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CHAPITRE II.

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Table des matières

Accroissemens successifs de la ville de Thouars; anciennes Fortifications; son 1.er Vicomte.

La ville de Thouars, dans le principe, n’avait de maisons que le long des bords du Thoué qui l’arrose. Ses édifices formaient alors deux arcs parfaits; c’est ce qui a fait croire à quelques hommes instruits que le vrai nom de cette ville est Tuedae arcus, arcs formés par le Thoué. Elle consistait alors en deux rues situées dans la basse ville qui se prolongeaient le long du rocher sur lequel a été depuis élevé le château, et s’unissaient à deux autres rues qui occupaient le quartier Saint-André et le Châtelet, situés sur les terrasses du même château: le reste de la colline, jusqu’au moulin du Vicomte, était garni de maisons. Les murs de ville étaient alors bâtis à mi-côte. Il est à croire qu’ils étaient fortifiés par des fossés profonds, et par tous les moyens que l’art et la nature du terrain pouvaient alors fournir.

Un château très-fort, placé à l’orient de Thouars, près de l’ancien couvent des Cordeliers, commandait à la rivière et à toute la ville, L’emplacement ou se trouve à présent l’ancien presbytère de Saint-Médard, faisait partie de celui qu’occupait ce château.

Ce presbytère est habité aujourd’hui par le sieur Robin, instituteur. En 1740, on voyait encore des vestiges de ce château. Dans le dernier siècle, le duc de Thouars fit présent au roi de France d’une coulevrine d’une grosseur prodigieuse, qui s’y trouvait au milieu des ruines.

Il y avait en outre un fort bâti près du moulin du Vicomte, qui défendait la partie occidentale de la ville et le trajet de la rivière en cette partie. On en voyait, il y a quatre-vingts ans, les fondemens placés au bord de l’eau.

Deux ponts joignaient alors la ville aux bourgs de Saint-Jeau-de-Bonneval et de Saint-Jacques-de-Montauban. On voit aujourd’hui des vestiges du premier; en 1740 on en voyait du second; il est à croire que ces bourgs faisaient, il y a quinze cents ans, partie de la cité.

Thouars n’avait, au septième siècle, que deux églises, la paroisse de Saint-André, et le Châtelet ou ancien chapitre de Saint-Pierre; elles étaient situées dans les quartiers de ce nom dont nous avons parlé.

Tel était l’état de la ville Thouars, lorsque Pépin la prit et la rasa en 762. Cette place n’était pas alors très-considérable, puisque Eginard, auteur contemporain, l’appelle, dans ses Annales, Castellum Thoarcis. Il est à croire qu’elle avait été précédemment ruinée, lors de la conquête des Francs, ou peut-être lors de l’invasion des Sarrasins. Elle était déjà déchue de la splendeur qu’elle avait eue sous le nom de Childoac. On peut dire qu’au huitième siècle, elle avait plus de réputation que de force réelle, et que Pépin, en venant directemeut de Bourges pour l’assiéger. lui fit beaucoup trop d’honneur. Quoiqu’il en soit, elle ne tarda pas à sortir de ses ruines et à se dédommager avantageusement de ses pertes.

Charles-le-Chauve avait conquis ou pacifié l’Aquitaine, par le secours d’un célèbre capitaine nommé Eble, issu d’un parent de Charlemagne, appelé Ranulphe, à qui ce prince avait confié le gouvernement de cette province. Il ne crut pouvoir mieux signaler sa reconnaissance qu’en lui donnant la qualité de duc de ce pays . Cette charge n’était encore qu’un bénéfice révocable à la volonté du prince. Les troubles qui suivirent la mort de Charles-le-Chauve, les ravages continuels des Normands, l’arnarchie qui fut la suite de ces invasions, tout contribua à rendre, bientôt après, ces grands bénéfices héréditaires. On chercherait peut-être vainement ailleurs la véritable origine du gouvernement féodal.

Eble eut, d’Adèle de Saxe, son épouse, trois enfans: Eble qui fut, après son père, duc d’Aquitaine, Arnoul qui n’eut en partage que la châtellenie de Thouars, et Thiètberge qui épousa, suivant certains auteurs, Lothaire roi de Lorraine ou d’Austrasie. D’autres écrivains ont cru que cette reine était fille du duc Boson.

Arnoul vint à Thouars; il sut augmenter son héritage par les moyens, que nous détaillerons ailleurs. Il reste encore, de ce même Arnoul, des descendans par les femmes. Il n’est pas, dans toute l’Europe, trois maisons qui puissent offrir une noblesse plus ancienne, et une généalogie moins suspecte de flatterie, d’erreurs ou de falsifications officieuses.

