Читать книгу LUPIN - Les aventures du gentleman-cambrioleur - Морис Леблан - Страница 91

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– Un pneumatique pour vous, patron, lui dit Doudeville un soir vers huit heures, en le rejoignant rue Delaizement.

Lupin déchira. Mme Kesselbach le suppliait de venir à son secours. À la tombée du jour, deux hommes avaient stationné sous ses fenêtres et l’un d’eux avait dit : « Veine, on n’y a vu que du feu… Alors, c’est entendu, nous ferons le coup cette nuit » Elle était descendue et avait constaté que le volet de l’office ne fermait plus, ou du moins, qu’on pouvait l’ouvrir de l’extérieur.

– Enfin, dit Lupin, c’est l’ennemi lui-même qui nous offre la bataille. Tant mieux ! J’en ai assez de faire le pied de grue sous les fenêtres de Malreich.

– Est-ce qu’il est là, en ce moment ?

– Non, il m’a encore joué un tour de sa façon dans Paris. J’allais lui en jouer un de la mienne. Mais tout d’abord, écoute-moi bien, Doudeville. Tu vas réunir une dizaine de nos hommes les plus solides… tiens, prends Marco et l’huissier Jérôme. Depuis l’histoire du Palace-Hôtel, je leur avais donné quelques vacances… Qu’ils viennent pour cette fois. Nos hommes rassemblés, mène-les rue des Vignes. Le père Charolais et son fils doivent déjà monter la faction. Tu t’entendras avec eux, et, à onze heures et demie, tu viendras me rejoindre au coin de la rue des Vignes et de la rue Raynouard. De là, nous surveillerons la maison.

Doudeville s’éloigna. Lupin attendit encore une heure jusqu’à ce que la paisible rue Delaizement fût tout à fait déserte, puis, voyant que Léon Massier ne rentrait pas, il se décida et s’approcha du pavillon.

Personne autour de lui… Il prit son élan et bondit sur le rebord de pierre qui soutenait la grille du jardin. Quelques minutes après, il était dans la place.

Son projet consistait à forcer la porte de la maison et à fouiller les chambres, afin de trouver les fameuses lettres de l’Empereur dérobées par Malreich à Veldenz. Mais il pensa qu’une visite à la remise était plus urgente.

Il fut très surpris de voir qu’elle n’était point fermée et de constater ensuite, à la lueur de sa lanterne électrique, qu’elle était absolument vide et qu’aucune porte ne trouait le mur du fond.

Il chercha longtemps, sans plus de succès. Mais dehors, il aperçut une échelle, dressée contre la remise, et qui servait évidemment à monter dans une sorte de soupente pratiquée sous le toit d’ardoises.

De vieilles caisses, des bottes de paille, des châssis de jardinier encombraient cette soupente, ou plutôt semblaient l’encombrer, car il découvrit facilement un passage qui le conduisit au mur.

Là, il se heurta à un châssis, qu’il voulut déplacer.

Ne le pouvant pas, il l’examina de plus près et s’avisa, d’abord qu’il était fixé à la muraille, et, ensuite, qu’un des carreaux manquait.

Il passa le bras : c’était le vide. Il projeta vivement la lueur de la lanterne et regarda : c’était un grand hangar, une remise plus vaste que celle du pavillon et remplie de ferraille et d’objets de toute espèce.

« Nous y sommes, se dit Lupin, cette lucarne est pratiquée dans la remise du Brocanteur, tout en haut, et c’est de là que Louis de Malreich voit, entend et surveille ses complices, sans être vu ni entendu par eux. Je m’explique maintenant qu’ils ne connaissent pas leur chef. »

Renseigné, il éteignit sa lumière, et il se disposait à partir quand une porte s’ouvrit en face de lui et tout en bas. Quelqu’un entra. Une lampe fut allumée. Il reconnut le Brocanteur.

Il résolut alors de rester, puisque aussi bien l’expédition ne pouvait avoir lieu tant que cet homme serait là.

Le Brocanteur avait sorti deux revolvers de sa poche.

Il vérifia leur fonctionnement et changea les balles tout en sifflotant un refrain de café-concert.

Une heure s’écoula de la sorte. Lupin commençait à s’inquiéter, sans se résoudre pourtant à partir.

Des minutes encore passèrent, une demi-heure, une heure…

Enfin, l’homme dit à haute voix :

– Entre.

Un des bandits se glissa dans la remise, et, coup sur coup, il en arriva un troisième, un quatrième…

– Nous sommes au complet, dit le Brocanteur. Dieudonné et le Joufflu nous rejoignent là-bas. Allons, pas de temps à perdre… Vous êtes armés ?

– Jusqu’à la gauche.

– Tant mieux. Ce sera chaud.

– Comment sais-tu ça, le Brocanteur ?

– J’ai vu le chef… Quand je dis que je l’ai vu… Non… Enfin, il m’a parlé…

– Oui, fit un des hommes, dans l’ombre, comme toujours, au coin d’une rue. Ah ! J’aimais mieux les façons d’Altenheim. Au moins, on savait ce qu’on faisait.

