les bâtiments voisins, les administrateurs de district prendront les mesures les plus promptes pour éviter les incendies, et pour déplacer même l’établissement dont la translation sera la plus facile et la moins dispendieuse.

«Art. 3. Les agents nationaux des districts rendront compte, dans un mois, de l’exécution de la présente loi à la Commission d’instruction publique.

«Art. 4. La Commission temporaire des arts est chargée de l’exécution du présent décret à Paris.

«L’insertion du présent décret et du rapport au Bulletin de correspondance tiendra lieu de publication.

«Ce décret est adopté.»

Études critiques sur l'administration des beaux-arts en France de 1860 à 1870

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