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Pièce numéro 3

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(Anonyme, écriture différente du n°1, mais également contrefaite.)

À M. L. Thibaut.

30 septembre 1864.

Mon cher Lucien,

Vous avez encore des amis, bien que vous viviez comme un loup. Mais vous savez, les loups ont beau se cacher au fond du bois, on les relance. Je viens vous relancer pour vous dire ce que vous paraissez ne pas savoir: les courtes folies sont les meilleures.

On ne vous demande rien pour cet adage ni pour cette conséquence qui en découle: la pire de toutes les folies est le mariage, parce que c'est celle qui dure le plus longtemps.

Tant que vous n'avez pas sauté le fossé, mon pauvre garçon, il y a de la ressource, et on peut, on doit essayer de vous arrêter, fût-ce par le collet. Un bon médecin ne s'occupe pas de savoir si le remède est agréable à prendre ou non.

Vous êtes entre les pattes de deux aventurières, on vous le dit tout net. Le proverbe chante: qui se ressemble s'assemble. Le papa et la maman de votre donzelle se ressemblaient, ils s'assemblèrent.

On parlait déjà dans ce temps-là, et même bien plus qu'à présent, de la tontine des cinq fournisseurs. Les millions volés à l'État avaient fait des petits, et la fortune du Dernier Vivant était évaluée à des sommes folles. Ce coquin idiot, le baron Péry, vint se brûler à la chandelle: il épousa sa femme parce qu'il la croyait héritière de je ne sais plus quelle portion du gâteau. La dame de son côté, croyait le baron propriétaire de châteaux, de moulins, de futaies, etc.

C'est une vieille histoire, mais qui est toujours amusante.

La dame n'avait rien qu'un assez gentil mobilier, conquis sur divers, et quant au baron, il avait beaucoup de dettes. Qu'arriva-t-il? Reproches de s'être mutuellement trompés, scandale, séparation et le reste. Vous connaissez tout cela mieux que moi, puisque vous avez été l'homme d'affaires du vieux drôle.

Ce que vous ignorez peut-être, c'est que d'une pierre vous recevez déjà deux coups, sans compter les autres, qui ne peuvent manquer de venir.

On vous accuse déjà d'avoir eu vent du fantastique héritage, et de faire une affaire d'argent, détestable, il est vrai, mais très honteuse aussi.

On vous accuse, en outre, de fermer volontairement les yeux sur le passé de la petite personne. Elle chasse de race, vous le savez puisque tout le monde le sait.

C'est comme la loi que nul n'est censé ignorer quand elle a été dûment affichée.

Vous arrivez après beaucoup d'autres, vous êtes censé le savoir.

Si par impossible vous ne le saviez vraiment pas, écrivez donc un mot à ce fou de Rochecotte. Sa réponse vous fixera, et je me déclarerai bien heureux si mon avertissement désintéressé peut vous empêcher de faire une pareille culbute.

Croyez-moi, écrivez à Rochecotte.

Le dernier vivant

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