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CHAPITRE VII.

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Table des matières

Chapitres et Canonicats,

Thouars avait autrefois trois chapitres: celui de St.-Pierre-du-Chàtelet, celui de St.-Laon, et celui de Notre-Dame-du-Château.

St.-Pierre-du- Châtelet.

Les chanoines de St.-Pierre étaient les plus anciens ecclésiastiques de Thouars. Il est certain que leur doyen était autrefois curé de la paroisse de St.-André. D’après une déclaration que ce chapitre rendit au roi en 1547, il paraît que sa fondation remontait jusqu’au septième siècle. Ses titres et chartres ayant été brûlés avec la ville, lors de la conquête de Pépin, il n’a jamais pu justifier de son origine. Les chanoines prétendaient être de fondation royale; cette prétention n’était guère appuyée que sur l’écusson royal qui se trouvait placé au frontispice de leur chœur; d’autres croyaient, avec plus de vraisemblance, que les chanoines s’étaient fondés eux-mêmes on citait à cette occasion une chartre de 1098, signée de Pierre II, évoque de Poitiers, par laquelle ce prélat reconnaissait que les vrais fondateurs de ce chapitre, inceptores et authores, étaient les sieurs Gosbert, doyen; Aimeri, Aymard, etc., chanoines.

D’un autre côté, les seigneurs de Thouars ont prétendu au titre de fondateurs de ce chapitre. Il est certain que Geoffroy, vicomte de Thouars, l’a comblé de biens; mais la chartre qui fait mention de ces bienfaits, paraît favorable aux prétentions de ceux qui croient que les chanoines se sont fondés eux-mêmes; car, loin de prétendre au titre de fondateur, le vicomte avoue que ses prédécesseurs n’ont fait du bien au chapitre qu’après sa fondation.

Ces diverses prétentions avaient occasionné un très-long procès entre les seigneurs et le chapitre. Ce dernier, après vingt-deux ans de contestations, lassé de lutter contre des forces inégales, finit, en 1740, par reconnaître, par une transaction, le duc de Thouars pour son fondateur.

Ce chapitre est composé d’un doyen qui avait autrefois de grands privilèges . Il était regardé comme le premier baron des vicomtes; son sceau donnait de l’authenticité aux actes, comme celui de tous les grands seigneurs de ce temps-là ; il tenait une cour de justice et nommait les notaireso Depuis quatre cents ans, les doyens avaient, on ne sait trop comment, perdu ces prérogatives; il ne leur restait que le titre de doyen de Thouars et d’archi-prêtre, et la nomination aux cures de St.-Macaire et de Genneton, sans compter celles qui vaquaient dans leur semaine canoniale. Leur revenu ne s’élevait point, dans les derniers temps, au-delà de 1100 liv.; mais presque tous les doyens jouissaient de quelques bénéfices simples qui servaient à augmenter leur traitement.

Outre le doyen, seul dignitaire du chapitre, on comptait dix chanoines dont les revenus ne s’élevaient pas au-delà de 800 liv.; quatre hebdomadiersdont les bénéfices valaient 250 liv., quatre chapelains dont le traitement n’excédait pas 180 liv., et un maître de psallette chargé d’instruire les enfans de choeur, qui recevait annuellement 700 liv.

Les chanoines seuls nommaient à plus de quarante cures ou bénéfices situés dans différens diocèses.

Ce chapitre a été souvent en butte aux traits de la fortune. Dans le huitième siècle, l’église et les maisons canoniales furent rasées par Pépin. Ils essuyèrent le même désastre en 1561. Ils furent en outre chassés de Thouars par les calvinistes, et obligés de se travestir pour se sauver. Leur chartrier fut brûlé avec leur église; les cendres des chanoines morts et enterrés dans le chœur furent profanées et jetées au vent, ainsi que les reliques des saints qu’ils conservaient, et entr’autres le corps entier de St.-Hermès. Les chanoines, dans ce temps de trouble, se retirèrent les uns à Mortagne, les autres à Mon treuil-Bellay.

Ils ne rentrèrent à Thouars qu’en 1602. Ils furent réduits à faire leur office dans une petite chapelle située-rue St.-Vincent, jusqu’en 1686, époque où le roi leur fit présent du temple des protestans. Cet édifice, qui subsiste encore et qui sert aujourd’hui à faire un magasin de bois, est un bâtiment octogone, très-bien éclairé, mais non voûté. Il a été vendu, en 1791, ainsi que les autres biens des chanoines.