Ce fut en 885 qu’Arnoul s’établit à Thouars. Son premier soin fut d’agrandir et de fortifier sa ville. Il y trouva la meilleure partie des édifices que Pépin avait ruinés presque entièrement réparée. Néanmoins la plupart des coteaux qui font face aux deux bourgs dont nous avons parlée avaient été négligés; les habitans, dégoûtés d’une situation incommode, avaient bâti la plupart de leurs maisons à l’ouest, au-dessus du pré du Vicomte, dans le terrain qui est compris entre les écuries actuelles du château et le couvent des Ursulines. Le reste de l’emplacement qu’occupent aujourd’hui St.-Médard, la Grand’rue, les Jacobins, l’ancien Collége, continuait d’être cultivé en jardins et en terres labourables.

Cet état de choses dura jusqu’à la fin du dixième siècle, où l’on transféra le corps de Saint-Laon, de Cursay à Thouars, dans une chapelle construite par le vicomte qui régnait alors, sur la même place où a été depuis bâtie l’église paroissiale de ce nom.

Un grand nombre de malades venait de toutes parts pour invoquer le saint, et recourir à son intercession pour la guérison de la folie ou débilité du cerveau. On voit encore dans l’église de Saint-Laon la chapelle des Fous. La rue de Jérusalem et celles adjacentes furent alors bâties pour mettre à couvert l’affluence des pélerins.

Bientôt après, la puissance des vicomtes recevant chaque jour de nouveaux accroissemens, leur ville prit une nouvelle face et une plus grande étendue. La plupart des vassaux, et ces vassaux étaient eux-mêmes de grands seigneurs, bâtirent des hôtels où ils venaient passer un tiers de l’année: une foule d’artisans s’établit à côté de ces seigneurs, et la ville devint méconnaissable.

Au douzième siècle, les rois d’Angleterre, dont les vicomtes de Thouars étaient les vassaux, y bâtirent un palais et deux tours, l’une appelée tour au Prévôt, pour le logement de leurs gardes et la sûreté de leurs personnes; l’autre nommée tour du prince de Galles (aujourd’hui tour Grenetière), pour être occupée par leurs enfans et les principaux officiers de leur maison . Ces tours subsistent encore aujourd’hui dans un état de dégradation. La tour au Prévôt, plus dégradée que l’autre, est, dans sa partie supérieure, prête à tomber. La ville en reclame la propriété que les anciens seigneurs lui contestent. On prétend que ces derniers veulent la faire démolir et en faire vendre les matériaux. S’ils réussissent dans ce projet, Thouars perdra, dans cette tour, que l’on voit de sept lieues de distance, un de ses plus beaux ornemens et un de ses principaux moyens de défense. La plus grande partie du palais des rois d’Angleterre est démolie, il n’en reste que le tiers de la façade. On a nommé ce palais l’hôtel du Président, depuis que Louis XI l’a donné au sieur Tinteau, président au parlement de Bordeaux. En 1793, on força madame de Bourniseaux, qui l’occupe aujourd’ hui, de faire effacer les armoiries des rois d’Angleterre, dont il reste encore quelques vestiges.

Dans le même siècle, on commença à construire les remparts de la ville, qui ne furent achevés que sous le règne de Jean-le-Bon. Thouars, dès ce moment, n’a plus reçu d’accroissement on se borna à couvrir d’édifices les nombreux jardins, et les terres labourables que renfermait sa partie septentrionale. La figure de cette ville est celle d’une ellipse dont les deux extrémités sont, au nord, la porte de Paris, et, au midi, le château. Les deux autres points cardinaux sont à l’est, le couvent des Cordeliers, et, à l’ouest, celui des Ursulines, ( aujourd’hui l’Hôtel-de-Ville). Du nord au midi, la ville a cinq cent dix mètres d’étendue; de l’orient à l’occident, elle en a quatre cent cinquante. Sa circonférence, prise hors des murailles, est de douze cents pas géométriques. Je parlerai ailleurs des changemens qu’elle a éprouvés dans sa population, et des causes de la décadence où elle est tombée.

La plupart des rues de Thouars sont obliques, étroites et tortueuses. Ses maisons, presque toutes construites en bois, offrent un aspect désagréable; la propreté et les décorations des hôtels ne paraissent guères à l’extérieur; quelques-uns sont très-habitables; il y en a de meublés avec une sorte de somptuosité.

Histoire de la ville de Thouars, depuis l'an 759 jusqu'en 1815

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