Читать книгу LUPIN - Les aventures du gentleman-cambrioleur - Морис Леблан - Страница 106

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Sidi-bel-Abbes. La caserne de la Légion étrangère. Près de la salle des rapports, une petite pièce basse où un adjudant fume et lit son journal.

À côté de lui, près de la fenêtre ouverte sur la cour, deux grands diables de sous-offs jargonnent un français rauque, mêlé d’expressions germaniques.

La porte s’ouvrit. Quelqu’un entra. C’était un homme mince, de taille moyenne, élégamment vêtu.

L’adjudant se leva, de mauvaise humeur contre l’intrus, et grogna :

– Ah ! ça, que fiche donc le planton de garde ? Et vous, monsieur, que voulezvous ?

– Du service.

Cela fut dit nettement, impérieusement.

Les deux sous-offs eurent un rire niais. L’homme les regarda de travers.

– En deux mots, vous voulez vous engager à la Légion ? demanda l’adjudant.

– Oui, je le veux, mais à une condition.

– Des conditions, fichtre ! Et laquelle ?

– C’est de ne pas moisir ici. Il y a une compagnie qui part pour le Maroc. J’en suis.

L’un des sous-offs ricana de nouveau, et on l’entendit qui disait :

– Les Marocains vont passer un fichu quart d’heure. Monsieur s’engage…

– Silence ! cria l’homme, je n’aime pas qu’on se moque de moi.

Le ton était sec et autoritaire.

Le sous-off, un géant, l’air d’une brute, riposta :

– Eh ! Le bleu, faudrait me parler autrement… Sans quoi…

– Sans quoi ?

– On verrait comment je m’appelle…

L’homme s’approcha de lui, le saisit par la taille, le fit basculer sur le rebord de la fenêtre et le jeta dans la cour. Puis il dit à l’autre :

– À ton tour. Va-t’en.

L’autre s’en alla.

L’homme revint aussitôt vers l’adjudant et lui dit :

– Mon lieutenant, je vous prie de prévenir le major que don Luis Perenna, grand d’Espagne et Français de cœur, désire prendre du service dans la Légion étrangère. Allez, mon ami.

L’autre ne bougeait pas, confondu.

– Allez, mon ami, et tout de suite, je n’ai pas de temps à perdre.

L’adjudant se leva, considéra d’un œil ahuri ce stupéfiant personnage, et, le plus docilement du monde, sortit.

Alors, Lupin prit une cigarette, l’alluma et, à haute voix, tout en s’asseyant à la place de l’adjudant, il précisa :

– Puisque la mer n’a pas voulu de moi, ou plutôt puisque, au dernier moment, je n’ai pas voulu de la mer, nous allons voir si les balles des Marocains sont plus compatissantes. Et puis, tout de même, ce sera plus chic… Face à l’ennemi, Lupin, et pour la France !

LUPIN - Les aventures du gentleman-cambrioleur

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