Je donnerai ici l’état du chapitre, tel qu’il subsistait au moment de sa destruction.

Doyen, M. Jean- Kincent Demége.

Chanoines, MM. Raymond; André Nauleau; Pierre Nauleau; André Demége; Devaux; Orré ; Chassereau; de la Missardière; de Coumes; d’Houdan.

Il ne reste plus aujourd’hui de ce chapitre qu’un seul chanoine, M. Orré.

Les autres sont morts en exil, deux ont été massacrés dans une émeute populaire. Leur doyen, d’une ancienne famille noble du comtat Venaissin alliée à la maison Capranica, est mort en 1793, à la suite de l’armée Vendéenne, regretté de tous les gens de bien, pour toutes les vertus qui peuvent rendre un prêtre estimable.

Chapitre de St.-Laon.

Le fondateur de ce chapitre est Achard-de-la-Roscie. Au commencement du onzième siècle, il fit transférer d’une maison de campagne qu’il avait au bourg de Cursais le corps de St.-Laon, qu’il plaça à Thouars dans une chapelle qui était sous l’invocation de Notre-Dame. L’affluence des pélerins rendit bientôt cet édifice trop petit. On éleva, sur ses ruines, l’église qui porte aujourd’hui le nom de St.-Laon. Quelques savans, entr’autres Baillet, prétendent que ce saint est le même que St.-Lau, évêque de Coutances; ce qui a besoin d’être mieux prouvé et n’est pas vraisemblable. Comment le corps de St.-Lau aurait-il été déposé à Cursais?

Le clocher de cette église était autrefois bien plus élevé qu’il ne l’est aujourd’hui; l’église elle-même avait plus d’élévation, ce que l’on aperçoit d’abord par la seule inspection des pignons qui s’élèvent au-dessus des couvertures. L’ancien clocher était placé sur une des voûtes de l’église; sa hauteur était de quarante-quatre mètres, et faisait l’admiration des voyageurs. Un ouragan survenu, le 10 décembre 1711, au moment que les chanoines faisaient l’office, rasa entièrement la flèche et la partie supérieure du clocher; cette masse en tombant creva une des voûtes du chœur, ébranla celles qui résistèrent au choc, et transporta une croix de fer de six mètres de hauteur, et du poids de deux quintaux métriques, au milieu du cimetière alors adjacent à l’église, et situé au même endroit, où par les soins de l’ancien maire de Thouars, M. Richou, se trouve une charmante promenade plantée en tilleuls.

Le fondateur Achard établit et dota d’abord quatre chanoines, pour desservir la nouvelle église. Ce nombre fut bientôt augmenté et porté jusqu’à douze, par Chanvalon, fils d’Achard. Les donations se multiplièrent; la piété des fidèles enrichit les nouveaux chanoines, et cet établissement prit une forme régulière.

Au commencement du douzième siècle, les moines bénédictins de St.-Florent prirent ombrage du nouveau chapitre dont les chanoines portaient l’habit et pratiquaient la règle de St-Augustin. Ils prétendirent avoir eu un ancien droit sur la chapelle de Notre-Dame, et soutinrent que la desserte de l’église et du chapitre leur appartenait. Ils gagnèrent d’abord leur procès, mais les chanoines eurent recours à la protection du pape Calixte, du vicomte Aimeri, et du chapitre de la cathédrale de Poitiers, et ils vinrent à bout de se maintenir à leur poste.

Dans le principe, ces chanoines vivaient en commun; mais bientôt la cohabitation leur parut pénible, ils s’en affranchirent, et, divisant entre eux le revenu, ils vécurent en séculiers. Cet état de choses a duré plus de 520 ans.

En 1440, Nicolas Gadart était abbé de St.-Laon. Il fit connaissance de Marguerite d’Ecosse, femme de Louis XI, alors dauphin. Ce prince était venu du Bonrbonnois où il s’était retiré pour éviter la colère de son père, à Thouars, qu’il se flattait de réunir un jour à son domaine.

En visitant l’église de St.-Laon, la dauphine conçut le projet d’y faire ajouter une vaste chapelle, où elle voulait que son corps fût déposé après sa mort.