– Ne le sais-tu pas ? riposta le Brocanteur… On cambriole le domicile de la Kesselbach.

– Et les deux gardiens ? Les deux bonshommes qu’à postés Lupin ?

– Tant pis pour eux. Nous sommes sept. Ils n’auront qu’à se taire.

– Et la Kesselbach ?

– Le bâillon d’abord, puis la corde, et on l’amène ici… Tiens, sur ce vieux canapé… Là, on attendra les ordres.

– C’est bien payé ?

– Les bijoux de la Kesselbach, d’abord.

– Oui, si ça réussit, mais je parle du certain.

– Trois billets de cent francs, d’avance, pour chacun de nous. Le double après.

– Tu as l’argent ?

– Oui.

– À la bonne heure. On peut dire ce qu’on voudra, n’empêche que, pour ce qui est du paiement, il n’y en a pas deux comme ce type-là. Et, d’une voix si basse que Lupin la perçut à peine :

– Dis donc, le Brocanteur, si on est forcé de jouer du couteau, il y a une prime ?

– Toujours la même. Deux mille.

– Si c’est Lupin ?

– Trois mille.

– Ah ! Si nous pouvions l’avoir, celui-là.

Les uns après les autres ils quittèrent la remise.

Lupin entendit encore ces mots du Brocanteur :

– Voilà le plan d’attaque. On se sépare en trois groupes. Un coup de sifflet, et chacun va de l’avant…

En hâte Lupin sortit de sa cachette, descendit l’échelle, contourna le pavillon sans y entrer, et repassa pardessus la grille.

– Le Brocanteur a raison, ça va chauffer… Ah ! C’est à ma peau qu’ils en veulent ! Une prime pour Lupin ! Les canailles ! Il franchit l’octroi et sauta dans un taxi-auto.

– Rue Raynouard.

Il se fit arrêter à trois cents pas de la rue des Vignes et marcha jusqu’à l’angle des deux rues.

À sa grande stupeur, Doudeville n’était pas là.

« Bizarre, se dit Lupin, il est plus de minuit pourtant… Ça me semble louche, cette affaire-là. »

Il patienta dix minutes, vingt minutes. À minuit et demi, personne. Un retard devenait dangereux. Après tout, si Doudeville et ses amis n’avaient pu venir, Charolais, son fils, et lui, Lupin, suffiraient à repousser l’attaque, sans compter l’aide des domestiques.

Il avança donc. Mais deux hommes lui apparurent qui cherchaient à se dissimuler dans l’ombre d’un renfoncement.

« Bigre, se dit-il, c’est l’avant-garde de la bande, Dieudonné et le Joufflu. Je me suis laissé bêtement distancer. »

Là, il perdit encore du temps. Marcherait-il droit sur eux pour les mettre hors de combat et pour pénétrer ensuite dans la maison par la fenêtre de l’office, qu’il savait libre ? C’était le parti le plus prudent, qui lui permettait en outre d’emmener immédiatement Mme Kesselbach et de la mettre hors de cause.

Oui, mais c’était aussi l’échec de son plan, et c’était manquer cette unique occasion de prendre au piège la bande entière, et, sans aucun doute aussi, Louis de Malreich.

Soudain un coup de sifflet vibra quelque part, de l’autre côté de la maison.

étaient-ce les autres, déjà ? Et une contre-attaque allait-elle se produire par le jardin ?

Mais, au signal donné, les deux hommes avaient enjambé la fenêtre. Ils disparurent.

Lupin bondit, escalada le balcon et sauta dans l’office. Au bruit des pas, il jugea que les assaillants étaient passés dans le jardin, et ce bruit était si net qu’il fut tranquille. Charolais et son fils ne pouvaient pas ne pas avoir entendu.

Il monta donc. La chambre de Mme Kesselbach se trouvait sur le palier. Vivement il entra.

À la clarté d’une veilleuse, il aperçut Dolorès, sur un divan, évanouie. Il se précipita sur elle, la souleva, et, d’une voix impérieuse, l’obligeant de répondre :

– écoutez… Charolais ? Son fils ?… Où sont-ils ?

Elle balbutia :

– Comment ?… mais… partis…

– Quoi ! Partis !

– Vous m’avez écrit il y a une heure, un message téléphonique… Il ramassa près d’elle un papier bleu et lut :

Renvoyez immédiatement les deux gardiens… et tous mes hommes… je les attends au Grand-Hôtel. Soyez sans crainte.

– Tonnerre ! Et vous avez cru ! Mais vos domestiques ?

– Partis.

Il s’approcha de la fenêtre. Dehors, trois hommes venaient de l’extrémité du jardin.

Par la fenêtre de la chambre voisine, qui donnait sur la rue, il en vit deux autres, dehors.

Et il songea à Dieudonné, au Joufflu, à Louis de Malreich surtout, qui devait rôder invisible et formidable.

– Bigre, murmura-t-il, je commence à croire que je suis fichu.

LUPIN - Les aventures du gentleman-cambrioleur

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