L’état de sa fortune et celle de son mari qui avait vécu quelque temps en exil, et qui ne venait que de rentrer en grace, ne lui permettaient guères une pareille dépense; néanmoins la princesse voulut que l’on mît de suite la main à l’œuvre. Elle chargea l’abbé Gadart de faire tous les frais de l’entreprise, en lui mettant en dépôt son livre de prières richement décoré, et en l’assurant qu’elle ne tarderait pas à retirer ce gage et à lui rembourser toutes ses avances.

Sur la parole de la dauphine, Gadart fit bâtir la chapelle que l’on voit aujourd’hui. Elle est située à l’orient de l’église, et est adjacente au chœur; sa voûte est assez belle, et sa construction paraît digne de la princesse qui l’avait ordonnée.

Cet édifice était à peine fini, que la dauphine mourut d’une pleurésie à Chalons-sur-Marne; elle fut enterrée dans la cathédrale de cette ville en 1445, quoique par son testament elle eût désigné l’église de St.-Laon de Thouars pour le le lieu de sa sépulture. La calomnie n’épargna pas cette princesse, qui réunissait, en sa personne, la délicatesse et la justesse de l’esprit, la noblesse du sentiment, la bonté du cœur et la douceur du caractère. Les graces de sa figure donnaient un nouvel éclat à ses vertus. Protectrice déclarée des arts, elle ne cessa de les encourager. On connaît le baiser qu’elle donna à Alain Chartier. Un nommé Jamets-du-Tillay l’accusa d’avoir écouté avec trop de complaisance un sire de Mainville. Cette noire calomnie empoisonna les derniers momens de cette princesse. Un médecin, voulant lui rendre l’espérance, assurait que sa maladie n’était pas mortelle. — Ah! fi de la vie, s’écria-t-elle, qu’on ne m’en parle plus!

Gadart demanda long-temps, sans succès, les six cents écus d’or qu’il avait déboursés sur la foi de la dauphine; enfin, en 1459, Charles VII lui fit payer cette somme et retira les heures de la princesse.

Cette première négociation terminée, l’abbé de St.-Laon demanda que le corps de la dauphine fût transféré de Châlons à Thouars. Il n’obtint sa juste requête qu’en 1479. Il partit de Thouars, le 19 octobre, accompagné de ses chanoines et de vingt gentilshommes. Arrivé à Châlons, on lui fit d’abord quelques difficultés que l’évêque fit lever par son autorité. Le corps fut mis sur un corbillard revêtu de drap d’or, tiré par six chevaux couverts de velours noir; le convoi arriva à St.-Laon, le 13 novembre de la même année. Après un service solennel, où l’abbé officia pontificalement, et qui fut répété trente jours de suite, le cercueil de plomb, qui contenait les cendres de la dauphine, fut déposé dans un caveau creusé pour cela dans la chapelle qu’elle avait fait construire. Ce même cercueil a été mis en pièces par les profanateurs de 1793, et les cendres de la princesse ont été jetées au vent, avec celles des vicomtes et des ducs de Thouars.

Gadart mourut trois mois après cette translation, qu’il avait sollicitée pendant trente-quatre ans. Il est enterré dans le sanctuaire, près du principal autel, sous une petite arcade placée sur la gauche. Il a été le dernier abbé régulier de St.-Laon.

Ce chapitre a eu beaucoup à souffrir des troubles et des guerres civiles qu’excitèrent les calvinistes dans le seizième siècle. Il a perdu une partie de ses titres et de ses biens.

En 1653, il s’y fit une grande réforme. Abraham Ribier, abbé, fit réunir en une manse tous les bénéfices claustraux; il eut assez d’adresse pour y faire joindre plusieurs prieurés et bénéfices simples, sous le prétexte des pertes qu’avait fait le chapitre . Par ses soins, l’église fut réparée, embellie et voûtée dans les endroits où elle ne l’était pas encore. Il eut assez d’autorité pour faire enlever, du chœur, le tombeau de Louis d’Amboise, vicomte de Thouars, où il était devenu un masque plutôt qu’un ornement. En 1655, les chanoines réguliers de la congrégation de France, appelés vulgairement Génovenfins, prirent à St.-Laon la place des anciens chanoines de l’ordre de St.-Augustin. Cette maison était composée, en 1790:

1.° D’un prieur-curé, M. Abel Goirand.

2.° Cinq chanoines, MM. Loret; Cordier; Lefèvre; Varnier; Senilles .

Deux de ces chanoines remplissaient les fonctions de vicaires.

Le prieur, après avoir été long-temps exilé en Espagne, est revenu à Thouars, il y est mort en 1812, revêtu du titre et des fonctions de curé, archi-prêtre de St. Médard. Un seul des chanoines a survécu à la révolution.

La maison qu’ils occupaient est encore la plus belle et la plus régulière de toutes celles de la ville. Elle a été construite en 1702; depuis six ans on y a placé le collége.

Le revenu de St.-Laon ne s’élevait pas au-delà de 5000 liv.; celui de l’abbé commendataire était de 3500 liv. La paroisse de St.-Laon est aujourd’hui une succursale de celle de Saint-Médard.

Chapitre de Notre-Dame-du-Château.

Le chapitre de Notre-Dame-du-Château fut fondé, en 1500, par Gabrielle de Bourbon, femme de Louis II, duc de la Trimouille. Elle eut quelques obstacles à vaincre de la part du prieur de St.-Nicolas. Ce dernier se rendit enfin, à condition qu’il conserverait le droit de prendre la seconde place au chœur, après le trésorier, avec celui de réciter à matines la dernière leçon, et de dire la messe de minuit le jour de Noël. C’était à ces misérables prérogatives que tenait alors la petite vanité de nos devanciers.

Gabrielle fit bâtir, en 1503, l’église du Château, telle qu’elle existe aujourd’hui; j’en ai déjà donné la description. Il est inutile de me répéter.

Quand l’édifice fut bâti, la duchesse obtint du pape Léon X, une bulle sous la date du 18 janvier 1515, par laquelle cette église fut érigée en collégiale et en corps de chapitre, à l’instar de celle de St.-Martin de Tours et de la sainte chapelle de Paris. Le pape, dans cette bulle, donne au trésorier et au chapitre le droit de préséance dans toutes les assemblées publiques; il n’ont jamais joui de ces priviléges, parce qu’ils n’ont pu justifier de l’enregistrement et de la vérification de ce titre.

Le chapitre n’était composé, dans le principe, que de quatre chanoines, outre le trésorier et trois hebdomadiers; mais, quelques années après, Gabrielle y ajouta trois autres chanoines et quelques chapelains.

Avant la révolution, on voyait dans cette église, trois mausolées en marbre noir avec des figures en relief en marbre blanc. Le premier était celui de Gabrielle et du duc de la Trimouille, son mari; le second du jeune prince de Talmont et de Louise de Coëtivi sa femme; le troisième du cardinal de la Trimouille.

Les revenus de ce chapitre étaient très-médiocres.

Le Trésorier ( revenu 1000 liv. ), (1791), M. de la Haye.

Chanoines ( revenu 380 liv. ), MM. de la Sorinière; de la Chassée; Marillet; Dallais; Brion; Pommier; Villeneau.

Il est vrai que tous les chanoines joignaient, à leurs canonicats, des bénéfices simples que les ducs de Thouars leur conféraient. L’un d’eux prenait la qualité de chantre, mais cette prétention ne paraît jamais avoir été fondée en titre.

Les trois chapitres de Thouars ont souvent eu des procès pour la préséance; enfin par un concordat passé en 1536, il fut convenu 1.° que l’abbé de St.-Laon et le doyen de Thouars fermeraient les rangs dans les processions publiques, l’abbé à droite, et le doyen à gauche; 2.° que chaque chapitre aurait la préséance à son tour; 3.° qu’ils s’asembleraient et feraient l’office dans l’église de St.-Médard.

Depuis 1791, l’église du château est abandonnée; chaque jour ajoute à la dégradation de ce beau monument. Les mausolées ont été brisés en 1793, au même moment que les tombeaux furent profanés. Elle a été bâtie dans la forme de la sainte chapelle de Paris, mais elle a plus de largeur. Le style de son architecture est gothique, ses proportions sont parfaites, et toute délabrée qu’elle est, elle fait encore l’admiration des connaisseurs. Le marteau du temps va, dans quelques années, consommer la ruine de ce bel édifice que la hache du vandalisme avait épargné : on ne fait plus de mal en France, mais on ne peut pas encore réparer celui qu’on a fait.

Histoire de la ville de Thouars, depuis l'an 759 jusqu'en 1815

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